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Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron va-t-il annoncer la libre circulation de l’euro ?

Le chef de l’État sera en Nouvelle-Calédonie et dans le Pacifique la semaine prochaine pour évoquer l’avenir institutionnel de l’archipel et conforter la place de la France dans la région. Mais alors que la Nouvelle-Calédonie connait une nette contraction de son économie, il se murmure du côté de l’Elysée qu’Emmanuel Macron pourrait faire une annonce importante impactant l’avenir de l’économie calédonienne. En effet, afin de diminuer la fuite des capitaux du territoire (estimés à 250 Millions d’euros/an), l’Etat autoriserait la libre-circulation de l’euro en Nouvelle-Calédonie… Point d’étape et explications.

Un problème sans solution est un problème mal posé.”  Albert Einstein

Politiquement et s’agissant de l’avenir institutionnel, la tâche d’Emmanuel Macron est assez simple. Tout d’abord, il va lui falloir trouver les mots et les arguments pour remettre les leaders indépendantistes autour de la table des négociations. Ensuite, il devra annoncer les étapes du calendrier institutionnel et législatif qui aboutiront à la réunion du Parlement à Versailles et ce afin de modifier la constitution (notamment pour mettre fin au gel du corps électoral). Diplomatiquement, le Chef de l’Etat doit rappeler aux petites et aux grandes nations voisines que la France est une puissance présente dans le Pacifique. Faisant de Nouméa sa base arrière, le chef des armées entend y élire domicile plusieurs jours durant lesquels il se rendra d’abord au Vanuatu (une première pour un président français depuis de Gaulle en 1966), puis en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Au cabinet de l’Elysée, on explique qu’il y déclinera sa « stratégie Indo-pacifique » pour « réengager la France » et « proposer une alternative » aux ambitions de la Chine et des États-Unis dans cette partie du monde. Comme il se doit, des annonces sur l’aide au développement et sur le soutien face aux catastrophes naturelles sont attendues. Mais, mise à part un gros chèque, qu’en est-il des solutions à apporter face à la situation économique et budgétaire calédonienne ?

Une économie calédonienne sur-administrée et en récession

Car dans de très nombreux pays, la fin des restrictions imposées durant la crise sanitaire a entrainé un rebond de leur économie. Ce fut le cas en France (+6,8% du PIB), mais aussi chez nos voisins de la Polynésie Française (+2,4% du PIB), notamment grâce à la réouverture des frontières et au retour des touristes. Malheureusement, la Nouvelle-Calédonie apparait, dans la région Pacifique comme dans l’espace Français, comme un contre-exemple en la matière puisque le PIB du territoire a continué à reculer en 2021 (-2,1% PIB). En effet, épidémie ou non, l’économie du territoire se contracte sans discontinuité depuis 2018. Ajoutée à l’augmentation continuelle des dépenses publiques et des charges de la dette, cette contraction impacte prioritairement le secteur privé qui ne représente plus que 37,8% du PIB calédonien (contre 50% au début des années 2000). Résultat : le territoire emploie toujours davantage de fonctionnaires mais produit toujours moins de richesses et le déficit de notre balance des paiements augmente. Dernièrement, l’IEOM a établi que « dans ce contexte d’instabilité, le déficit des transactions courantes, 34,8 milliards FCFP (290 millions d’euros), soit 3,4 % du PIB, se dégrade légèrement en raison de l’augmentation du déficit commercial des biens et des services ». Ainsi, la Nouvelle-Calédonie perd actuellement environ 3% de richesse en moyenne chaque année (ce qui explique le fameux déficit annuel de 30 milliards de francs CFP que le gouvernement n’est plus en capacité de résorber).

Les causes du problème : la dépopulation et l’augmentation de la dépense publique

Environ 30.000 personnes ont quitté la Nouvelle-Calédonie depuis 2015 et seulement 10.000 personnes environ s’y sont installées dans le même laps de temps. L’ISEE.NC a ainsi révélé le mois dernier que 3215 habitants ont quitté définitivement le caillou en 2022. La population calédonienne s’établit ainsi, au premier semestre 2023, à environ 268 510 personnes (sources : ISEE.NC/rubrique démographie), soit autant qu’en 2014. Un chiffre que nul ne rend public puisqu’il prouve à lui seul l’état pour le moins désastreux dans lequel se trouve le territoire. Mais alors que la population baisse, que la consommation ralentie et que l’économie se contracte, la fonction publique continue à croitre comme si de rien n’était d’environ 3% à 5% chaque année depuis la signature de l’Accord de Nouméa.

