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Le Système est Mort. Qui le dira ?
Le système calédonien s’effondre sous le poids de l’inefficacité, du clientélisme et des gaspillages publics. Hubert B. jette un regard sans complaisance sur l’administration, la gestion de la dette publique et l’incapacité à réformer. Le système est mort. Le temps du changement est venu. Agonie de la collégialité.
Il est temps de dire les choses clairement : le système calédonien est mort. On peut se cacher derrière des chiffres, des discours officiels, des réformes d’apparence, mais la réalité est là, crue et implacable. Les failles du système sont béantes, et personne ne semble avoir le courage de les pointer du doigt. Ce modèle est mort, et il n’y a plus de retour en arrière. Le constat est simple : administration obèse, dette publique qui explose, inefficacité totale des politiques publiques. Ce système ne tient plus debout, mais tout continue comme si de rien n’était. On parle de réformes ici, de petits ajustements là, mais qui osera le dire ? Nous vivons dans un système malade, dysfonctionnel, qui s’accroche à sa propre survie sans jamais remettre en cause sa propre existence.
L’inflation administrative : un fardeau pour la société
La bureaucratie calédonienne est en train de nous étouffer. 6000 fonctionnaires territoriaux en plus que la Polynésie pour une population équivalente. Comment un système peut-il survivre à un tel excès administratif ? Cette situation est d’autant plus absurde quand on se rend compte qu’un ancien président de la province des Îles avait 150 collaborateurs dans son cabinet. C’est davantage que le Premier ministre français. Et pourtant, les résultats ne suivent pas. Où est l’efficacité ? Où sont les retombées concrètes pour la population ? Ce n’est pas de l’administration, c’est du gaspillage pur et simple.
L’excès bureaucratique alourdit le système et l’empêche de fonctionner. L’inflation administrative ne crée pas de service de qualité, elle ne crée que de l’inertie et de la déconnexion. Les agences publiques se multiplient à l’infini, mais au final, la qualité du service baisse, malgré des « collectivités nounou » qui s’occupent de plus en plus de la sphère privée des habitants. Conseils de nutrition, de santé, de prévention : à croire qu’on est à un concours de celui qui donnera le plus de recommandations inutiles. Ces conseils, invariablement dispensés par des agents payés sur fonds publics, ne font qu’ajouter de l’inutile à l’inutilité.
Au lieu de se concentrer sur l’essentiel — l’éducation fondamentale, la formation, la protection, la santé, l’arbitrage équitable des conflits, la libre circulation des biens et des personnes, le maintien de la qualité des infrastructures et la tranquillité publique — l’administration calédonienne se perd dans sa propre perpétuation, créant sans cesse de nouveaux besoins fictifs, des aides inutiles, et des structures superficielles qui épuisent les ressources communes et détournent l’attention des priorités réelles.
Les résultats ? Pratiquement inexistants. La gouvernance calédonienne semble plus préoccupée par sa propre survie que par les besoins réels de la population. Chaque nouveau bureau, chaque fonctionnaire semble justifier son existence en créant des besoins artificiels : des conseils inutiles, des structures redondantes, des financements sans effet. Le coût de ce système est exorbitant : en 2023, le budget total de fonctionnement des services publics calédoniens s’élevait à 2,7 milliards de dollars US, soit 2,4 fois le PIB du Vanuatu (1,1 milliard de dollars US). C’est l’équivalent du PIB de la République Centrafricaine, un pays peuplé par 6,1 millions d’habitants… Pourtant, ou sont les bénéfices pour la société dans son ensemble ? Ce système est devenu un gaspillage colossal des deniers publics. La bureaucratie calédonienne est devenue un fardeau, une machine à nourrir ses propres intérêts plutôt qu’à servir l’intérêt public.
La dette publique : une bombe à retardement
Si l’administration est obèse, la dette publique est tout simplement colossale. La seule Province des Îles Loyauté a une dette de 7,6 milliards XPF. Une dette phénoménale pour un territoire qui peine à offrir des services de base à ses habitants. Comment est-ce possible ? Tout semble mal géré. Les projets sont lancés à la va-vite, les financements sont mal orientés, et les retards et surcoûts sont monnaie courante.
