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Calédosphère

LES CHRONIQUES DE CATON

Ne désespérez pas les Calédoniens !

Dix ans de lutte contre la vie chère pour ne jamais voir le prix de son caddy baisser, ça vous désabuse un consommateur. C’est ce qui se passe pourtant en Calédonie depuis une décennie. Tu m’étonnes ensuite que le peuple rechigne à descendre dans la rue une énième fois pour obtenir que leurs élus enfin aient le courage d’agir. Le peuple estimant que dix ans de confrontation face aux tenants de l’économie de comptoir, cette expression coloniale de l’économie, système artificiel et cadenassé, n’ont abouti à rien, il pleure ses espoirs perdus.

Le MEDEF et des Républicains se réjouissent d’être parvenus à convaincre le peuple que ça ne sert plus à rien de se mobiliser, puisque les rassemblements de 2006, 2011, la grève de 2013 n’ont eu aucun effet. C’est tordre le bras à l’Histoire, car si la TGC/Compétitivité est aujourd’hui en débat, c’est bien parce qu’à un moment donné le peuple s’est levé pour exiger de ceux qui dirigent l’économie depuis des lustres, et dont ils profitent largement, changent de comportement.

La lutte contre la vie chère oppose, dans un combat inégal, la minorité puissante de l’offre à la majorité passive de la demande, la vertu travail contre la vertu des marges. Il y a donc de quoi désespérer les Calédoniens descendus à moult reprises par dizaines de milliers dans la rue, mais dont la détermination s’est fracassée sur la muraille du conservatisme le plus absolu !

Rien ne peut-il vraiment changer dans le pays ? On peut le craindre en effet lorsque des politiques n’entendent pas contraindre ceux qui manient les leviers de la consommation, à faire en sorte que le quotidien du peuple s’améliore. Des politiques qui savent pourtant, comme tout le monde, que des pans entiers de notre économie sont régis par le bon vouloir de quelques-uns parmi les plus riches d’entre nous, et parfois même de France, et que ce n’est pas s’ériger en tenant de la lutte des classes que de déplorer que cette poignée ne veut pas de la réforme ! Il y a quand même dans cette affaire de changement de modèle économique, dont on pressent le caractère historique, un déni de réalité, témoin de ce que certains leaders politiques et économiques n’ont plus de sens commun. Aux aspirations d’un peuple fragilisé et appauvri, ils répondent par un immobilisme indécent par lequel, quoiqu’ils en pensent, ils protègent leurs acquis et leurs privilèges. Alors que la crise s’installe, et que son intensité est à redouter, ils donnent l’impression de n’avoir qu’une seule préoccupation: ne rien changer du système pour faire le maximum de profits.

Le paradoxe calédonien tient au fait qu’ayant acquis une plus grande autonomie politique, nous demeurons dépendant économiquement d’un système hérité de la colonie. Ayant su innover sur le plan politique, la Nouvelle-Calédonie traine comme un boulet ce paternalisme qu’on lui impose et par lequel quelques-uns, qui revendiquent ce droit au nom de je ne sais quelle historicité familiale, entendent décider à la place du peuple pour son bien, y compris par la peur et la menace. Ils prennent le risque anticipateur de la révolte, de s’opposer à l’espoir.

Caton

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CATON

Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"

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Colette Demaria
dawamama
11 septembre 2016 13:06

Il faudrait combien de maraîchers ,et autres agriculteurs de plus pour nous rendre à peu près autosuffisants Je me souviens du temps juste après l’arrivée des boat people ou l’on avait enfin des légumes en toutes saisons . Ils n’avaient que ca pour vivre après leur exode force et je les en remercie du fond du cœur car malgré leur misère ils ont retroussés leurs manches . Mais toute cette terre du côté de StLouis par exemple , vu que j’y passe tous les jours devant ,où on pourrait faire pousser des trucs sympas pour nourrir les gens , regardez… Lire la suite »

Colette Demaria
Colette Demaria
1 septembre 2016 22:33

C’est pas bon tout ça quand un peuple demande une baisse des prix ,
Après il descendra dans la rue parce qu’il a faim , d’ailleurs il y a des gens qui ont rellement faim dans ce pays en ce moment . Le prochain stade c’est quoi d’après vous ?
Réponse : L’émeute , replongez-vous un peu dans les livres d’histoire .