Parallèlement, l’ISEE a révélé qu’en 2017 la fonction publique calédonienne dépensait 265 milliards pour exercer ses missions (sources : ISEE.NC, rubrique finances publiques). Cependant, cette année, le congrès de la Nouvelle-Calédonie a voté un budget global de fonctionnement de 311 milliards. Cela signifie qu’en l’espace de cinq ans, la fonction publique calédonienne a cru de +28% alors que la population du territoire a diminué en valeur absolue et que le PIB a connu une contraction de l’ordre de 2% par an depuis la crise sanitaire. Des écoles ferment, on ne construit plus de nouveaux services publics mais les impôts augmentent… L’explication est simple : nos services publics et les prélèvements obligatoires qui en dépendent sont prévus pour environ 300 000 personnes alors que nous ne sommes plus que 268 000 (c’est pourquoi les salles de classes se vident ou ferment, notamment à Nouméa).

Des solutions au problème calédonien : la baisse des dépenses publiques OU l’augmentation de la population

Jusqu’ici résiliente, l’économie calédonienne est désormais en « repli », comme l’a récemment déclaré le directeur de l’IEOM. Et, face à la dépopulation, à la crise des finances publiques et à l’effet domino sur les comptes sociaux, les solutions sont à la fois simples à comprendre mais particulièrement difficiles et lentes à mettre en œuvre. Elles consisteraient en effet sur le long terme à accroitre la population calédonienne (et donc le nombre d’actifs et de contribuables via la politique familiale et/ou via l’immigration) et, sur le moyen terme, à diminuer de 10% les dépenses publiques (soit environ 30 milliards Fcfp/an). Mais que faire à court terme ?

Y’ann pièce !

Alors que la CLR (Caisse Locale de Retraite) est au bord de la cessation de paiement, il apparait évident qu’aucun épargnant calédonien n’est assez fou pour placer ses économies dans un fonds ou une structure qui serait entièrement ou même partiellement administré par la fonction publique locale. Pour autant, le secteur privé (et en premier lieu le secteur bancaire) manque quant à lui cruellement de fonds et de capitaux d’investissement à mettre à disposition du tissu économique. C’est la raison pour laquelle, l’IEOM a dû, durant la crise sanitaire, injecté dans l’économie calédonienne pas moins de 120 milliards FCFP, soit 1 milliard d’euros pour « refinancer » notre économie. Mais, face à l’inflation qui s’installe, cette politique ne peut plus perdurer. Alors comment faire pour attirer des capitaux ou pour éviter qu’ils ne partent de Nouvelle-Calédonie ?

Liberté de circulation de l’euro pour rassurer les investisseurs et les épargnants ?

Comme les candidats indépendantistes le rappellent avant chaque élection, on estime à environ 250 millions d’euros (soit 30 milliards FCFP) les capitaux qui s’échappent du caillou chaque année. Les Calédoniens placent en effet une partie de leur argent ailleurs pour diverses raisons : retraites, assurance-vie, placements financiers ou immobiliers, etc… Et ils le font généralement parce que, lorsqu’il s’agit de leur propre argent, les Calédoniens n’ont aucune sorte d’humour. Ils placent donc leurs économies le plus loin possible du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et surtout d’une éventuelle dévaluation du franc CFP (que l’indépendance du territoire aurait rendu inéluctable). Or, si le sujet est bien connu au sommet de l’Etat, il apparait selon plusieurs sources que l’Elysée s’intéresserait à une solution qui aurait l’avantage de ne rien couter – en cette période c’est assez rare – et surtout qui ne brusquerait ni les indépendantistes, ni les consommateurs calédoniens : à savoir l’établissement de la libre-circulation de la devise européenne.

Tout état peut en effet autoriser sur son territoire la libre-circulation d’autres devises que celle qui a officiellement cours. Et si l’émission de la monnaie est une compétence régalienne qui relève exclusivement de l’Etat (via l’IEOM), celui-ci peut modifier les règles inscrites dans le code monétaire et financier, sans remettre en cause l’existence et la circulation du « Franc des Collectivités Françaises du Pacifique ». Ainsi, une loi soutenue par le Gouvernement (ou bien par des parlementaires) et soumise à l’Assemblée Nationale permettrait de rendre possible l’ouverture de comptes en euros pour les particuliers et les entreprises calédoniennes. A l’instar du Kosovo, d’Andorre, de Saint-Marin ou encore du Monténégro, l’euro pourrait alors circuler librement sans pour autant être la monnaie « officielle » laquelle resterait, en Nouvelle-Calédonie, le franc CFP. Naturellement, l’objectif pour l’Etat serait double : d’une part il s’agirait d’arrimer un peu plus la Nouvelle-Calédonie à la zone Euro (et donc à l’Union Européenne) et, d’autre part, de diminuer drastiquement les fuites de capitaux afin de refinancer les banques locales et ce sans passer par la planche à billet de l’IEOM. En effet, parmi les Calédoniens qui placent leur épargne à l’étranger, combien le font par intérêt et combien le font simplement par crainte de voir le franc CFP être dévalué ? Une chose est certaine, si le Président de la République prônait la libre-circulation de l’euro et sécurisait ainsi l’épargne des Calédoniens sur le sol calédonien, il est plus que probable de voir apparaitre de nouvelles offres de placements et donc de voir diminuer ces fameux flux sortants de capitaux qui, in fine, appauvrissent le territoire.

