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De J’accuse à Je m’incline
Lettre à la gauche qui a gagné… en devenant ce qu’elle combattait.
On ne peut plus nommer un juge. On ne peut plus douter d’un tribunal. On ne peut plus critiquer sans être soupçonné de blasphème. En 1898, Zola accusait l’État, l’armée, la justice — et la gauche l’encensait. En 2025, cette même gauche s’incline. Et le droit de critiquer meurt avec elle.
Le 13 janvier 1898, un homme osa. Il osa nommer, accuser, déchirer le silence et rompre l’ordre moral de son temps. Il s’appelait Zola. Il nommait les juges, les chefs d’état-major, les ministres. Il révélait les noms. Il accusait non pas dans l’ombre, mais à la lumière crue de l’illégalité. Et c’est parce qu’il s’y exposait, parce qu’il savait ce qu’il risquait, qu’il fut célébré. Il n’accusait pas pour gagner. Il accusait pour servir.
Cent vingt-sept ans plus tard, nous voilà sommés de ne plus accuser. Sommés de nous taire. Sommés d’admirer l’indépendance supposée d’une magistrature qui, de l’intérieur, s’est mise au service d’une cause. Qu’on le dise sans détour : l’idéologie a remplacé la justice, et la morale d’appareil s’est substituée à la liberté de critiquer.
On ne peut plus dire qu’un juge est militant. On ne peut plus s’étonner qu’il ait été inspiré par une ancienne candidate écologiste. On ne peut plus interroger, ni même soupirer. On oublie que la justice, dans notre droit, n’est pas un pouvoir mais une autorité. Elle n’est ni hors-sol, ni sacrée. Elle ne siège pas au-dessus de la nation, mais en son nom. Elle ne doit pas exiger la révérence, mais accepter la critique.
Pour autant, la nouvelle religion interdit le blasphème. Et dans cette liturgie, l’État n’est plus neutre : il est un clergé.
L’histoire est un boomerang.
Celle qui se voulait la gauche de Zola, des lanceurs d’alerte et des contre-pouvoirs, est devenue la gauche de l’ordre judiciaire, des tribunaux sanctifiés, et des juges intouchables. En 1898, elle conspuait l’ordre, l’État, la justice. En 2025, elle les incarne tous. Et les protège. De tout. Surtout de la critique.
Alors oui, la gauche a gagné et domine. Mais à la manière de ces empires qui, après avoir conquis le monde, finissent par se transformer en forteresses paranoïaques. Elle a gagné, car elle est devenue l’ordre. Elle a perdu, car elle en subira la colère.
Il faut entendre ce que disent aujourd’hui ces légions de petites âmes obscures, qui s’inquiètent de ne plus pouvoir rien dire. Ce n’est pas la défense d’un programme, ni même d’un parti. C’est une protestation plus sourde, plus vitale : celle de ne pas être réduit au silence quand les puissants parlent. Celle de garder ce vieux droit français de penser que la justice, elle aussi, est une affaire humaine, faillible, perfectible. Qu’on peut la rendre sous un chêne… ou à la manière d’un gland.
Le totalitarisme ne commence jamais par des chars.
Il commence par des injonctions à se taire. À ne pas critiquer. À ne pas interroger. À respecter des figures non élues parce qu’elles portent des robes, ou qu’elles rendent des arrêts. Mais il ne s’agit plus ici de respect : il s’agit de révérence obligatoire. Et cela, Zola ne l’aurait pas toléré.
Je n’écris pas ici pour défendre Marine Le Pen. Elle n’est qu’un prétexte. Ce que je défends, c’est le droit ancien et sacré d’un peuple à interroger ses juges, ses clercs, ses puissants.
Quand on ne peut plus accuser, alors on ne peut plus parler.
Et quand on ne peut plus parler, alors il ne reste plus qu’à s’incliner.
« J’accuse » est devenu « Je m’incline ».
C’est ainsi que meurt l’esprit de Zola, dans le silence poli de ceux qui l’ont trahi en croyant l’honorer.
SIRIUS

Sirius “On ne peut plus nommer un juge. On ne peut plus douter d’un tribunal. On ne peut plus critiquer sans être soupçonné de blasphème. En 1898, Zola accusait l’État, l’armée, la justice — et la gauche l’encensait. En 2025, cette même gauche s’incline. Et le droit de critiquer meurt avec elle.” Comment pouvez-vous établir un parallèle entre l’affaire du capitaine Alfred Dreyfus, teintée d’Antisémitisme et celle, de Marine Le Pen qui traite d’un détournement de fonds publics (près de 500 millions de francs CFP), en particulier au détriment du Parlement Européen par des margoulins à la solde de la… Lire la suite »