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Emeutes en Calédonie : 5 leçons à retenir

“Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion. Il est privé non seulement de sa capacité d’agir mais aussi de sa capacité de penser et de juger.” Hannah Arendt

Pour l’heure, l’immense majorité de la population calédonienne reste otage de la situation « ainsi créée » par la CCAT et par ses militants. Cependant, alors que la Nouvelle-Calédonie s’enfonce dans ce qui ressemble de plus en plus à une nouvelle guerre civile, il nous est donné à chacune et à chacun la possibilité d’utiliser le temps qui nous est imparti pour réfléchir afin d’y voir plus clair et afin de comprendre ce qui se déroule devant nos yeux. Parce qu’un homme averti en vaut deux. En effet, comment répondre à la violence et à la bêtise sinon par le calme et par un peu de réflexion ? Nous ne reviendrons donc pas ici sur la liste sans fin des exactions, des pillages et des actes de sauvageries qui ont eu lieu la nuit dernière, et qui continuent, au sein de l’agglomération du Grand Nouméa et ailleurs. Internet et les réseaux sociaux se chargent minute par minute de diffuser au plus grand nombre, et par-delà notre lagon, les images et les vidéos des exploits d’une partie de la jeunesse kanak indépendantiste.

Après un long silence, nous nous permettons aujourd’hui de reprendre la plume pour exprimer des idées simples et pour en tirer quelques leçons qui pourraient, peut-être, être utiles à tous.

Leçon n°1 : les actes de violences sont – comme toujours – le fait d’une minorité

La formule est tout aussi pénible à dire qu’à entendre mais elle n’en reste pas moins vraie : les évènements, les guerres et les pires drames qu’a connu notre histoire ont toujours été le fait de minorités agissantes. Les violences actuelles (et passées) sont et seront toujours le fait d’une infime minorité de la population. En effet, il existe en Nouvelle-Calédonie 71 500 personnes adultes qui désirent l’indépendance (il s’agit là, bien sûr, du résultat du second référendum de 2020, celui auquel ont participé les indépendantistes, soit 46.7% du corps électoral restreint référendaire). De plus, sur les 115 000 kanak habitants en Nouvelle-Calédonie, selon l’ISEE.NC, 36 000 d’entre eux ont entre 10 et 30 ans.

Les quelques milliers de manifestants qui s’agitent aujourd’hui (1000 ? 10000 ?), en utilisant ou non la violence, représentent donc moins d’un quart des jeunes kanaks de ce territoire et à peine dix pour cent de la population d’origine kanak. Bien évidemment, cela ne signifie pas que le reste de la population indépendantiste ne les soutient pas. Comme pour les Gilets Jaunes en métropole, une faible partie de la population peut être moralement soutenue par une bien plus large partie du corps social. Cela signifie néanmoins que l’immense majorité des parents kanaks tiennent leurs gosses et qu’ils les empêchent de se joindre à leurs coreligionnaires qui sont plus avides, plus violents et semble-t-il plus stupides qu’eux. En effet, comme chacun a pu le constater à son niveau, cette minorité qui se déchaine est essentiellement désœuvrée, inactive, pétrie de ressentiment et souvent analphabète.

Leçon n°2 : les responsables indépendantistes se cachent et n’assument jamais rien

A la différence des chefs coutumiers, les élus et les politiciens indépendantistes se reconnaissent depuis quarante ans par leur incapacité chronique à assumer leurs idées ou leur positionnement. Comme dans un mauvais remake des années 80, ils soufflent sans arrêt sur les braises et disparaissent du champ visuel et du débat public dès que la situation leur échappe, c’est-à-dire assez régulièrement (les plus anciens se souviendront de l’attitude des chefs du FLNKS lors de la prise d’otage de la gendarmerie d’Ouvéa).

Depuis plus de dix ans, les politiciens indépendantistes ont ainsi l’habitude de créer des structures éphémères plus « libres » dans leur discours et dans leurs actes (souvent violents) que ne le sont les partis historiques indépendantistes imbriqués et impliqués dans la vie républicaine française (Palika, UC et UPM). En 2014, ils avaient ainsi créé de toute pièce le RIN (Rassemblement des Indépendantistes et Nationalistes) pour empêcher l’inscription de non-indépendantistes sur les listes électorales. Lors de la reprise de l’usine du Sud, ils avaient monté l’ICAN (Instance Coutumière Autochtone de Négociation) afin de mettre la main sur l’entreprise en souffrance. L’année dernière, c’est la CCAT (Cellule de Coordination des Actions de Terrain) qui fut chargée de lutter contre le dégel partiel du corps électoral. Et si à chaque fois ces structures ont disparu sans obtenir gain de cause, elles ont su masquer la défaite des leaders indépendantistes, incapables de gagner quoi que ce soit depuis plus de quarante ans.