*     *

*

Le passage à l’euro et les trois territoires français du Pacifique: La convertibilité illimitée du Franc CFP s’établit à travers un compte d’opérations ouvert au nom de l’IEOM dans les livres du Trésor Public. Elle libère ces territoires de la contrainte économique externe de la défense de la parité de la monnaie. Les déséquilibres macroéconomiques, tels que (déficit commercial, déficit courant, etc.) sont donc financés par l’Etat français via les transferts publics qui permettent d’équilibrer la balance des paiements en rééquilibrant l’offre et la demande de franc CFP.

La Polynésie Française et la Nouvelle-Calédonie remplissent la plupart des critères d’une zone monétaire optimale pour pouvoir intégrer l’Union Monétaire Européenne, à savoir l’intégration économique et financière avec la métropole, via les transferts publics, et l’intégration commerciale. Les critères endogènes sont également respectés, en particulier la crédibilité de la Banque Centrale (IEOM). Les critères manquant à ces territoires incluent une faible flexibilité des prix et des salaires, une faible mobilité du facteur travail ainsi qu’un manque de diversification de la production.

Le passage à l’euro nécessite un accord unilatéral de ces trois territoires français du Pacifique. En cas d’accord de ces trois territoires pour adopter l’euro, le processus de transfert des compétences monétaires de la France vers l’Union Européenne prendrait alors au minimum trois ans.

La Polynésie s’est exprimée favorablement au passage à l’euro en 2006. Depuis elle attend l’accord des deux autres collectivités.

Wallis et Futuna attend que la Nouvelle-Calédonie donne son accord.

La Nouvelle-Calédonie attend que les indépendantistes donnent leur accord.

Les indépendantistes attendent on-ne-sait-quoi. Parallèlement, ils s’apitoient sur le fait que des capitaux fuient la Nouvelle-Calédonie… Mais qui cela étonne-t-il ?

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Mark Felt

Responsable de projet dans une boite de communication de la place, comme son pseudo « Mark Felt » il est celui qui va permettre de débusquer un sujet et mener l’enquête jusqu’à sortir l’info qu’on ne trouvera nulle part ailleurs. Organisé, méticuleux et jusqu’au-boutiste, il contribue de façon sporadique au média uniquement sur des dossiers sur lesquels il a accumulé suffisamment de documents probants. Son crédo : « J’essaie d’intéresser à ce qui m’intéresse »

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Electron Libre
Electron Libre
8 novembre 2024 08:10

Emmanuel Macron : “ On ne veut pas déléguer pour l’éternel notre sécurité aux Etats-Unis”

C’est marrant, c’est ce que Trump pense depuis longtemps…

Alika Antitra
Alika Antitra
22 juillet 2024 16:14

https://www.kcra.com/article/trump-statement-bidens-exit-presidential-race/61656374

Extrait :
And now, look what he’s done to our Country, with millions of people coming across our Border, totally unchecked and unvetted, many from prisons, mental institutions, and record numbers of terrorists. We will suffer greatly because of his presidency, …

Suivez mon regard …

Inforétif
Inforétif
Répondre à   Alika Antitra
24 juillet 2024 02:31

And now, look what he’s done to our Country, with millions of people coming across our Border” etc…

Trump a fait mieux lors de sa présidence (que nous espérons dernière) ?