Jean-Gabriel Lion
Jean-Gabriel Lion
31 août 2016 21:24

Si on n’obtient pas la baisse des prix, quel qu’en soit la procédure appliquée, il ne ne restera plus qu’un seul moyen: LES URNES ! On n’attendra pas 2018 pour s’exprimer (les métropolitains aussi): en 2017, il y aura les législatives. Même si de nombreux calédoniens n’ont pas le même intérêt pour cette élection que celles typiquement locales, les résultats des législatives seront un début de réponse à toutes ces manigances calédoniennes. En métropole, les français en ont ras-le-bol de l’immigration laxiste et excessive… Ils donneront leur réponse en votant pour Marine Lepen. En Calédonie, le Peuple en a ras-le-bol… Lire la suite »

josé Paldir
josé Paldir
31 août 2016 19:48

mais pourquoi tant de désespoir
Pau Langevin démissionne pour se recaser avant le naufrage du Titanic;Tout est possible ,il suffit d’attendre la visite de la nouvelle ministre ,en plus c’est une réunionnaise ,donc une spécialiste d es requins-:)
tiens à propos encore un qui s’est fait bouffer à la réunion ce fumier de requin il est passé par un trou de 5 m dans le filet de protection de Boucan canot ( avec un nom pareil)
Au fait à Bourail le filet ça avance?

oups
oups
31 août 2016 17:11

Pourtant on accepte de payer les billets d’avion les plus cher du monde? pourquoi? pour faire voler des équipages 100% local avec une bonne paye locale dans une entreprise locale. c’est pareil pour plein de produits surtaxés à l’entrée parce qu’il y a production locale. c’est pour faire travailler les locaux. Alors Oui à l’ouverture totale de l’import sans surtaxes oui à favoriser la concurrence en supprimant les protection de marché. Et après on voit. oui à faire sauter l’Ocef qui s’octroie le marché de Nouméa, oui à pouvoir faire venir sa viande de brousse légalement. oui à l’ouverture totale… Lire la suite »

Truc Machin
Truc Machin
Répondre à   oups
31 août 2016 22:21

Oups, qui fait le prix de la salade ??? Le producteur et/ou les gros sites et revendeurs ???
Quand aux producteurs, fabriquants, transformateurs et autres fournisseurs de services si ils ferment tu imagines les milliers d’emplois perdus ???
Ça leur fera une belle jambe de payer peut-être moins un truc dont ils n’auront pas le premier franc…!!!

Oups aucun pays au monde ne peut vivre sans avoir un outil productif…

oups
oups
Répondre à   Truc Machin
1 septembre 2016 06:01

t’es en train de virer, de nous expliquer maintenant qu’il vaut mieux payer plus cher quelque chose au lieu d’avoir des tonnes de chômage. en plus t’a pas vraiment vu le piège et tu y a sauté à pied joint. donc nous y voila. certains on le droit de vendre cher , c’est pour la bonne cause et d’autres non. Globalement le FINC et les autres. Comme il faut que l’on ailles vers l’auto suffisance alimentaire, volonté politique affichée, cela promet. Mais je suis d’accord avec toi, mieux vaut moins de chômage et quand c’est trop cher ne pas acheter… Lire la suite »

apox
apox
31 août 2016 16:02

Ce que “Guigou” a dit c’est la vérité. Et le problème c’est les “descendants” politiques de J.L. en veulent autant, faire comme J.L., mais voilà, c’est difficile pour des loups de se bouffer mutuellement.

Guigou
Guigou
31 août 2016 14:52

Ça alors! La minorité de l’offre rackette la majorité de la demande. Grâce à qui? Les politiques qui mettent en place des quotas, des protection de marché, limitent l’ouverture de grandes surfaces, empêchent la concurrence de s’installer. Lafleur en son temps n’avait-il pas tout fait pour s’assurer une nob concurrence absolue à son McDo? Quand quick s’est installé, n’a-t-il pas alors négocié de nouveaux emplacements pour ses McDo comme condition d’autorisation pour le quick? Mais qui met donc en place ces fameux politiques? N’est-ce pas cette fameuse majorité de la demande? Qui vote depuis plus de 30 ans pour les… Lire la suite »

Guigou
Guigou
Répondre à   Guigou
31 août 2016 15:00

Que de fautes, que de fautes… Écrire sur son téléphone et ne pas se relire est un de mes grands défauts, j’en suis bien désolé.

Truc Machin
Truc Machin
Répondre à   Guigou
31 août 2016 22:25

Guigou, t’as commis deux ou trois amalgames même l’idée n’est pas totalement fausse…
Cela dit McDo c’est pas JL mais Patrick Lafleur…

Truc Machin
Truc Machin
Répondre à   Truc Machin
1 septembre 2016 00:26

…”mais l’idée”, et pas “même l’idée”

Nessy Locdulac
Nessy Locdulac
Répondre à   Truc Machin
4 septembre 2016 21:47

Les fantômes n’ont plus voie au chapitre… les descendants; oui.

Guigou
Guigou
Répondre à   Guigou
1 septembre 2016 09:41

Tiens, on va favoriser la concurrence en autorisant un nouveau géant à s’installer à dumbea sur mer.
Ça c’est malin dis donc!

En vertue de la loi “anti-trust” le groupe GBH va donc en échange de 11000m² à dumbea sur mer, céder 4500m² à la concurrence.

Personnellement, je doute que cela favorise la concurrence…

http://www.ncpresse.nc/Un-hyper-a-Dumbea-sur-Mer_a5714.html

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