En définitive, ces structures ont une seule raison d’être : à savoir permettre à une bande de vieillards alcooliques et incompétents de ne prendre aucun risque politique afin de continuer à truster l’ensemble des postes de direction de tous les partis constituant le FLNKS. Ni jamais responsables, ni jamais coupables : grâce à ces structures en carton-pâte, les vieux caciques indépendantistes peuvent, défaite après défaite, continuer à toucher leurs émoluments issus des impôts et des taxes payés par les Calédoniens ou par leurs compatriotes métropolitains. Et « tant pis » pour leurs troupes qui, à chaque fois, ont dû assumer leurs actes devant la justice et les tribunaux.

Leçon n°3 : la parole des leaders indépendantistes ne vaut pas un clou

« N’écoutez pas ce qu’ils disent, regardez ce qu’ils font » Cette phrase du Philosophe Bergson résume à elle seule l’attitude que les Calédoniens doivent désormais avoir face aux leaders indépendantistes en particulier, et face à tous les politiciens en règle générale. Il serait, à cette heure, beaucoup trop fastidieux de faire la liste de tous les mensonges éhontés dont nous abreuvent depuis trente ans les chefs du FLNKS. Un esprit sain ne peut que se perdre dans le dédale de leurs incohérences et de leur tromperie.

Mais puisqu’il faut bien donner un exemple, donnons-en un récent : celui du porte-parole de la CCAT. En évoquant les évènements actuels, le commissaire général de l’Union Calédonienne, Christian Tein, a ainsi déclaré pas plus tard que ce mardi 15 mai sur Radio Djiido : “On est dans la phase de construction de notre pays ! “. Alors qu’une partie de la Nouvelle-Calédonie brûle, cette déclaration ne manque pas de piquant. Il semble bien que, à l’instar de tous les dictateurs en herbe, celui-ci est capable de brûler son pays et de maltraiter ses concitoyens si cela peut lui permettre, à lui et aux siens, de régner sur les cendres.

Leçon n°4 : derrière la pseudo-complexité du dossier calédonien se cache en fait des rentes de situation

La simplicité, c’est l’évidence. Boileau écrivait superbement « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément ». Autrement dit « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ! ». On peut donc tout-à-fait s’interroger sur les aspects et les impacts philosophiques, politiques, ethniques ou sociaux d’un dégel partiel du corps électoral calédonien. On peut aussi mettre en cause les principes d’universalisme du droit de vote et la contradiction de ceux-ci avec la tradition, l’histoire et le droit coutumier. Tout est entendable. Mais il n’y a pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre que les évènements actuels ne sont soutenus (car qui ne dit mot consent) et ne sont mus en coulisse que par les intérêts purement personnels d’une petite bande de hiérarques qui se sont habitués au pouvoir, à l’argent qu’il procure et aux avantages qu’il confère.

Car la vérité est, comme toujours, très simple : en cas de dégel, l’augmentation du nombre d’électeurs en province Sud ne permettra plus aux leaders indépendantistes actuels d’occuper les postes institutionnels qu’un corps électoral gelé et restreint leur a octroyé. Si la situation personnelle des Calédoniens ne changera pas d’un iota après un hypothétique dégel restreint (celui qui a mal au dos la veille du dégel aura toujours mal au dos le lendemain…), en revanche, la présidence du gouvernement, celle du congrès ou encore la direction de nombreux établissements publics échapperont à quelques élus indépendantistes que tout le monde connait.

Leçon n°5 : la paix ne s’obtient que par la victoire d’un camp sur l’autre

Contrairement à ce que tous les « observateurs avisés de la situation calédonienne » racontent depuis des décennies, ce ne sont pas les accords qui ont permis l’établissement de la paix en Nouvelle-Calédonie. Dire cela est en effet aussi stupide que de dire que la fin de la Seconde Guerre Mondiale n’a eu lieu que parce que les Allemands ont décidé de signer un acte de capitulation un jour de mai 1945. Si la dernière guerre mondiale a pris fin, c’est uniquement parce que les alliés ont écrasé sans ménagement les forces de l’axe. En écrasant l’armée allemande d’abord et en atomisant le Japon ensuite. La guerre prend fin lorsque les deux parties adverses l’acceptent ou lorsque l’une des deux a été vaincue.