Clarkounet Gaybeulounet
Clarkounet Gaybeulounet
Répondre à   Alika Antitra
24 juillet 2024 08:19

Trump a fait beaucoup moins bien qu’Obama malgré tout le barouf…

Par contre cet enculé de blond à l’oreille percée a freiné la migration LEGALE pour faire écran… C’est plus facile…

explusion trump.jpg
Electron Libre
Electron Libre
Répondre à   Alika Antitra
24 juillet 2024 17:30

C’est vrai; la politique de Biden de “frontières ouvertes”, les nombreux faits divers sordides et crimes de sang associés à ces entrées massives, y compris de jeunes hommes tatoués issus de gangs du Vénézuela, du Guatemala, ont laissé des traces. Et l’affaire, qui a été documentée, de ces migrants qu’on embarque en avion quelque part dans le Sud et qu’on a éparpillés discrètement dans les Etats du nord, déposés dans des aéroports secondaires, de nuit, puis dispatchés dans des structures. Et l’histoire de cet hôpital d’une petite ville du Texas — j’ai lu ça il y a quelques semaines j’ai… Lire la suite »

Dernière modification 3 mois plus tôt par Electron Libre
Electron Libre
Electron Libre
Répondre à   Alika Antitra
25 juillet 2024 07:39

Tiens Alik, tu vas apprécier :

https://youtube.com/watch?v=Scup3cjVl5M

Alika Antitra
Alika Antitra
Répondre à   Electron Libre
26 juillet 2024 19:01

Electron : “Tiens Alik”

En retour :

https://www.youtube.com/watch?v=X_WN1ZNeTBw

Alika Antitra
Alika Antitra
14 juin 2024 14:51
Dernière modification 5 mois plus tôt par Alika Antitra
Clarkounet Gaybeulounet
Clarkounet Gaybeulounet
14 juin 2024 10:24

La Gauche et la Droite radicales ont le bon épouvantail avec Macron et son gouvernement pour faire illusion.

Quand Macron va se retirer, on verra la vérité.

Et même si l’un ou l’autre gagne les législatives, Macron sera toujours là, avec l’un ou l’autre au gouvernement, en cohabitation.

Et ça va vitre déchanter.

Les clébards qui se gueulent dessus de chaque coté de la barrière ne sont plus pareil quand la barrière s’ouvre…

https://www.dailymotion.com/video/x5cn3g6

LedZep4096
LedZep4096
Répondre à   Clarkounet Gaybeulounet
14 juin 2024 13:27

Clark “Et même si l’un ou l’autre gagne les législatives [“La Droite” vs “La Gauche”], Macron sera toujours là, avec l’un ou l’autre au gouvernement, en cohabitation.” “Les clébards qui se gueulent dessus de chaque coté de la barrière ne sont plus pareil quand la barrière s’ouvre… [ https://www.dailymotion.com/video/x5cn3g6 ]” 👍👍👍 Proverbe Arabe (?). Un autre من لف لفهم أو لفهم [connu de tous] : “Les chiens aboient, la caravane passe”. Face à la réalité vraie, il feront quoi “les gars de la Marine” ou ceux du “Méchant Con”, aux manettes de l’Hexagone ? Comme tout le monde face aux… Lire la suite »

Dernière modification 5 mois plus tôt par LedZep4096
ditou
ditou
13 mai 2024 20:36

Ce soir le haut commissaire, a bien parlé d’un couvre feu. Si la situation persistait.

ditou
ditou
8 mai 2024 14:40

Si l’on parlait un peu de nos indépendantistes, qui vivent dans un autre monde que le notre. Si l’on lit cette article ci dessous. Ici se serait Kanaky et depuis quand la Calédonie a t elle changé de nom?. En fait jamais. Cette élucubration n’a pas été validé par la France, ni le parlement. https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/noumea/ici-c-est-kanaky-scandent-les-militants-de-la-ccat-dans-les-quartiers-sud-de-noumea-1486445.html Dois je rappeler l’affaire justement concernant ce nom de kanaky qui a trouvé porte fermée en France. Et dont le GOA voulait à l’époque, ( voir article sur calédosphere intitulé Goa voudrait obtenir de l’état le nom de kanaky nouvelle calédonie de 2018), demander lors… Lire la suite »

ditou
ditou
8 mai 2024 14:32

Si l’on parlait un peu de nos indépendantistes, qui vivent dans un autre monde que le notre. Si l’on lit cette article ci dessous. Ici se serait Kanaky et depuis quand la Calédonie a t elle changé de nom?. En fait jamais. Cette élucubration n’a pas été validé par la France, ni le parlement. https://la1ere.francetvinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/noumea/ici-c-est-kanaky-scandent-les-militants-de-la-ccat-dans-les-quartiers-sud-de-noumea-1486445.html Dois je rappeler l’affaire justement concernant ce nom de kanaky qui a trouvé porte fermée en France. Et dont le GOA voulait à l’époque, ( voir article ci dessous de 2018), demander lors des négociations de sortie de l’accord de Nouméa. Aujourd’hui ces négociations n’ont… Lire la suite »

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