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Pour les extrémistes, l’application du verdict démocratique est toujours un passage en force
C’est peut-être la véritable racine de la fracture. En démocratie, un vote n’est pas une simple consultation d’opinion ; il entraîne des conséquences concrètes et applicables. Pour nos vieilles sociétés démocratiques occidentales, cela relève de l’évidence : voter, c’est choisir une direction, et une fois le scrutin clos, la décision majoritaire s’impose à tous. Pourtant, en Nouvelle-Calédonie, cette logique n’a jamais été pleinement acceptée par une partie des acteurs politiques. Focus : ce qui se cache sous le dégel.
Les référendums calédoniens : une exception qui fausse la perception
En Nouvelle-Calédonie, une fracture intellectuelle s’est imposée entre deux visions du monde. D’un côté, ceux pour qui les trois référendums successifs sur l’indépendance ont abouti à une conclusion logique : la Calédonie reste française, et les principes républicains s’y appliquent pleinement. De l’autre, ceux pour qui ce processus semble n’avoir jamais été autre chose qu’une bataille symbolique, une façon d’affirmer leur nombre et leur cohésion, sans jamais envisager qu’ils puissent réellement perdre. Le gel du corps électoral et l’organisation de trois référendums en quatre ans ont contribué à cette anomalie. Dans l’esprit des indépendantistes, cette situation s’est ancrée comme une normalité : depuis quarante ans cet électorat a toujours voté dans un cadre d’exception, sans que les règles habituelles de la démocratie occidentale ne s’appliquent pleinement. Les restrictions puis le gel électoral, instauré pour garantir un scrutin où seuls les « ayant droit » pouvaient voter, étaient pourtant une dérogation à l’un des principes fondamentaux de la République : un homme, une voix. Ce que les loyalistes ont vu comme une parenthèse temporaire, les indépendantistes l’ont perçu comme un état normal. Dès lors, la sortie de cette anomalie leur est apparue comme un « passage en force ».
Une série de malentendus politiques
FLNKSLe plus frappant dans l’histoire récente de la Nouvelle-Calédonie, c’est que les indépendantistes n’ont jamais abordé les référendums comme une véritable confrontation électorale où la victoire et la défaite avaient des conséquences. À chaque vote, ils ont perdu, mais leur réaction a été de se réjouir malgré tout. Lors du premier référendum, ils ont perdu, mais moins que prévu. Lors du second, ils ont encore perdu, mais avec un écart réduit. Lors du troisième, ils ont boycotté le scrutin et se sont félicités de la faible participation. On aurait pu penser qu’ils se réjouissaient uniquement pour sauver la face. Mais avec le recul, il apparaît qu’ils vivaient réellement ces défaites comme de grandes victoires. Le simple fait de participer était pour eux une manière de s’affirmer. Ce comportement rappelle celui d’un petit club de football qui affronte un géant de la Coupe de France : même battus, ils étaient heureux d’avoir disputé le match. Mais ce n’était pas un jeu. Il ne s’agissait pas d’un tournoi, mais d’une décision politique engageant l’avenir du territoire. Une victoire à 50,1% aurait signifié l’indépendance (la crainte des non-indépendantistes vient du fait que, eux, auraient justement respecté le vote majoritaire). Une défaite à 50,1% signifiait logiquement la fin du gel électoral et le retour au droit commun. Pourtant, cette évidence n’a jamais semblé prise en compte par les leaders indépendantistes.
La faute aux leaders ?
Un véritable chef aurait dû, dès la première défaite, tenir un discours clair : « Nous avons perdu avec honneur, mais nous avons perdu. Il nous faut maintenant négocier avec ceux qui ont gagné, car nous devons vivre ensemble sur cette terre. » Cela n’aurait en rien empêché de continuer le combat politique, mais cela aurait permis de structurer une vision constructive pour l’avenir. Au lieu de cela, les indépendantistes ont nié la réalité du scrutin, jusqu’à dire après le troisième vote : « Nous avons gagné ! » L’auto-intoxication a duré six longues années. Jusqu’au moment où l’une des conséquences du NON est arrivée : la fin du gel électoral. Ce qui aurait dû être une évolution logique, parfaitement prévisible, a alors été présenté comme une trahison, une imposition arbitraire venue de Paris. En réalité, c’était une simple application du verdict démocratique. Mais puisque les leaders indépendantistes avaient laissé croire qu’ils gagnaient à chaque étape, leurs partisans n’étaient pas préparés à perdre.