La dette représente un fardeau que les générations futures devront porter. Ce n’est pas simplement une question de chiffres, mais un problème de compromis qui pourrait mener à des conflits, dû à l’incapacité du système à prioriser l’essentiel. Il est crucial de comprendre que la dette n’est pas uniquement un enjeu économique, mais aussi politique et institutionnel. Qui a pris ces décisions ? Qui a permis à ce système inefficace de perdurer ?
Le clientélisme : un cercle vicieux
Une des grandes failles du système calédonien, c’est le clientélisme. C’est un cercle vicieux dans lequel les élites politiques et administratives nourrissent un réseau d’intérêts privés et de favoritisme. Les postes sont attribués à des proches, à des alliés politiques, pas sur des critères de compétence, mais sur des affinités personnelles.
Ce clientélisme est la clé de l’immobilisme que nous observons : plutôt que d’agir pour le bien de la collectivité, les responsables locaux agissent dans leur propre intérêt. Ils se battent pour des positions stratégiques, pour consolider leurs pouvoirs, leur influence, sans se soucier de l’avenir de la population. Les subventions, les projets, les recrutements : tout est une question d’intérêt personnel, et non de service public.
Les autorités coutumières ignorées et méprisées
Un autre point crucial du système en place : le mépris envers les autorités coutumières. Prenons l’exemple du Grand Chef Sinewami. Ce dernier représente l’un des derniers bastions d’une gouvernance authentique et enraciné. Il est constamment méprisé par les autorités politiques et les médias traditionnels. Pourquoi un chef coutumier légitime, porteur de l’histoire et des traditions locales, est-il traité avec tant de mépris ? Pourquoi sa voix, et donc celle de ses sujets, est-elle si systématiquement ignorée ?
C’est une fracture dans le système, un manque de reconnaissance des collectivités locales. Ce mépris est symptomatique d’un système qui ne reconnaît plus les pouvoirs locaux, et qui préfère opérer dans l’illusion d’un contrôle centralisé. Les autorités coutumières ont un rôle fondamental à jouer dans la gestion du territoire et des ressources naturelles, mais elles sont constamment traitées comme des hurluberlus. Pourquoi ?
Il est temps de casser le système
Notre système est mort, il faut l’admettre. Si nous continuons à ignorer la réalité, nous continuerons à nous enfoncer dans l’inertie. Ce n’est plus un problème de gestion, c’est un problème structurel. Il est temps de réformer profondément : réduire l’administration, reconnaître le rôle des autorités coutumières, réorganiser la gestion publique, mettre fin au clientélisme et, surtout, réduire la dette.
Le temps des petits ajustements est révolu. Il est temps de tout casser et de repartir sur de nouvelles bases. Qui osera le dire haut et fort ? L’inefficacité du système ne pourra pas se résoudre par des réformes superficielles. Le changement est radicalement nécessaire, et c’est aux citoyens de le demander, à eux de l’exiger.

Une bonne partie de l’administration ne sert à rien. il est dit et je suis d’accord la dessus que les agences essaient de justifier leurs emplois inutile. C’est pareil en métropole. Verdict suppression de l’inutile mais qu’est ce qui sera déclaré inutile. Les patrons réclament à cors et à cris qu’on les laissent faire qu’ils vont redresser mais jusqu’où, parce qu’eux ne bossent pas pour le bien public même s’ils essaient de le faire croire. Tout casser pour tout reconstruire c’est un peu le leitmotiv des kanaks. Mettre le système par terre et reconstruire à notre idée qu’ils disent, il… Lire la suite »
Hubert B “Le temps des petits ajustements est révolu. Il est temps de tout casser et de repartir sur de nouvelles bases…” N’allons pas jusqu’à revenir au bon temps de celui des colonies mais, à celui, plus contemporain, qui serait matérialisé par une sacrée simplification et optimisation du mille – feuille dit administratif : Un préfet (représentant l’Etat de Droit (et, celui qui paye)), une Assemblée Territoriale (représentative des différentes provinces – régions du Territoire), des mairies œuvrant de concert en bonne entente mais avant tout, en bonne intelligence. Un investissement financier et matériel bien pensé, efficace et performant, en… Lire la suite »