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L’indépendance en douce, dans le dos des Calédoniens
Ils ont voté trois fois contre l’indépendance. Trois fois, la réponse a été claire, massive, incontestable. Et pourtant, un texte vient d’être rédigé à Paris qui organise précisément ce que les électeurs calédoniens ont refusé : la fin de la Nouvelle-Calédonie française.
Il ne s’appelle pas “accord d’indépendance“. Il s’intitule Accord de Bougival. Il ne parle pas de rupture. Il évoque une “refondation“. Mais sa mécanique, elle, est implacable : en douze pages, il institue les fondements d’un État calédonien quasi souverain, dans l’enveloppe encore tiède de ce qu’il reste de République.
Voici ce qu’on peut y lire, noir sur blanc (page 4) :
« Il est créé une nationalité calédonienne. Les Calédoniens bénéficieront ainsi d’une double nationalité, française et calédonienne. »
Cette phrase n’est pas anodine. C’est une première dans l’histoire de la République Française. La Nouvelle-Calédonie deviendrait le seul territoire français à posséder une nationalité propre, avec ses règles, ses critères, sa portée symbolique. On n’est plus dans un simple “statut d’autonomie“. On entre, par la petite porte, dans une logique d’État associé. Et ce n’est pas tout.
« La compétence en matière de relations internationales est transférée à la Nouvelle-Calédonie. » (page 7)
La rupture est là, flagrante. La diplomatie, dans toute démocratie, est l’attribut le plus sacré de la souveraineté. En la transférant à une collectivité locale, l’État français reconnaît implicitement un second acteur souverain. C’est une forme douce mais réelle d’internationalisation du dossier calédonien.
« Le droit à l’autodétermination demeure garanti par le droit international. » (page 2)
Autrement dit, la possibilité d’une séparation n’est pas écartée. Elle est simplement ajournée. Mise entre parenthèses. Mais entretemps, le texte prévoit la rédaction d’une loi fondamentale (une constitution locale), la création d’un code de la citoyenneté calédonienne, et même d’une charte des valeurs calédoniennes, distincte des principes républicains.
- En apparence, la France reste là. Dans les faits, elle se retire pas à pas.
- En apparence, le peuple est souverain. En réalité, il ne votera plus.
Le texte prévoit bien une consultation populaire — en février 2026 — mais ce ne sera pas un référendum d’autodétermination : ce sera une simple ratification du nouvel accord, par un corps électoral restreint. Ensuite, tout se décidera par un vote du Congrès local. Le peuple n’aura plus jamais son mot à dire sur son propre destin. La voix populaire – celle qui disait NON – est simplement contournée.
En 1998, l’Accord de Nouméa fut conclu après des mois de négociation, dans un contexte de paix civile et de compromis.
En 2025, l’Accord de Bougival est signé après une insurrection, des incendies, des menaces, des chantages – et l’épuisement d’un pouvoir sans cap.
Comme le résume le constitutionnaliste Benjamin Morel sur les réseaux sociaux, cet accord :
« crée un État susceptible d’être reconnu par la communauté internationale » et « débouche en réalité sur une forme d’indépendance-association. On est donc très loin d’un modèle fédéral et bien plus proche du schéma de décolonisation mis en place en 1958. »
Nous ne sommes donc pas dans un “état fédéral”, mais bien dans un processus d’indépendance-association, maquillé sous les oripeaux d’un texte d’équilibre.
La maxime de Brecht est célèbre : « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple. » Mais en Nouvelle-Calédonie, plus besoin de dissoudre le peuple : on ne le consulte plus. Ce que les Calédoniens ont rejeté dans les urnes, on leur impose désormais dans les coulisses.
L’indépendance en douce.
Dans leur dos.
Par résignation, par cynisme, ou simplement par lâcheté.
Ce dimanche, veille de 14 juillet, la République célèbre son unité. Mais à l’autre bout du monde, dans une île stratégique qu’elle est en train de perdre sans le dire, elle signe silencieusement l’acte de son effacement. Ce texte n’est donc pas un aboutissement. C’est un précédent. Et dans le miroir tendu à la France, la Corse, les Outre-mer, les régionalistes de tout poil observeront avec avidité ce nouveau “traitement différencié“.
Un jour, ils réclameront le même.
* *
*
Avec le temps, les Calédoniens ont appris à connaitre l’adage populaire : « Le mensonge prend l’ascenseur, la vérité prend l’escalier. »
Pendant quelque temps, les justifications pleuvront.
Le camp loyaliste se donnera le change.
Les médias subventionnés joueront la fanfare.
La caste fera ce qu’elle sait faire le mieux : mentir avec application, en s’écoutant parler.
Mais le temps fait son œuvre.
Et ce que l’on impose par la ruse finit toujours par se heurter au réel.
Alors cette forfaiture sera mise en brèche.
Et si Dieu le veut — et si les hommes et les femmes de bonne volonté tiennent bon — elle finira par tomber.
Ce texte n’est que la première marche d’un long escalier.
Tout commence.

En même temps… vu les gros nains de jardin que sont les élus loyalistes, vous vous attendiez à quoi???
Au nom du Front de libération de nains de jardin, je proteste énergiquement monsieur Siffredo, vos propos sont stigmatisants et discriminatoires.
Ce n’est sont pas des nains mais des fourmis de jardin, celles de l’espèce politique comme il existe les fourmis de feu, les charpentieres. … Elles travaillent à leur propre survie quitte à te bouffer la carcasse. Tu n’es pour elles qu’un moyen de subsistance. Il faudrait les louer dans un accueil chaleureux à leur retour. Et cet accord si tous ceux qui ont le droit de voter et donc de le rejeter sous 3 mètres de M…… ne le font pas et bien commencez à vous acheter une valise pas chère, celle du voyage sans retour. La valise en… Lire la suite »