Pour les putschistes des iles, la soupe est bonne !

La province des îles a connu quelques tourments ces derniers temps. Une camarilla a voulu renverser le président élu Jacques Lalié, dénonçant sa gestion de la province et le fonctionnement de celle-ci. Mais au mât de cocagne auquel ils ont grimpé, on s’est aperçu que tout n’était pas propre.

En décembre dernier, un quarteron de frondeurs composé d’élus de l’UC, du Palika et de la DUS, rassemblés dans une majorité de circonstance, a empêché l’assemblée de la province des iles de voter son budget. Depuis, le fonctionnement de la dite province est pour le moins compliqué. Que reprochait-on au président Lalié dont on réclamait la démission ? Une gestion dispendieuse de la province en particulier pour sa partie fonctionnement. En clair que le président de la province dépensait trop et n’importe comment, sous-entendant que certains en profitaient bien. Il s’avère que les contestataires auraient été bien avisés de mieux réfléchir avant de porter ses accusations…

Cas de figure

Prenons le cas de Mathias Waneux, le leader des frondeurs. On ne peut pas dire qu’il soit un élu économe des deniers de la province. En tant que président de la SODIL, fonction qu’il a occupée de 2009 à 2019, on lui doit le fiasco financier de l’Intercontinental Lifou Wadra Bay. Ayant négocié la construction de l’hôtel alors que le financement n’était pas encore bouclé, le projet a couté plus que prévu, contraignant la collectivité provinciale et l’exécutif Lalié à aller trouver un milliard de plus ! Dans la même veine, Mathias Waneux, président de la commission infrastructure de la province des iles Loyauté, a sous-évalué le financement du remplacement du pont de Mouli à Ouvéa. Il a opté pour un pont à deux voies alors que la circulation y est pour le moins modeste. Aussi, initialement prévu à 1,7 milliard, ce cher pont de Mouli aura coûté 2,7 milliards à la province. Si Mathias Waneux semble avoir quelques difficultés à gérer les budgets provinciaux qui lui sont confiées, ça l’est apparemment également à titre personnel. Comme tout élu de la République, Mathias Waneux s’est soumis à une déclaration de patrimoine à la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATPV), mais celle de 2019 parait étonnement incomplète. Comme président du Conseil d’Administration de la SODIL de 2009 à 2019, il a bénéficié gracieusement d’une villa F5 sur Panorama Ste-Marie d’un loyer de 250.000 francs par mois, eau et électricité comprises, et de la mise à disposition d’un véhicule d’une valeur de 2, 85 millions avec une carte essence. Et ces avantages en nature, accordés généreusement pas l’ancien exécutif provincial, n’ont pas fait l’objet de déclaration à la HATPV. Sur le plan politique, Mathias Waneux est aussi en délicatesse avec son comité local UC d’Ouvéa avec lequel il n’est pas à jour de ses cotisations depuis plus d’un an. Cela lui aurait valu une demande de sanctions de la part du comité local. Lorsque l’on est dans une telle situation politique et personnelle, ça devient difficile de paraitre honnête dans sa critique de l’équipe Lalié en lui réclamant davantage de transparence et de sincérité financières. Et le cas Waneux n’est pas isolé. Wali Wahetra, élue Palika des iles, s’est montrée particulièrement virulente à l’encontre de Jacques Lalié accusé de « népotisme » et de « totalitarisme » et de pratiquer une politique « servant les intérêts de la bourgeoisie » ! Pourquoi tant de virulence ? Sans doute pour se venger de Jacques Lalié qui a demandé qu’une enquête soit menée suite à des soupçons d’occupation sans autorisation ni droit quelconque d’un logement au sein du campus des îles Loyauté. De fait, un huissier, dans un rapport en date du 15 février de cette année, fait le constat qu’à l’occasion de ses venues sur Nouméa, Wali Wahetra occupe en effet un logement étudiant et ce gracieusement. Il faut quand même savoir qu’en tant que présidente de la commission de l’enseignement et du conseil d’administration de l’association du campus des Iles, Wali Wahetra bénéficie d’une indemnité de déplacement et de logement de 167 000 francs qui s’ajoute à sa rémunération d’élue de 640 000 francs. Et pendant ce temps, la liste des vrais étudiants qui attendent de bénéficier d’un logement, s’allonge.

Le putsch a échoué

Ce sont donc ces donneurs de leçons qui, ligués, ont tenté de renverser l’actuel exécutif de la province des Iles. Mais le putsch a échoué. D’abord en justice où le tribunal administratif a rejeté leur demande d’organisation d’un vote sur une motion de renvoi visant à provoquer l’élection d’un nouveau bureau de l’assemblée et donc de remplacer Jacques Lalié. C’est ensuite l’UC qui a demandé à ses élus des iles de mettre fin à leur contestation et de voter le budget 2023 présenté par Jacques Lalié. Mais c’est là une décision d’opportunisme politique. En effet, Jacques Lalié qui n’a guère gouté la plaisanterie de la dissidence a menacé clairement de ne pas voter le budget 2023 de la Nouvelle-Calédonie et si sa voix et celle de ses soutiens au Congrès manquent, le budget pourrait bien ne pas passer. L’UC prend donc les devant pour tenter de faire en sorte que le président de la province des iles ne mette pas sa menace à exécution.