Germain : « Maintenant, la Calédonie ne dépense pas plus que ce qu’elle a »

Quinze milliards d’économies. Désormais, selon le président du gouvernement, le budget de la Nouvelle-Calédonie est à l’équilibre mais les directions et les différents établissements publics ont dû drastiquement diminuer leurs dépenses. Aoutch ?

Du point de vue de n’importe quelle personne gérant un foyer, c’est à se demander comment il pourrait en être autrement, mais s’agissant des finances des collectivités publiques et à l’instar de ce qu’il se passe en métropole, les bonnes gestions (du moins équilibrées) deviennent souvent l’exception. Or, un an après sa constitution, le gouvernement vient en effet d’annoncer que son budget était à l’équilibre, c’est-à-dire que la Nouvelle-Calédonie allait désormais dépenser autant d’argent qu’elle en gagnait. Une petite révolution puisque depuis plusieurs années le territoire vivait à crédit, les recettes étant systématiquement inférieures aux sommes dépensées, le gouvernement devait donc obligatoirement emprunter auprès d’organismes de crédits pour équilibrer ses comptes et par écho augmenter sa dette. Invité par RRB, le président du gouvernement s’en est expliqué :

« En arrivant, on a dit “on dépense plus d’argent que l’on en encaisse” (…) le budget de la précédente mandature il autorisait 57 milliards de dépenses pour la Nouvelle-Calédonie. Mon premier budget, celui de 2016, n’en autorise que 42 milliards. On a donc réduit de 15 milliards les dépenses, c’est-à-dire de 25% (Philippe Germain, 15/04/16 ; sources : RRB) »

Si Philippe Germain a tenu a rappelé que les budgets d’investissements avaient, eux, été augmentés passant de 11 à 15 milliards, il a détaillé son plan d’économie qui a finalement rogné jusqu’à 20% des budgets des différentes directions ainsi que des établissements publics calédoniens :

« On a supprimé le gaspillage, on a supprimé l’inutile. On a raboté toutes les dépenses de fonctionnement. On a demandé au début 10% puis après 20% et vous le constatez, personne n’est mort, la Nouvelle-Calédonie continue à fonctionner mais au moins elle ne dépense pas plus que ce qu’elle a (Philippe Germain, 15/04/16 ; sources : RRB) »

Cependant, on sait bien que cette diminution ne s’est pas faite sans douleur, l’ADCK a ainsi diminué son budget dévolu à la programmation culturelle d’un tiers pour ne pas avoir à modifier son budget de fonctionnement et donc aux emplois. « Les cocktails, c’est terminé ! » a, goguenard, précisé le président du gouvernement, et du côté de la rue de l’Artillerie, le budget de fonctionnement du gouvernement a diminué de 270 millions. Même chose pour la Maison de la Nouvelle-Calédonie, dans les organismes publics et pour la majorité du monde associatif qui doit se serrer la ceinture du fait de la baisse des subventions tout azimut. L’une des seules exceptions étant le secteur de l’enseignement qui voit son enveloppe passée de 4,5 milliards en 2015 à 4,8 milliards en 2016. Mais pour le reste…

« C’est trop lent ! »

Semble-t-il plus habitué au monde de l’entreprise qu’aux arcanes de la politique calédonienne, Philippe Germain affirme qu’il doit composer avec les « lobbies » calédoniens ainsi qu’avec les différentes forces politiques et les partenaires sociaux afin de mettre en œuvre l’ensemble des mesures validées par l’agenda social et partagé.

« C’est trop lent ! Vous parliez de l’entreprise. Le chef d’entreprise il prend une décision, il met en œuvre sa politique et les résultats arrivent plus rapidement (…) des fois j’ai l’impression qu’on ne se rend pas compte de l’urgence de certaines réformes (Philippe Germain, 15/04/16 ; sources : RRB) »

Et parmi ces réformes, celle de l’instauration de la « TGC & compétitivité » est dans toutes les têtes. La loi doit permettre à cette TGC de se substituer à un ensemble de droits et taxes (7 au total) dont le rendement annuel est estimé à 53 milliards de francs pour la Nouvelle-Calédonie mais aussi permettre d’améliorer la compétitivité des entreprises calédoniennes, notamment importatrices.

« On va réformer plus de 50% de la fiscalité de la Calédonie alors on n’a pas le droit à l’erreur (Philippe Germain, 15/04/16 ; sources : RRB) »

Pour l’heure, il est prévu , à la demande du patronat, une sorte de “marche à blanc” avec des taux de la TGC d’1 % maximum, durant laquelle les 15 000 entreprises du pays pourront tester la formule en grandeur réelle. Le texte doit maintenant être proposé au congrès avant la fin de l’année. S’agissant de cette « TVA calédonienne », Philippe Germain a indiqué que ce sera la 4ème fois depuis 2006 que les gouvernements calédoniens essaient – sans succès – de la mettre en place… Lors du dernier essai, le texte de loi présenté par le gouvernement Martin avait recueilli… 0 voix au congrès. Qui dit mieux ?