Plainte au congrès ?

Ce pourrait être une première au congrès. Les débats au boulevard Vauban sur la délibération permettant à la SMSP de bénéficier d’un dégrèvement fiscal de 2,9 milliards de francs ont été vifs. Si vifs qu’une plainte pour diffamation pourrait être déposée !

On savait que l’examen de ce texte qui fait débat dans la classe politique depuis de longs mois maintenant, susciterait des échanges ardus et sans concession, dans l’hémicycle du congrès. Et de fait, les élus ne se sont pas ménagés durant les prises de parole. Si l’on ne s’est pas échangé des noms d’oiseaux, les propos semblent avoir très largement débordé. Le président du gouvernement a été la cible des critiques et accusé d’avoir offert à la SMSP, et donc aux indépendantistes, un « cadeau fiscal » pour services rendus. Philippe Blaise pour l’UCF a ainsi laissé entendre que c’est à l’occasion du voyage inaugural de l’usine Posco au Congrès, qu’il a été acté entre Calédonie Ensemble et les indépendantistes de faire élire Philippe Germain à la présidence du gouvernement, en échange du dégrèvement fiscal. Pour sa part, Harold Martin, a clairement accusé l’actuel président du gouvernement « d’avoir tordu le cou » des services fiscaux, pour qu’ils autorisent le dégrèvement fiscal dont bénéficie la SMSP.

Plaintes pour diffamation !

Ces propos ont suscité une réaction tout aussi vive de Philippe Germain qui a demandé au président du congrès Thierry Santa, qui a du user de son autorité pour ramener un peu d’ordre dans l’hémicycle, de pouvoir disposer du verbatim des débats, en vue de porter plainte pour diffamation ! Pour le président du gouvernement, avoir été accusé sans preuve ni fait, de concussion, c’est-à-dire de s’être rendu coupable de malversation dans l’exercice d’une fonction publique notamment dans l’usage des deniers publics, peut réclamer une réponse pénale. Si l’on se doutait que, sur cette question politiquement épidermique du dégrèvement fiscal de la SMSP, les uns et les autres ne se ménageraient pas, on ne s’attendait pas à ce que l’affaire prenne cette tournure. Il en est du congrès comme de toute assemblée délibérante, qu’il s’agisse de l’Assemblée nationale ou des conseils municipaux, où les échanges entre élus sont parfois sans concession ni nuance. Cette fois cependant, un cran a été passé et si le président du gouvernement dépose effectivement plainte, comme il l’a laissé entendre, ce serait sans doute une première dans l’histoire de l’institution que des débats au congrès trouvent leur conclusion devant le tribunal.