Gouvernement : le choix de l’UC

MISE A JOUR – 20h00 : en raison des conditions climatiques et de la venue du cyclone PAM non loin des îles Loyauté, la ComEx de l’UC a été reportée au week-end prochain.

C’est à Koné ce samedi que l’Union Calédonienne réunit sa COMEX, Commission exécutive, et jamais réunion de cette instance n’avait suscité autant d’intérêt. Il est vrai que des positions diamétralement opposées pour sortir la Calédonie de la crise institutionnelle vont s’y affronter.

C’est en effet lors de cette réunion que l’Union Calédonienne arrêtera sa position quant aux solutions proposées pour mettre un terme à la crise. Les données du problème sont simples puisqu’un candidat indépendantiste n’ayant aucune chance d’être élu président, le choix des membres UC et Palika du gouvernement va devoir se porter sur un candidat non indépendantiste. Mais lequel, celui du FPU ou sur le candidat de Calédonie Ensemble ? La décision de la Comex de l’UC est donc lourde de conséquences et ne sera peut-être pas sans effet sur le fonctionnement interne du parti.

La guerre des courants

Sur la sortie de crise proprement dite, les stratégies de plusieurs courants s’affrontent et un état des forces en présence n’est pas superflu. Il y a tout d’abord l’axe Saint-Louis/Canala, personnalisé par le triumvirat Wamytan-Tyuienon-Regnier. Nostalgiques de la coalition, ils sont les tenants du rapprochement avec le FPU qu’ils manifestent au travers du concept « d’unité calédonienne » développé par Roch Wamytan et repris par Pierre Frogier, ainsi que leur adhésion à l’idée de Bernard Deladrière comme président du gouvernement. D’autant que dans le même temps, ce courant de l’UC désigne Calédonie Ensemble comme le responsable de la situation :

Ce principe a été mis à mal par un parti politique, donc pour ne pas le nommer c’est Calédonie Ensemble, avec son application de cette logique minorité-majorité qui n’a jamais donné rien de bon pour le pays et qui a trouvé en fait ses limites puisque maintenant nous sommes vraiment dans une impasse quoi ! (RRB-25 février)

Face à cet axe, se positionne également le courant Goa, auquel adhèrent les membres UC des îles et du Nord. Le président de l’Union Calédonienne défend une position d’unité des indépendantistes, mais aussi de respect du suffrage universel, ce qu’il a clairement expliqué en février dernier à la tribu de Gohapin dans une mise en garde au comité directeur de l’UC

Je mets en garde ceux qui auraient l’idée de prendre des initiatives politiques isolées en dehors d’une position commune avec notre partenaire FLNKS, qui s’inscrira en conformité avec le résultat du suffrage exprimé lors des dernières provinciales

On le voit des tensions de fond sont latentes au sein de l’Union Calédonienne puisqu’elles opposent des stratégies diamétralement opposées. Des risques de scissions existent-ils ? Certains semblent penser que oui, même si au sein de l’UC, la discipline de vote prime sur tout.

Une Comex sous surveillance

C’est donc ce samedi que l’UC fera valoir sa position, réunion à laquelle les partenaires de l’Union Calédonienne au sein du FLNKS seront attentifs, même si le Palika s’est déjà positionné sur le sujet, comme l’indiquait son porte-parole Charles Washetine

Nous voterons pour une candidature des réformes (Les Nouvelles 22 janvier)

Seront tout aussi attentifs à ce qui se dira à Koné, les partis non indépendantistes dont on va scruter les commentaires. Que pensent le FPU, l’UCF et Calédonie Ensemble de l’élection d’un président sorti de leurs rangs avec les voix indépendantistes. NC1ère apportait un élément de réponse dès le 13 février en soulignant « noter une certaine nuance » :

Si l’alliance avec les indépendantistes pour conserver la présidence du gouvernement n’est disons pas “souhaitable” dans les rangs du FPU, elle est tout simplement proscrite du côté de l’UCF (NC1ère 13 février)

On aura noté combien la différence d’appréciation et de nuance entre le « pas souhaitable » du FPU et le « proscrit » de l’UCF est importante. Pour sa part, Sonia Backes soulignait dans un tweet le 8 février

Ce que je conteste, ce n’est pas d’être élu avec les voix indépendantistes, ce sont les contreparties qui vont avec

Des contreparties, des tractations ou des négociations dont Calédonie Ensemble ne veut pas, parce qu’ils sont préalables à une coalition bis. Ce qu’a souligné Philippe Gomes à plusieurs reprises :

En ce qui concerne Calédonie ensemble : à aucun moment, nous ne ferons une tractation, une négociation, ou n’offrirons de contrepartie à un vote, quel qu’il soit. Soit, c’est un acte citoyen dans le cadre du respect du suffrage universel, soit c’est autre chose, et à partir de ce moment-là, nous, nous ne pouvons pas participer (Océane FM)

Et si la Comex de l’UC se positionne ce samedi, il n’est pas impossible que le gouvernement soit convoqué à nouveau le 17 mars pour désigner son président.