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Quand France-Info devient France-Faux
Un graphique truqué, une correction encore fausse, et un fou rire national : le service public de l’information devient son propre sujet de désinformation. Quand la “Vérité d’État” trébuche sur un tableur Excel, c’est tout un magistère qui s’effondre.
C’est un simple graphique électoral. Une infographie anodine, diffusée dans une émission de France Info un soir d’automne. Un histogramme mal aligné, des chiffres qui ne collent pas aux barres, des couleurs fausses. Rien, en apparence, qu’une “petite erreur technique”. Mais sur Internet, le ridicule ne se rattrape plus.

En quelques heures, la “bourde” devient un mème national. Les rires fusent, les comparaisons pleuvent : “France Info invente la 6ᵉ République graphique”, “le premier sondage cubiste de l’histoire”. Et soudain, le service public de la Vérité — celui-là même qui distribue les bons points de “fact-checking” et les brevets de moralité — se découvre incapable de produire un diagramme Excel cohérent.
La Pravda en JPEG
Les faits sont simples : France Info a diffusé un graphique mélangeant deux sondages distincts. L’histogramme provenait d’une configuration testant Glucksmann, Attal et Retailleau ; les chiffres, eux, d’un autre scénario avec Hollande, Philippe et Bardella. Résultat : 35 % pour Bardella mais une barre deux fois plus haute que celle de Philippe à 19 %, et 6,5 % pour Hollande avec une barre aussi haute que celle de Mélenchon crédité de 12 %. Un chef-d’œuvre de désinformation involontaire, que la “correction” publiée ensuite par la chaîne a rendu encore plus fausse.

On aurait pu en sourire, si le contexte n’était pas celui d’un Chef de l’Etat menaçant de “supprimer les contenus faux” (sic) sur les réseaux sociaux, et d’un État rêvant d’un “ministère de la Vérité”. Ce jour-là, c’est le ministère lui-même qui s’est pris les pieds dans le tableur.
Quand le clergé rit jaune
Ce n’est pas tant l’erreur qui choque, c’est ce qu’elle symbolise. Le nouveau clergé médiatique — celui qui prêche la raison, la science et la vertu républicaine — vient de perdre son magistère. Car lorsqu’un peuple rit de ses prêtres, c’est déjà la fin de la messe.
Les soixante-huitards qui ont transformé Radio France en citadelle morale devraient s’en souvenir : dans les années 70, c’est eux qui ridiculisaient les Dupont-Lajoie, les Léon Zitrone, les présentateurs compassés de l’ORTF. Ils avaient apporté l’ironie, la subversion, l’esprit libre. Aujourd’hui, leurs héritiers sont devenus les Dupont-Lajoie du logiciel : des petits fonctionnaires parisiens, enfermés dans leurs certitudes, incapables de faire un graphique sans se tromper.
Le Titanic audiovisuel
Selon Médiamétrie, France Inter a perdu près d’un demi-million d’auditeurs en un an. France Télévisions engloutit 4 milliards d’euros chaque année dans un modèle à bout de souffle. France Ô, censée promouvoir la diversité, a été fermée après plus de 450 millions d’euros dépensés en pure perte.
Et NC 1ère, version ultramarine du naufrage, continue de coûter 3,5 milliards XPF au contribuable français — trente millions d’euros par an pour des audiences en baisse et des télénovelas. Tout cela alors que la dette publique explose, que la France mendie des économies, et que les mêmes donneurs de leçons expliquent aux citoyens qu’il faut “faire des efforts”.
Le peuple numérique
Reste que sur les réseaux, la sanction est immédiate. Les internautes n’insultent pas, ils rient. Et ce rire vaut mille procès. Il dissout l’autorité plus sûrement que n’importe quelle censure. Le pouvoir peut légiférer sur “l’anonymat”, “les fake news”, “les algorithmes” : trop tard. Le peuple numérique a pris le contrôle du récit.

Les blagues ont remplacé les éditoriaux, les captures d’écran remplacent les JT. Quand l’humour devient l’arme du réel, le régime du mensonge est déjà condamné.
Dans le contre-budget de Sarah Knafo, la privatisation de l’audiovisuel public devient une évidence économique : 80 milliards € de dépenses publiques en moins, 20 milliards € de prélèvements en moins, et la fin des médias qui coûtent mais ne convainquent plus.
Aux portes du pouvoir, le Rassemblement National réclame depuis des années la privatisation du service public de France Télévision : à quoi bon financer un appareil qui milite contre la moitié du pays ?
Le sens de la chute
On dira qu’il ne s’agissait que d’un graphique, d’une étourderie. Mais tout empire finit par tomber pour une histoire d’échelle :
– celle des barres,
– celle des salaires,
– celle du réel.
Le service public de l’audiovisuel a cessé d’informer ; il se contente de se justifier. La parole libre, elle, se déplace ailleurs : vers les médias indépendants du Web, les plateformes neuves, les voix qui ne demandent plus l’autorisation de parler.
La Vè République se fissure, et son clergé médiatique se ridiculise à l’antenne. Comme jadis la Pravda, les grands médias officiels ne mentent plus : ils se trompent. Et c’est bien pire, car ils ne s’en rendent même plus compte.
“Plus l’effondrement de l’Empire est proche, plus ses graphiques sont faux.”
— Cicéron (s’il avait eu PowerPoint)

En même temps (lol) on a quand même en France, comme Président de la République, un employé de banque qui a épousé sa prof de théâtre…😒
Il se régale, le petit, en ce moment, les commémorations il adore ça, il peut laisser s’exprimer son talent. 😆