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120 milliards pour acheter le silence d’un pays
L’État a donc prêté 120 milliards à la Nouvelle-Calédonie, à 4,2 % d’intérêt. La moitié de cette somme servira à financer les collectivités locales. Ce n’est pas un plan de sauvetage, c’est un protocole de prolongation. Prolongation de la dépendance, du flou, et surtout d’un système politique dont plus personne ne croit ni au courage ni à la décence. Encore un an, Monsieur le bourreau…
Le prêt Valls : un acte de perfusion, pas de refondation
Le chiffre est officiel : 120 milliards de francs CFP. Versés par l’Agence Française de Développement. Sur 25 ans. Taux d’intérêt : 4,2 %. Coût total pour la Nouvelle-Calédonie : 155 milliards de francs CFP. Un chiffre en apparence technique. En réalité, une déclaration politique. Et pour que chacun comprenne ce que cela signifie vraiment : c’est 600 000 francs CFP d’impôts supplémentaire par adulte calédonien vivant aujourd’hui. Et pour les générations à venir, c’est encore plus cruel : depuis la signature de ce pacte du Valls, chaque enfant qui naît sur notre sol – et jusqu’à 2050 – héritera d’une dette de 1,37 million de francs CFP.
Autrement dit, nos dirigeants ont emprunté au nom de ceux qui ne sont pas encore là, pour continuer à vivre une seule année comme si tout allait bien. Car ce n’est pas un investissement pour demain, c’est un paiement pour hier. Un étalement de dettes politiques accumulées, une méthode pour ne pas tomber, mais sans jamais se relever. Loin d’être un coup de pouce, c’est une mise sous tutelle à peine masquée.
Et pendant que les communicants félicitent l’Etat pour son soutien, d’autres savent lire. Le même Etat prête à taux zéro à des nations africaines ou asiatiques. Mais à un territoire français, fidèle, meurtri, fracturé, on applique 4,2 %. Pourquoi ? Parce qu’ici, on peut tout se permettre. Le passif n’intéresse personne. Le peuple n’est qu’un marché captif.
En échange du prêt, une année de silence
Ce prêt n’a pas servi à relancer. Il a servi à retenir. Retenir la chute, retenir la vérité, retenir les critiques. Il fallait une année de paix. On l’a achetée. A 120 milliards. Les grandes réformes ont disparu. Les boussoles politiques aussi. L’économie est sous perfusion, la jeunesse sous tension, les familles sous assistance. Pendant que d’autres empilent les cycles — Bornes, Darmanin, Valls — nous avons cessé de croire que le bruit remplaçait l’Histoire.
Ce prêt n’est pas une aide. C’est une capitulation masquée en assistance. On ne peut pas relever un pays en le couchant sur un matelas de dette. On ne peut pas restaurer l’initiative en remplaçant la volonté par la perfusion. Ce que d’aucuns appellent “soutien” n’est que l’habillage d’un renoncement collectif : celui de croire qu’un peuple peut grandir sans produire, sans épargner, sans décider. Et qu’il suffit de ruiner ceux qui tiennent debout pour redonner force à ceux qui vacillent.
Les cinq visages du système reconduit
Ce prêt n’est pas tombé du ciel. Il a été négocié, préparé, présenté — puis validé — par des hommes qui connaissent mieux que quiconque les rouages du gouvernement et les défaillances budgétaires des dix dernières années. Ils savent à quoi a servi l’argent. Ils savent qui a signé quoi. Et ils savent qu’ils resteront. Comme il existe les intouchables en Inde, ils sont les invirables de la Calédonie. Chacun à sa manière, ils prolongent le silence que le prêt achète :
Le ministre PowerPoint
Technocrate d’ambiance, réformateur sans réforme. Il parle comme on déroule un projet : slides, slogans, sérénité. Mais derrière les formules toutes faites (« chemin social », « attractivité fiscale »), il n’y a ni boussole, ni courage. Il se vante, puis s’excuse, puis accuse l’État, puis le remercie. Son art : transformer l’inaction en communication. Les patrons font mine de l’écouter, les élus de le croire. Il donne l’illusion qu’il gouverne. En réalité, il meuble la vacuité.