Les Evènements des années 80 en Nouvelle-Calédonie étaient une guerre civile qui a vu s’affronter dans une lutte armée, d’abord, une partie de la population kanak contre une partie de la population caldoche, puis ensuite entre des combattants du FLNKS et les forces armées françaises. Cette guerre s’est terminée par un massacre, celui d’Ouvéa, lequel sonnait la fin d’une opération militaire déclenchée par le FLNKS.

Des temps difficiles….

Il s’avère que, du fait de leur éducation et de l’époque dans laquelle ils ont grandi, la plupart des personnes nées au lendemain de la seconde Guerre Mondiale refusent catégoriquement d’accepter que les sources de la guerre (ici comme ailleurs) n’ont jamais vraiment tari. Dès la prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France, les révoltes kanaks ont toujours émaillé l’histoire de ce territoire. Parce que chaque génération cherche toujours à réussir ce que ses aïeux ont échoué à réaliser. Ainsi, dans l’un de ses ouvrages (colonialisme et contradictions), Dousset-Leenhardt relate qu’entre 1843 et 1870, l’administration française et les colons de l’époque ont dû faire face à pas moins de 25 révoltes ou soulèvements sporadiques. Quant à la grande révolte de 1878 et aux évènements de 84-88, s’ils restent encore dans les mémoires, ils ont en commun de s’être terminés de la même façon : par des morts et par des deuils, et ce des deux côtés de l’échiquier.

La seule question qui vaille donc aujourd’hui et que doivent se poser tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté est : combien de morts faudra-t-il cette fois-ci pleurer pour que toutes ces bêtises cessent ?

« Les temps difficiles créent des hommes forts. Les hommes forts créent les périodes de paix. Les périodes de paix créent les hommes faibles. Les hommes faibles créent les temps difficiles »
Ibn Khaldoun

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JNC

Ancien journaliste, aujourd’hui à la retraite, JNC a été l’un des tous premiers contributeurs officiels du média. Curieux, travailleur, attentif aux soubresauts de l’actualité, il sait conserver une certaine distance vis-à-vis de ses sujets. Volontiers pédagogue, jamais caricatural, souvent indigné, il conserve intact sa capacité à remettre en question la société calédonienne qu’il connait et décrit au jour le jour. Son crédo : « c’est l’actualité qui décide, pas nous »

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Inforétif
Inforétif
31 mai 2024 16:20

D’après NC la première, à Boulouparis ce sont les gentils émeutiers qui empêchent les méchantes forces de l’ordre de mettre le feu … ?!

https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/boulouparis/en-images-crise-en-nouvelle-caledonie-a-boulouparis-apres-les-assauts-des-forces-de-l-ordre-1492430.html

Dernière modification 1 mois plus tôt par Inforétif
XYY .
XYY .
25 mai 2024 15:50

Journal de 12h le 25/05…
Vers 7’10” environ, une touriste parle de “l’ambassade de France en Nouvelle-Calédonie”… ah ben nous voila bien… 😑
https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/programme-audio/le-journal-de-12h-nouvelle-caledonie-29519fe7-8a76-4434-ac7b-2e1d1f264e1b/

Alika Antitra
Alika Antitra
22 mai 2024 16:17

CONFÉRENCE DE PRESSE DU GOUVERNEMENT DU 22-05-2024

https://www.youtube.com/watch?v=ROgGME91O40

Un détail m’échappe : était-il raisonnable de “rouvrir” les 50 km jusqu’à la Tontouta alors qu’apparemment il n’est pas possible de “sécuriser” l’accès au Médipole (*) ?

(*) Yannick Slamet (22:57) : “…c’est l’accès, il n’y a qu’une seule route, donc les services de l’ordre font leur travail, malheureusement un barrage qui est enlevé tout de suite après il est remis …

XYY .
XYY
Répondre à   Alika Antitra
23 mai 2024 06:11

Alik. ” il n’est pas possible de “sécuriser” l’accès au Médipole ? “. Apparemment si, mais pas pour tout le monde. . courriel qui m’a été transféré hier mercredi: Hello l’équipe, Je n’ai pas donné trop de news. Comme vous il y a fort à faire chaque jour et chaque nuit… on tient bon avec les moyens du bord. Juste un partage de ce témoignage lunaire de mon voisin qui revenait de 4 jours non stop au Medipole : – scènes de guerre là-bas où ils doivent soigner des jeunes de 13-14-15 ans grands brûlés (faut pas jouer avec les… Lire la suite »

john john
john john
22 mai 2024 14:39

pour sourire, un proverbe africain adapté à la situation
quand on est poursuivi dans la brousse, par un Lion, l’important n’est pas de courir vite mais de courir plus vite que son voisin.

john john
john john
22 mai 2024 14:34

Ceux qui ne vivent pas ici ne vous croirons jamais .La simple vérité ne passe plus le filtre du merdier médiatique .Moi aussi je suis sur les barrages .Pas le choix .Merci monsieur .

