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Calédosphère

LES CHRONIQUES DE CATON

Clara et les sales types

La mésaventure survenue à la jeune Clara et l’écho qu’elle a suscité sur les réseaux sociaux est emblématique de l’état de la société calédonienne de 2015. Pourquoi suscite-t-elle autant d’attention ? Parce que la dose d’inconscience mâtinée de courage dont a fait preuve cette jeune fille provoque l’intérêt bien sûr, l’admiration et l’envie, mais surtout cette impression qu’en agissant ainsi, et cette impression est sans doute fausse, nous pourrions régler bien des problèmes.

Cela étant, la vérité qu’elle dessine a de quoi nous désespérer. L’inaction des forces de l’ordre, le silence de la justice, l’inexistence des coutumiers, l’absence des parents, la carence des politiques et finalement la disparition à Saint-Louis de toute structure permettant de croire à des changements sont extrêmement significatifs. Cependant, est toute aussi désespérante, cette croyance populaire et vaine qu’un coup de karcher sur la tribu réglerait les problèmes. Le débat que suscite Saint-Louis depuis trente ans est désormais hors de raison.

Saint-Louis est un nid à problème parce que c’est un problème. Ce qui fonde une tribu, c’est son lien à la terre, or Saint-Louis n’a pas d’existence coutumière. Créée de toute pièce en un temps lointain aux marges de la cité nouméenne, elle est aujourd’hui installée en ville, un quartier comme un autre du Mont-Dore. Elle s’est imposée à tous du fait de l’urbanisation sans qu’aucun plan n’ait jamais été établi pour l’y inclure vraiment. La revendication indépendantiste forte à Saint-Louis, bastion de la révolte pendant les Évènements, n’a pas arrangé les choses. Et aujourd’hui, on ne sait plus quoi en faire. À cela s’ajoute l’incurie des politiques, indépendantistes et loyalistes incapables, jusqu’à ces dernières années, d’apporter les réponses nécessaires, jugeant sans doute que Saint-Louis n’en valait pas le coup. La triste affaire de l’Ave Maria est à ce titre révélatrice.

Saint-Louis est aujourd’hui le cœur de la délinquance urbaine, zone de non-droit comme certains quartiers de banlieue en métropole, dans lesquels policiers et gendarmes ne se risquent pas et où en effet, tout est permis. A-t-on les moyens de lutter contre cet état de fait ? Bien évidemment pour peu que la justice agisse enfin comme il se doit, ce qui est loin d’être gagné. À titre d’exemple, c’était un secret de polichinelle que les évadés du Camp Est, recherchés pendant des mois, avaient trouvé refuge au sein de la tribu. Que n’est-on allé les cueillir là où ils se trouvaient ? Il est tout aussi vrai qu’inexistante, une action répressive ne résoudra pas la question, trouvons autre chose si l’on veut qu’un jour, scooters et voitures volés cessent de se retrouver au milieu de la tribu. Et ce quelque chose, n’en déplaise aux tenants de la solution forte que personne ne mettra jamais en œuvre parce qu’impossible, c’est de dégager les moyens pour sauver ce qui peut l’être. Je suis de ceux qui ont la faiblesse de croire qu’une action concertée et lisible des institutions peut être de nature à changer les choses, sans doute pas demain, peut-être même pas après-demain, mais un jour. Une sorte de travail d’Hercule, dont on ignore s’il est réalisable, mais qui ferait de nous de vrais coupables, si nous ne le tentions pas.

Caton

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CATON

Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"

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Reine-Claude BRUNELET
Reine-Claude BRUNELET
7 janvier 2015 18:15

Je ne possède plus l’adresse de Hotmail mais celle de gmail.com Merci de bien vouloir rectifier..

Caledocon
Caledocon
7 janvier 2015 14:51

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MODÉRÉ
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Janloupe Pahune
Janloupe Pahune
7 janvier 2015 13:04

Commençons par les responsabiliser : débaptisons “St Louis” et rebaptisons cet endroit “Konnarville”. Et Kaillasse Wamytan, maire de Konnaville, ça le fait, non ?

abdul
abdul
7 janvier 2015 07:04

Une idee a la C.. Pour nos politigoinfres : Et si st louis devenait “zone franche” avec zero taxe ? En quelques temps moult entreprises s’y installeraient et ces quelques hectares de NC deviendraient vite enfin “respectable”…..

Matteï
Matteï
6 janvier 2015 18:36

Si ces quelques branleurs découvraient les vertus du travail,du civisme,de la ponctualité…et surtout l’intelligence ,la société aura fait un bond en avant! Pace salute

Luc FRANCOIS
Antipodeanman2207S
6 janvier 2015 15:57

“” ….sans doute pas demain, peut-être même pas après-demain, mais un jour.””De vrais accents de Fernand Sardou ce Caton :”” Devant ma maison y a un pin terrible Dont la grosse branche pourrait bien tomber. Pour mon pauvre toit, quelle belle cible. Cette branche-là, je vais la couper Aujourd´hui peut-être, ou alors demain. Ce sacré soleil me donne la flemme Je la couperai… té : après-demain Et si je peux pas la couper moi-même Je demanderai à l´ami Tonin…..””Nous vous avons connu et apprécié bien meilleur Caton !Un fidèle lecteur.

Eric
Eric
6 janvier 2015 11:40

C’est pas parce que c’est pure en métropole qu’il faut minimiser ce qui se passe ici…Avec des raisonnements comme le tien on fini par trouver çà normal…Ton commentaire est idiot et n’apporte rien…

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