Connect with us

Calédosphère

LES CHRONIQUES DE CATON

Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ?

Les rouleurs sont partis. Ils ne laissent pas la Nouvelle-Calédonie dans l’état dans laquelle ils l’avaient trouvée en installant leurs camions sur la baie de la Moselle. Ces trois semaines de crise, de « révolte des rouleurs » comme l’écrit fort justement Jean-Pierre Deteix, marquent un basculement. Un conflit fondateur en ce qu’il révèle que nous allons, peut-être à notre corps défendant, vers une Nouvelle-Calédonie autre et différente et dont il a esquissé les contours. Le conflit des rouleurs a clivé la Nouvelle-Calédonie profondément, presque autant que lors des Évènements, parce qu’il a vu progressivement se dessiner des choix de société d’autant plus fondamentaux qu’ils sont définitifs et qu’à un moment ou à un autre, nous allons effectivement devoir les faire.

Le conflit des rouleurs a mobilisé, bien plus largement que les quelques dizaines de rouleurs qui ont campé trois semaines devant les fenêtres du gouvernement. Les Calédoniens se sont sentis concernés par ce conflit que certains ont voulu rendre manichéen en créant des antagonismes aussi profonds que dangereux. Le conflit des rouleurs a sonné comme un tocsin, rappelant aux uns et aux autres qu’il nous faudrait en effet nous déterminer sur ce que nous voulons être, sur la Nouvelle-Calédonie que nous léguerons, sur son avenir, son devenir. Le conflit des rouleurs quelque part nous a rappelés à nos devoirs.

Le choix de société dont on a deviné un peu les enjeux durant ces trois semaines a cela de déconcertant qu’il dépasse la question binaire pour ou contre l’indépendance. On en est même plus là. Il y a face à face finalement deux propos. L’un, encore terra incognita, d’une sorte de nationalisme calédonien qui prône de pousser l’émancipation, évoquée par l’accord de Nouméa, jusqu’à sa plus extrême limite, notamment dans l’appropriation par la Calédonie de ses moyens de subsistance, le tout dans ce contexte qui s’impose à nous de la mondialisation invasive et de la fragilité dégénérative de la Métropole. L’autre, sorte de statu quo ante, dont on sent qu’il consiste à ne pas faire trop bouger les lignes et à s’appuyer sur l’acquis sans le remettre en cause. Ce second choix, exprimé par Pierre Frogier dans sa nouvelle idée de partition nickel, je la réfute en ce qu’il porte en lui les germes mortifères de développements séparés et de logiques économiques segmentées. À mon sens, ce n’est pas sur cette proposition aux relents rhodésiens que l’on construit un pays, pour peu que les théoriciens de ce choix pensent encore le progrès de la Nouvelle-Calédonie et son avenir en termes globaux. Ce choix c’est celui qu’on prêché les barons de la mine qui pendant ces trois semaines de jacquerie, ont fait donner les rouleurs, cohorte de chouans, défenseur d’un ancien régime dont on pressent cependant la fin à la lumière de cette crise du nickel qui par sa violence et sa durée, risque fort d’en laisser plus d’un sur le carreau.

Les rouleurs sont partis, ayant signé un protocole dont tout le monde a compris la réalité et les sous-titres. Ils laissent derrière eux quelques dégradations que Nouméa paiera, et bien des interrogations. Toujours est-il que nous sommes bien tous convaincus que le conflit a posé comme base à toute discussion un avant et un après.

Caton

Afficher la suite
CATON

Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"

0 0 voter
Évaluation de l'article
guest
37 Commentaires
plus récents
plus anciens plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments
Floyd
Floyd
5 septembre 2015 09:10

On est des pragmatiques et on a remarqué que le drapeau commun n’avance pas, faute d’initiatives. Les Républicaines ne veulent pas en entendre parler et le FLNKS est tétanisé (politiquement parlant) à l’idée de proposer un autre drapeau que le sien. Pourtant le drapeau commun est inscrit dans l’AdN et depuis des années on ne fait que subir le double drapeau de Frogier qui finira par s’imposer soit par lassitude ou par la force (comme à Bourail dernièrement et prochainement Lafoa). Sur ce point, on le redoute, à Lafoa un coup de force avec le drapeau FLN risque de très… Lire la suite »

Floyd
Floyd
3 septembre 2015 07:53

Et si au Congres, on proposait un voeu? De hisser le drapeau commun de CE entre celui du FLNKS et du BBR? Histoire de ne plus subir et enfin agir.

Tema
Tema
Répondre à   Floyd
3 septembre 2015 08:16

Tout le problème de ta proposition est dans ta proposition : “le drapeau commun de CE”. C’est un oxymore. Le drapeau commun c’est celui des calédoniens et non celui que CE veut imposer comme Frogier a imposé celui du FLNKS.

Floyd
Floyd
Répondre à   Tema
3 septembre 2015 08:20

Et tu propose koua?