Electron Libre
Electron Libre
22 mai 2024 13:04

Voilà comment j’ai chambré un Américain sur Yahoo ! ( il m’ a traité de white supremacist ….) Eric 33 minutes ago Kanaks have had equal rights since 1946. As for you, in the US, Blacks have had equal rights since 1964. So we beat you on this. We are not white supremacists. Many whites have mixed with kanaks generations ago. Many are proud of their mixed status, unlike in the US ( where I lived 1996 to 2001) where you have to choose; you’re black or white. My Mum’s older sister married a mixed kanak-polynesian. On this wonderful island… Lire la suite »

Dernière modification 1 mois plus tôt par Electron Libre
Minie
Minie
Répondre à   Electron Libre
22 mai 2024 13:58
  • Ouais…sauf que t’en as beaucoup entendu parler de séparatistes Hawaïens toi activistes auprès de l’ONU ? Et quant aux Samoans, un grand nombre de la partie indépendante des Samoa migrent aux Samoa sous administration américaine, premier pas vers l’immigration aux EU. Et le métissage n’a jamais été un remède ni contre la connerie ni contre le racisme. La preuve chez certains de nos caciques du Front.
  • Are they so really proud of it? Parce que quand t’entend WAllah – Minh – Tan il a que du sang mélanesien et chinois!
Electron Libre
Electron Libre
Répondre à   Minie
22 mai 2024 14:45

“Ouais…sauf que t’en as beaucoup entendu parler de séparatistes Hawaïens toi activistes auprès de l’ONU ?” Ce n’est pas le sujet. Voilà, tu me donnes la preuve que ce que je t’ai reproché est vrai : tu interviens sur toute occasion pour contredire. Même dans ce contexte; où il s’agit de défendre la France contre les accusations salissantes qui lui sont portées, où je viens défendre la France, tu viens écrire contre moi alors que tu aurais pu t’abstenir puisqu’il s’agit de nous défendre ici. Tu viens encore de prouver : tu n’es qu’une troll. Tu n’es vraiment qu’une petite… Lire la suite »

Dernière modification 1 mois plus tôt par Electron Libre
Electron Libre
Electron Libre
Répondre à   Electron Libre
22 mai 2024 14:56

Et encore, lui n’est pas le plus virulent.   THE COST OF BEING HAWAIIAN : DEFENDING OUR IDENTITY   Christopher Ikaika Molina   A beautiful Polynesian woman sways her hips from side to side, a flower adorning her ear as her hands glide across her body in harmony with the music. She looks like a photograph come to life. Kneeling beside her is a brawny, dark, and handsome man smiling and playing the ukulele. He sings through his gigantic smile a beautiful love song to the dancing girl. After a time, the man stops playing and the woman stops dancing.… Lire la suite »

Minie
Minie
Répondre à   Electron Libre
22 mai 2024 16:15

“Ce n ‘est pas le sujet Encore ? Tu es complètement allumé toi! Pour défendre la présence de la France en NC tu réponds entre autre à ton internaute anonyme américain qu’il n” ya pas que nous mais que les USA exercent “aussi “un ” pouvoir colonial” dans le Pacifique ? Je te cite” je lui ai rappelé que les Etats -Unis sont “aussi ” : un : colonial power” Et tu vois pas la ” ouille ” dans le manou dans ta réponse ? Avec ce “aussi “et “pouvoir colonial “! Ça s’appelle le bâton “pour se faire battre… Lire la suite »

Electron Libre
Electron Libre
Répondre à   Minie
22 mai 2024 16:58

MAIS TA GUEULE LA TROLL !

Dernière modification 1 mois plus tôt par Electron Libre
Minie
Minie
Répondre à   Electron Libre
22 mai 2024 17:03

🤯

Clarkounet Gaybeulounet
Clark
22 mai 2024 12:29

C’est à lire ces pages qu’on voit l’absence de ceux qui agissent et l’hyper-présence des oiseux.

GTC un jour GTC toujours.

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