De Greslan se lâche dans le Chien Bleu !

Dans une interview sans concession parue dans le Chien Bleu de Novembre, Frédéric De Greslan explique les raisons de sa démission de son poste d’élu du congrès et distribue les mandales. En liberté ?

Il est rare qu’un élu démissionne de ses mandats et il est encore plus rare qu’il le fasse de son plein gré en renonçant ainsi à toutes ses indemnités. C’est pourtant le choix de Frédéric De Greslan élu en mai dernier sur la liste Calédonie Ensemble en Province Sud. L’ancien candidat aux municipales de Paita a annoncé aujourd’hui qu’il allait laisser sa place au congrès à son suivant de liste Jean-Baptiste Marchand. Et dans une interview parue dans le Chien Bleu de ce mois-ci, l’avocat précise ses raisons :

Si on veut bien faire son travail d’élu, c’est à temps plein. Depuis sept ans, j’ai donc assumé deux emplois à plein temps, ce n’est plus possible physiquement et moralement (Frédéric De Greslan, Chien Bleu 11/15)

Expliquant « qu’il y a des gens qui ne voient que l’argent comme motivation dans la vie », il ajoute renoncer par choix personnel à « une indemnité de 560.000 Fcfp par mois ». L’ancien membre du gouvernement restera néanmoins élu bénévole de la ville de Paita en tant que simple conseiller municipal. Dans une autocritique il dresse néanmoins le profil des principaux responsables politiques du territoire :

Il me manque une case pour être un vrai tueur politique : être dénué de scrupules. Il ne faut pas avoir peur de marcher sur la tête des gens. C’est pas mon truc. Ma vocation d’avocat c’est de les défendre (Frédéric De Greslan, Chien Bleu 11/15)

Cependant, profitant de cette occasion, Frédéric De Greslan revient sans langue de bois sur certains dessous de la politique calédonienne et dresse son constat de la situation politique locale.

Sans majorité, on est obligé de marchander

L’avocat qui s’était notamment fait connaitre lors du procès des frères Kohnu en défendant la famille de la jeune Mika Kasuma estime que la classe politique calédonienne est « globalement préoccupé du bien commun » et « travaille beaucoup » en exerçant un métier de « galérien ». Citant de nouveaux acteurs politiques qui, selon lui, « bossent » tels que Philippe Dunoyer, Nicolas Metzdorf, Thierry Santa, Johan Lecourieux ou encore de jeunes élus indépendantistes, l’ancien élu du congrès n’est pas tendre avec d’autres et, plus globalement, avec l’ensemble du système politique local.

Ce sont les partis politiques qui sont au pouvoir dans notre pays. C’est un marché de dupes. On se présente avec un programme électoral qu’on ne peut jamais mettre en place faute de majorité (Frédéric De Greslan, Chien Bleu 11/15)

Plaidant pour la fin du système « océanien » à la proportionnelle ou la collégialité et la recherche du consensus entraine une sorte de « dictature de la minorité », Frédéric De Greslan estime qu’il faut à la Nouvelle-Calédonie « une vraie majorité ». Critiquant le « système autoritaire » et « pas vraiment démocratique » des chefferies (au titre qu’il n’existe pas de représentation de l’opposition dans le système coutumier), l’avocat estime que le système calédonien actuel encourage « la corruption et les trafics d’influence », par le jeu des alliances de circonstance.

Martin et Lecren sont décrédibilisés et devraient démissionner 

A la question de savoir quels sont les élus les plus néfastes, l’ancienne tête de liste à Paita répond sans hésitation qu’il s’agit « de Harold Martin et de Anthony Lecren ». Selon lui, leurs différents comportements et les affaires dans lesquelles ils ont été impliqués ont participé à jeter le discrédit sur toute la classe politique locale.

Martin et Lecren (…) ce sont des contre-exemple de la politique. Ce sont des gens comme ça qui font qu’il y a un rejet de la politique et qu’on nous met tous dans le même sac. Ces élus sont décrédibilisés, ils devraient démissionner (Frédéric De Greslan, Chien Bleu 11/15)

En effet, l’ancien président du gouvernement est mis en examen dans plusieurs affaires dont certaines concernent sa gestion très « personnelle » de la ville de Paita et quant à Anthony Lecren, l’actuel membre du gouvernement a été condamné pour conduite en état d’ivresse et sera bientôt encore convoqué devant les juges pour répondre des faits de violences volontaires sur une jeune femme, ébriété manifeste et menace de mort sur des agents de la force publique… Des accusations et des scandales qui n’ont, il est vrai, jamais entrainé la démission de ces deux élus, toujours rémunérés aujourd’hui grâce à leurs mandats.

Sources: Chien Bleu n°213, novembre 2015 (250F ex)