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Yoann Lecourieux : l’abstention d’un homme, la trahison d’un système

Derrière son profil discret de gestionnaire local, Yoann Lecourieux incarne la face la plus pernicieuse du vieux système politique calédonien : absence de légitimité populaire, gestion clientélaire, choix politiques dictés par la rancune plutôt que par la vision. En s’abstenant lors du vote du budget 2025, l’élu isolé a franchi la ligne rouge. Ce n’était pas une erreur. C’était une rupture. Une désertion. Une trahison. Impardonnable.

Le déclic : un acte d’abstention, un abandon collectif

Un homme politique se mesure à ses actes. En Nouvelle-Calédonie, où les votes importants sont devenus rares mais lourds de conséquences, l’abstention vaut parfois condamnation. En ce mois de mars 2025, alors que le budget de la Nouvelle-Calédonie — déjà exsangue — se jouait sur un fil, Yoann Lecourieux a choisi de ne pas voter. Ni pour. Ni contre. Il s’est retiré du champ. Il a observé, silencieux, pendant que les autres tentaient de maintenir à flot une collectivité au bord du naufrage. Ce jour-là, en s’abstenant, il n’a pas simplement manqué à son devoir : il a trahi ceux qu’il était censé représenter.

L’ascension silencieuse : un carriériste sans peuple

Comme toujours ce sont des internautes qui ont repéré l’acte que son auteur semblait vouloir dissimuler. La page du Bon Jojo n’a pas mis longtemps à partager cet instant en vidéo. Ce geste, en apparence anodin, est en réalité le point culminant d’un parcours politique construit sur l’opacité, les rancœurs personnelles, et l’opportunisme froid. Lecourieux n’est pas un homme du suffrage : il est un produit d’appareil.

Il entre en politique dans les réseaux du Rassemblement-UMP, à l’époque où le système Rumpien, héritier de Jacques Lafleur, distribue les postes plus qu’il ne cherche à convaincre les électeurs. Lors des provinciales de 2019, il n’est pas élu en son nom, mais dans le sillage d’une structure affaiblie, sans ligne claire ni base populaire solide. Il gravit les échelons grâce aux absences, aux départs, aux promotions des autres. C’est ainsi qu’il devient maire de Dumbéa en 2023, suite à l’élection de Georges Naturel au Sénat. Il n’est pas choisi par le peuple, mais désigné par le système. « J’étais le premier adjoint de Georges Naturel depuis 3 ans, je faisais ses intérims de manière régulière, donc j’ai proposé ma candidature à l’exécutif actuel », explique-t-il en octobre 2023. Aucun projet politique, aucune rupture, aucun mandat populaire. Juste la logique d’un rouage qui se met en place.

Le vote au Sénat : une stratégie cynique, une trahison assumée

Cette ascension sans mandat prend tout son sens lorsque, avec le recul du temps, on analyse son rôle dans l’élection sénatoriale de 2023. Alors premier adjoint à la mairie de Dumbéa, et directeur de campagne officieux de Georges Naturel, Yoann Lecourieux orchestre le vote du conseil municipal.

En verrouillant ces suffrages, il participe activement à l’éviction de Sonia Backès et à l’élection de Robert Xowie, candidat du FLNKS. Il ne s’agit pas d’une manœuvre locale anodine : c’est le basculement d’un siège républicain vers l’indépendantisme, au sein même du Sénat français. Une première historique. Une trahison stratégique. Mais pour Lecourieux, c’est un calcul gagnant. En facilitant cette recomposition, il s’assure de prendre la tête de Dumbéa sans campagne, sans programme, sans vote populaire. Ce qu’il perd en légitimité, il le gagne en pouvoir. Sans passer par les urnes.

