Trump, l’Empire et les Tarifs : ce que nos élus n’ont pas compris

Les technocrates s’agitent : ils croient à une guerre commerciale, ils dénoncent une injustice. Ils n’ont rien compris. Ce que Trump met en place, ce n’est pas du protectionnisme : c’est une fiscalité impériale. Une mue historique. Une mutation de l’Empire. “Puisque tout recommence toujours…” Empire.

Quand un milliardaire, élu par deux fois contre tout l’establishment de son pays, prend des décisions fiscales planétaires, le minimum serait d’essayer de comprendre ce qu’il fait. Mais en France, nos élus républicains (de l’Outre-mer ou d’ailleurs) n’ont apparemment ni l’intelligence de l’histoire, ni le sens du réel. Alors ils gesticulent. Ils parlent de “cumul d’incohérences, d’absurdité et d’incompétence” (dixit Manuel Valls), ils y voient une “brutalité” (Macron), ils se roulent par terre, parce que l’Union Européenne et l’Outre-mer sont visés par les nouveaux droits de douane américains. Ils ne voient pas que ce ne sont pas des droits de douane. C’est un impôt.

Un impôt mondial. Un impôt de puissance. Un impôt de suzerain.

Un nouvel impôt impérial

Philippe Fabry, dans Hail Caesars !, l’explique mieux que quiconque : ce que Donald Trump met en place, ce n’est pas une barrière commerciale, c’est une architecture fiscale. Le Président américain veut créer un External Revenue Service, miroir extraterritorial de l’IRS (l’impôt sur le Revenu), pour prélever, au-delà des frontières, une forme de contribution proportionnée à l’activité économique que les pays entretiennent avec les USA. Cela revient à dire : « Vous vivez de notre marché ? Vous nous devez quelque chose. »

C’est une logique de tribut. De même que Rome exigeait un paiement annuel aux provinces de son empire, les USA, entrés dans leur phase absolutiste et impériale, exigent une part de ce que les autres gagnent grâce à eux. La France républicaine ne comprend pas cela. Parce qu’elle n’a plus de mémoire. Mais un homme de l’Antiquité, comme Lucius Aemilius Paullus, lui, comprendrait : il a suspendu le tributum romain – l’impôt sur le revenu de l’époque – grâce à sa victoire écrasante sur la riche Macédoine, en 167 après JC. Tant qu’il y a un équilibre, il n’y a pas d’impôt. Mais si l’Empire perd, il paie.

L’Empire américain entre dans son XVII^ème siècle

Trump, loin d’affaiblir l’empire, le structure. Il devient Colbert : l’homme qui, au XVII^ème siècle, a inventé une fiscalité nationale en asséchant les privilèges, en uniformisant les taxes, et en lançant une guerre commerciale contre l’Angleterre et les Provinces-Unies. Il passe du libre-échange à l’ordre fiscal. Comme la France en 1664-67, Trump décide que l’accès au marché américain a un prix. Ce prix est négociable, peut-être forfaitaire (on imagine un abonnement annuel à 40 milliards pour l’UE), mais il existe.

• C’est le passage de la diplomatie à la fiscalité.
• C’est le passage du consentement à la contribution.
• C’est le passage de la république à l’empire.

Polybe, le grand historien grec, avait déjà théorisé ce basculement. « Toute république devient un jour empire ». C’est une nécessité cyclique dans l’évolution des nations. Et l’Empire américain, qui jusque-là se cachait sous le masque du droit et du dollar, sort de sa chrysalide. Il prélève. Il exige. Il organise. Avant la fin du siècle, il aura un Empereur à sa tête.

L’illusion française

En face ? Des crétins et des incultes. Valls, Von der Leyen, Macron, les eurocrates, les technos — tout ce petit monde hors-sol, prisonnier de ses propres normes, persuadé que l’histoire se pliera à ses règlements. Ils ne comprennent que les règles qu’ils ont écrites eux-mêmes, et qui sont celles d’une époque déjà morte. Ils ne savent plus ce que c’est que le pouvoir, ni comment on le prend, ni pourquoi on le garde. Ils ne savent plus ce que c’est que la victoire. Ils s’imaginent que Trump va se coucher parce qu’ils le traitent d’incompétent. Ils oublient qu’il a battu deux fois l’élite la plus puissante de la planète. Ils oublient qu’il ne saura jamais qui est Valls.

Mais nous, en Nouvelle-Calédonie, nous n’avons pas le droit d’être stupides. Il y a quatre-vingt-cinq ans, nous avons vu deux millions de GI’s débarquer sur nos îles. Nous savons tous pourquoi nous étions dans le camp des vainqueurs. Et nous savons que tout recommence toujours. Il y aura une Troisième Guerre mondiale. Et il y aura des vainqueurs.

Notre seule politique doit être de nous assurer que nous serons dans leur camp. Et ce pour une seule raison : parce que les vainqueurs seuls jouissent des fruits de la paix.

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Un Empire naît sous nos yeux. Mais les dirigeants Français et Européens regardent ailleurs. Nous, ici, en Nouvelle-Calédonie, sur ce petit archipel du Pacifique sud, nous regardons l’Histoire. Et l’Histoire regarde toujours les vainqueurs. Nous n’écrivons pas ces lignes pour informer ou pour vous divertir.

Nous écrivons ces lignes pour vous préparer.