L’insurrection n’était pas une réponse au vote, mais un prétexte
Quand la loi sur le dégel électoral a été adoptée, la réaction aurait dû être politique. Il aurait pu y avoir une riposte institutionnelle, une proposition de compromis. À la place, il y a eu le chaos : incendies, pillages, attaques organisées. Le point essentiel ici, c’est que cette explosion de violence n’est pas née spontanément d’un mécontentement face à la loi. Si c’était le cas, il aurait fallu du temps pour que la frustration se transforme en révolte (celle-ci a commencé avant même que la loi ne soit définitivement votée à l’Assemblée). Or, tout a basculé en quelques heures, avec une organisation méthodique qui ne laisse aucun doute sur le fait que ces violences étaient préparées depuis longtemps en amont. L’argument selon lequel « ce sont les forces de l’ordre qui ont commencé » est un leurre. Ce n’est pas un simple excès de zèle des forces de l’ordre qui a mené à la destruction des commerces et des écoles. Un incendie ne naît pas d’une étincelle isolée si le terrain n’est pas déjà sec et prêt à s’enflammer. De même, une explosion de violence de cette ampleur ne peut survenir que si des éléments étaient déjà en place, organisés et prêts à passer à l’acte au moindre prétexte. Ces émeutes étaient structurées, coordonnées, avec des objectifs précis. La violence n’a pas été une réponse à une injustice immédiate, mais bien une tentative de déstabilisation totale du territoire. Une tentative préméditée de Coup d’Etat.
Une honte inavouable
Les militants indépendantistes qui, aujourd’hui, tentent de réécrire l’histoire, le font souvent non pas par malhonnêteté, mais par nécessité psychologique : il est difficile d’accepter qu’on ait été mené en bateau par ses propres leaders, difficile d’accepter qu’on a détruit son propre pays pour une cause qui n’a jamais été autre chose qu’un prétexte. Il est plus simple de se convaincre qu’on a été provoqué, manipulé, que la République a « forcé » le passage. Beaucoup d’indépendantistes se rendent compte qu’il y a une incohérence dans ce récit. Mais plutôt que d’admettre que la défaite a été mal gérée, ils tenteront de la transformer en injustice historique. La vérité est plus simple : en démocratie, un vote a des conséquences. Ce n’était pas un jeu, ce n’était pas une démonstration de force symbolique. C’était une consultation engageant l’avenir d’un territoire. Et la Nouvelle-Calédonie a voté trois fois. Pour les démocrates, le respect du verdict est une évidence. Mais pour les extrémistes, l’application du verdict démocratique sera toujours un passage en force.

Le débouté de Barcelone en serait-il un, d’extrémiste ? Un trumpiste à la sauce catalane tant l’entêtement dont il fait preuve, face à la réalité des faits, intrigue quelque peu ? Sa persistance a nié le Droit National, International, le verdict des urnes, à ignorer les principes fondamentaux de Liberté, d’Egalité de Fraternité du Pays [qui l’a accueilli en son sein, lui a donné sa nationalité] qui sous-tendent la Constitution de la RF. Interpréter à sa façon, par exemple, ce fumeux accord de Nouméa pour justifier ses actions futures (?) sur le “dossier calédonien” pourrait en être la preuve évidente.… Lire la suite »
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Un nationalisme Kanak qui s’appuie sur un monde coutumier qui, très majoritairement, reste accroché depuis 1983 au récit Kanako-indépendantiste de l’accueil des “victimes de l’histoire” et à cette fameuse “parole donnée” par l’Etat central qui aurait été apparemment renouvelée à chaque accord selon… la tradition orale.
Reste que l”accord de Nouméa et l’égalité de droits entre citoyens calédoniens est impensable à leurs yeux ; eux qui rêvent d’une société souchée sur leur culture.
” eux qui rêvent d’une société souchée sur leur culture” Enfin ” eux” , on peut se demander qui parmi ces habitants ” rêve ” encore réellement de ce genre de modèle social , référence culturelle mythique du discours des leaders indépendantistes en particulier “chauchiste” UC ccat fnlks, bien loin des réalités du vécu socio- économique de “leur base” . A plus forte raison en ce moment. Et à plus forte raison en milieu coutumier. Il suffit de voir ce qu’il se passe en ce moment à Mare . Culture et traditions auxquelles ils se refèrent pas forcément pour eux… Lire la suite »