Double discours, zéro action

Mais le pire reste à venir. En février 2024, interviewé par RRB, il adopte un ton grave sur la situation économique : « La situation est assez grave à l’heure actuelle sur l’économie calédonienne ». Pourtant, lorsqu’il était aux commandes de l’OPT, il a refusé toute réforme : maintien du monopole, défense des primes des agents, opacité budgétaire, aucune ouverture à la concurrence. Il dénonce une crise qu’il a contribué à entretenir. Mieux : il plaide pour une remise en ordre de marche « pendant un an ou deux ». C’est-à-dire rien. Du temps acheté. Encore. Pour continuer comme avant.

Puis vient l’épisode du budget 2025. Le gouvernement Ponga tente de faire adopter un texte difficile, mais vital. Ruffenach plaide. Backès temporise. Philippe Gomès, lui, s’oppose frontalement : il dénonce le prêt garanti par l’État, les taux d’intérêt, l’endettement à long terme. Mais il vote. Parce qu’il a été parlementaire. Parce qu’il connaît le prix de l’abstention. Parce qu’il comprend qu’à ce niveau, s’effacer, c’est trahir. Yoann Lecourieux, lui, choisit le silence. Il est le seul non-indépendantiste à s’abstenir. Il ne soutient pas. Il ne s’oppose pas. Il s’efface. Il se venge. Sa rancœur contre Sonia Backès et Alcide Ponga, qu’il accuse de l’avoir évincé de la présidence de l’OPT, l’emporte sur l’intérêt général. Il sacrifie les intérêts des Calédoniens sur l’autel de sa frustration personnelle. Par calcul, par dépit, ou simplement par vanité blessée. Le comportement d’un homme en responsabilité ? Non. Celui d’un adolescent contrarié. Mais un élu sans maîtrise de lui-même a-t-il encore sa place dans une crise de cette ampleur ?

L’équation fatale

Et tout est là : l’équation politique fatale. Un homme coopté, sans base électorale propre. Une stratégie d’alliances obscures, jusqu’à livrer les portes du Palais du Luxembourg à l’adversaire. Une gestion sans réformes. Un vote décisif, sabordé par vengeance.

Yoann Lecourieux n’est pas un élu. Il est une variable toxique, un résiduel politique. Et s’il est encore là, c’est parce que le système issu des Accords de Nouméa produit ce genre de profils : techniciens sans colonne vertébrale, politiciens sans vision, gestionnaires de leur propre petit ressentiment.

Il ne faut pas le combattre. Il faut l’éteindre. Le nommer pour ce qu’il est : un facteur d’instabilité au service de lui-même. Et rappeler à tous ceux qui l’observent que la prochaine abstention ne sera pas une faute. Ce sera une complicité.

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Hubert B

Hubert B. a rejoint Calédosphère au tout début de l’année 2015. Enfant du pays, il a grandi à Nouméa et a ensuite bourlingué durant près de vingt ans au gré de ses envies et des hasards de la vie. Fils d’une bibliothécaire/documentaliste, il a été tour à tour enseignant, pigiste, formateur mais c’est finalement vers l’écriture qu’il a choisi de revenir. Succinct, précis, parfois laconique, si son style est volontiers direct, ses intérêts sont éclectiques et toujours tournés vers l’actualité. Sa citation favorite : « Le journaliste doit avoir le talent de ne parler que de celui des autres »

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Naif
Naif
30 mars 2025 08:21

Les électeurs loyalistes de Dumbea devront naturellement y penser lors des prochaines élections municipales de sa position lors du vote du budget!
Naturel lement !

CUER JACQUES
CUER JACQUES
30 mars 2025 08:01

TRÈS BONNE ANALYSE….LECOURIEUX…C’EST UN
LACHE..ON ASSASSINE FROGIER…
ON ELIMINE BACKES….ON COMPLOTE
AVEC LES INDÉPENDANTISTES…
NATUREL AU SENAT…LUI MAIRE …
LE ÐEVENIR DE LA NOUVELLE CALÉDONIE IMPORTE PEU….
MERCI…MESSIEURS LES TRAÎTRES
MERCI..MESSIEURS LES SALOPARDS
VOUS AVEZ LE SALUT..DE XOWIE…
DE BICHOU…DE ROCKY….ET DES
AUTRES ENNEMIS DE LA FRANCE

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