Le simulateur de stratégie
Émissaire sans navire, stratège de salon. Toujours en mission ou en transit, souvent absent, il préfère les conférences à la cohérence. Il parle souveraineté, culture, émancipation, mais fuit les responsabilités concrètes. Même chez les siens, on s’interroge : à quoi sert-il vraiment ? Il ne défend pas un projet. Il défend l’idée qu’il en a eu un. Généralement, en courant.
Le Piroguier sirupeux
Océanien à la rame douce, évangéliste du flou. Il vogue d’île en île politique, au gré des courants. Hier indépendantiste, aujourd’hui ministre, demain peut-être médiateur coutumier ou loyaliste. Il parle d’îlots, de ponts, d’altérité féconde, d’innovation sociale… mais ne gouverne rien. Son verbe est doux, ses phrases longues, ses métaphores apaisantes : un sirop verbal pour masquer la stagnation. Il est la version tropicale du “En même temps“. Un piroguier du consensus liquide.
Le recyclé politique
Ancien président revenu sans dessein. Il a eu le pouvoir. Il n’en a plus ni la volonté, ni la légitimité. Il gère les comptes comme on gère un déclin : en reportant l’échéance, en contenant les crises. Il incarne le loyalisme à bout de souffle, celui qui fait semblant d’attendre un destin. Il fut président. Il est devenu fonctionnaire de son ancien rang.
Le chef d’appareil déguisé en coutumier
Maire discret, stratège silencieux, ancien milicien planqué, homme de pouvoir sans dessein. Derrière ses appels à l’apaisement, il joue l’appareil administratif contre la coutume qu’il prétend servir, sans l’avoir jamais respecté. Transports publics, tunnel, aérien… tout ce qu’il touche s’effondre. Il ne construit rien. Il reste, attend, et regarde les structures s’écrouler. Il partira certainement le dernier, mais il n’éteindra pas la lumière : elle ne fonctionnera déjà plus.
Tonnerre dans le silence
Ce prêt ne sauve rien. Il prolonge le naufrage. Il repousse le crash, sans jamais viser le ciel. Il ne traite ni les peurs, ni les fractures, ni les mensonges. Il signe l’échec d’une classe, d’une méthode, d’une illusion. Les Calédoniens, eux, paieront. En impôts, en exil, en résignation.
Mais ceux qui se taisent aujourd’hui seront regardés demain comme les derniers gestionnaires du vide. Ceux qui ont transformé une dette financière en faillite morale. Ce n’est pas un accord. C’est une capitulation à crédit. Et pourquoi tous nos élus l’ont elle signée vous demandez-vous ? Tout simplement parce que, durant plus de quinze ans, ils ont dépensé plus que ce qu’ils nous ont spolié.
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« Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l’épargne.
Vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort.
Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur.
Vous ne pouvez pas favoriser la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes.
Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche.
Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous ne gagnez.
Vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance.
Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant pour eux ce qu’ils pourraient et devraient faire eux-mêmes. »
— Pasteur William J. H. Boetcker, 1942

Imaginez un instant que la France, financièrement exsangue, revende un jour cette dette à la Chine, qui se ferait un plaisir de la racheter.
Et si le prêt avait été refusé on aurais fait comment? Et que dire des subventions état qui ont été données lors des années précédentes? Là c’était du gratuit, gaspillé illico presto. Et que dire de la réforme et simplification de la TGC que les élites refusent ouvertement de faire. Combien de perte tous les ans au nom du “donner du pouvoir d’achat” mais qui ne donne rien. Combien à coûtée l’instauration de cette TFC en perte pour les finances publique jamais compensée qui pourrait minimiser cette demande de prêt. Tout doit toujours être don pour la Caledonie quand les… Lire la suite »
Oui mais en échange l’Etat obtient quoi ?
Nogius “Oui mais en échange l’Etat obtient quoi ?” Que le soleil ne se couche jamais sur l’Ensemble Français. Avec les Outremers, l’Ensemble Français représente la deuxième puissance maritime mondiale après les USA. https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/281092-la-france-une-puissance-maritime “La France possède le deuxième domaine maritime mondial, après les États-Unis. Le contrôle et la surveillance d’espaces maritimes de plus de 10,2 millions de km², répartis sur tous les océans, représentent autant d’enjeux économiques que stratégiques.” “Forte de ses départements d’outre-mer, de ses collectivités d’outre-mer, de ses Terres australes et antarctiques, la France possède des côtes d’une longueur de trait de 18 450 km dont 5… Lire la suite »