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Lettre à un Kanak libre

Je t’écris sans te connaître. Mais je t’écris en te reconnaissant.

Pas parce que tu es Kanak. Mais parce que tu es libre. Pas parce que je suis Calédonien. Mais parce que je suis responsable.

Je t’écris en pensant à ce que nous avons hérité — et à ce que nous devons transmettre. Il y a trop longtemps que les mots sont volés, vidés, répétés. Trop longtemps qu’on te parle comme à un enfant, ou comme à un problème. Trop longtemps qu’on me parle comme à un coupable ou à un héritier.

Je te parle d’égal à égal.

Tu n’es pas un pion. Et je ne suis pas ton maître. Aucun de nous ne sera jamais l’esclave de l’autre. À une seule condition : que nous parlions sans traducteurs, d’homme à homme.

Je sais ce que beaucoup refusent encore de voir. Que ce pays est devenu une prison mentale. Une geôle d’accords morts, de mensonges signés, de mémoires sélectives. Un piège de tutelle et de rente, où chacun s’accroche à son rôle, à son récit, à ses lambeaux de pouvoir.

Mais toi, tu n’y crois plus. Tu sens que quelque chose s’effondre. Tu entends ce que les vieux n’osent plus dire. Tu vois que la parole officielle est creuse. Et tu attends autre chose.

Peut-être l’attends-tu de moi. Peut-être pas. Mais je te dois, au moins, une vérité simple : je ne te demande rien. Je ne te promets rien. Je ne veux pas te séduire, ni te rallier, ni t’utiliser. Je n’ai que faire de ton vote. Je ne suis pas venu avec des chiffres, des cartes, ni des statistiques. Je ne viens pas pour compter les voix, ni pour déplacer les frontières.

Je viens avec un texte, et une intention. Rien de plus.

Car je souhaite que tu saches ceci : un texte circule. Il n’est pas neutre. Il n’est pas parfait. Mais il est offert. Offert à la lecture, à la transmission, à la critique aussi. Il est lisible par tous, accessible gratuitement. Et s’il te parle, ce n’est pas parce qu’il flatte, mais parce qu’il cherche la vérité.

Ce texte n’est pas destiné à toi seul. Il ne t’appartient pas. Il ne m’appartient pas non plus. Il vise ceux que tu connais, peut-être même que tu sers. Ceux qui ne se montrent pas toujours, mais dont tu connais la parole. Les chefs. Les anciens. Ceux que la République a longtemps tenté d’oublier, ou de noyer dans des procédures. Ceux qui, dans ta maison, détiennent l’autorité des commencements.

Si, après l’avoir lu, ce texte t’évoque quelque chose de vrai, peut-être sauras-tu à qui il doit être montré.

Tu n’as rien à prouver, ni à porter seul. Mais si tu sens que ce texte doit emprunter les chemins coutumiers, alors trouve le moment juste, la parole juste, et transmets-le. Sans forcer, sans imposer. Simplement parce qu’il se pourrait qu’il soit attendu.

Je n’ai pas de parti. Je ne cherche pas à gagner et je ne connais pas d’avenir dans le conflit perpétuel. Je cherche à ce que personne ne soit effacé. Grâce à une paix lucide, fondée sur la reconnaissance mutuelle.

Tu n’es pas seul. Je ne suis pas seul. Et le pays, malgré la nuit, n’est pas mort.

Fraternellement,

– Lien vers le manifeste –

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