Bonobo
Bonobo
Répondre à   Floyd
5 septembre 2015 09:36

Un drapeau rouge avec dessus une Kalach (comme celle qui est sur le drapeau du Palk) Il aime bien les kalach Philippe.

Anonyme
Anonyme
Répondre à   Bonobo
5 septembre 2015 09:43

Ah j’ai oublié: nickelée la Kalach made in Koréa.

Floyd
Floyd
Répondre à   Tema
3 septembre 2015 08:34

Les koalises vont nous remettre leur double drapo sur la table pour le 24/09. Ils nous fatiguent avec ca.

Anonyme
Anonyme
2 septembre 2015 22:45

Ainsi donc, le modèle de société revendiqué par Caton, sous la dictée de qui l’on sait, est le suivant : “L’un, encore terra incognita, d’une sorte de nationalisme calédonien qui prône de pousser l’émancipation, évoquée par l’accord de Nouméa, jusqu’à sa plus extrême limite, notamment dans l’appropriation par la Calédonie de ses moyens de subsistance, le tout dans ce contexte qui s’impose à nous de la mondialisation invasive et de la fragilité dégénérative de la Métropole” (sic)… Et bien voilà, tout est dit : rejet et mépris de la République ( ” fragilité dégénérative de la métropole “), nationalisation néo-marxiste… Lire la suite »

Répondre à   Anonyme
2 septembre 2015 23:09

Comment voulez-vous qu’on modère un com. automatiquement avec une telle adresse de messagerie ????: [email protected] ??? L’outil est tellement protégé qu’il est impossible d’activer un com avec une telle authentification surtout quand on s’appelle Anonymous :-)). SI on le faisait ce ne serait pas 300 mais 30000 commentaires par jour qui seraient dans la file de modération. Ceci explique cela. Je vais valider celui-ci manuellement mais s’il vous plait faites l’effort de vous authentifier un minimum pour avoir l’automatisme des validations.

Moi je veux bien qu’on se plaigne mais essayez de jouer le jeu aussi de votre coté

calcyt
calcyt
Répondre à   Franck THERIAUX
2 septembre 2015 23:25

Ben ça alors, mon Franck, tu me reconnais plus, c’est moi ! Calcyt ! Tu sais le mec qui écrivait des chroniques, que t’étais vachement content de publier, la Cour de Récré, tout ça, tout ça… On n’est plus potes ?

X
X
Répondre à   Franck THERIAUX
3 septembre 2015 01:56

En parlant de jeu, je vais essayer avec “petitzob@françoisH.fr”, pour voir si ça marche…

X
X
Répondre à   X
3 septembre 2015 02:00

“la somme est invalide”

C’est pas moi qui le dis, en tout cas!

Claude Victor
Claude Victor
2 septembre 2015 15:40

Bravo Caton.

Enfin il est là le coming Out d’un élu ou collaborateur CEiste : l’apologie d’un “nationalisme calédonien” sympatoche contre le vilain “statu quo”

On vous savait souverainistes pour l’économie, mais Caton vend la mêche : le nationalisme.

Et ça se dit loyaliste. Loyaliste mes fesses.

ENI ANA
ENI ANA
Répondre à   Claude Victor
2 septembre 2015 21:26

Claude Victor donc pour le statut quo … et pour la partition du pays. Porte parole de Frogier?

Floyd
Floyd
1 septembre 2015 20:21

Ya beaucoup de grandes gueules de l’UCF et LR qui se disent specialistes du nickel. Ils disaient qu’il fallait ouvrir un flux d’exportation vers la Chine. Tout faux, car le fait de refuser d’alimenter les chinois en nickel a entraine une hausse dans les cours au LME.

ENI ANA
ENI ANA
Répondre à   Floyd
1 septembre 2015 21:11

Des grandes gueules d’où sortent des âneries.

Claude Victor
Claude Victor
Répondre à   Floyd
2 septembre 2015 15:43

Non c’est Germain qui a écrit un courrier au patron du LME pour lui dire de remonter les cours.

“Dear Mister présidente du LME,

i am ze présidente of the new calédonie. My boss Gomès asks me to write to you to Pliz augmente the price of ze nickel

Tinkiou.”

NoComment
NoComment
1 septembre 2015 11:34

Caton est encourageant;Il nous propose deux visions de merde pour le pays

le baron
lebaron
1 septembre 2015 09:19

Frogier complètement à côté de ses pompes pathétique ! Martin le Mr contre tout silencieux !! le roquet Bernut aux abonnés absents eux qui traitaient Germain de neuneu en sont pour leur argent !! enfin un politique qui les a bien accrochées ! ça fait du bien

ENI ANA
ENI ANA
Répondre à   lebaron
1 septembre 2015 19:13

Ces trois là contre Germain, ça paraît équilibré : un anachronique, un contre tout piaffant, un roquet contre la force tranquille.

Voir plus dans LES CHRONIQUES DE CATON

Top du moment

Commentaires récents

To Top