Situation calédonienne : les députés s’inquiètent

Sur son blog, le président de la commission des lois de l’assemblée nationale s’étonne que « l’ordre public ne soit pas totalement garanti » sur le territoire calédonien. Alors qu’une importante délégation de députés Républicains est attendue la semaine prochaine, la ministre de l’outre-mer déclare de son côté que l’Etat n’a pas « à se mêler de la doctrine nickel ». Clivage droite/gauche ?

Connu pour son franc-parler, Jean-Jacques Urvoas connait bien la Calédonie. Et, sur son blog, c’est l’un des hommes clef du Palais Bourbon qui évoque une certaine incompréhension concernant le conflit des rouleurs :

Depuis 15 jours les institutions sont bousculées, l’économie est abimée, la rentrée scolaire perturbée, la vie quotidienne des calédoniens altérée (…) Il faudra que des explications soient fournies à la mission d’information sur la Nouvelle-Calédonie dont j’ai l’honneur d’être le rapporteur et que préside Dominique Bussereau (Jean-Jacques Urvoas)

Le président de la puissante commission des lois de l’assemblée nationale précise par ailleurs que, concernant le conflit des rouleurs, il peine « à comprendre pourquoi sont aujourd’hui contestées les orientations du Schéma minier adopté à l’unanimité des élus calédoniens en 2009 ». Mais surtout, Jean-Jacques Urvoas s’interroge sur l’escalade du conflit et le maintien de l’ordre public sur le territoire :

Je ne parviens pas à trouver une explication rationnelle au fait que l’ordre public ne soit pas totalement garanti sur le territoire alors que les réseaux sociaux et les sites des médias locaux font état de troubles manifestes organisés par les manifestants (Jean-Jacques Urvoas) 

Nul doute que le député socialiste demandera bientôt à son collègue de droite Dominique Bussereau ce qu’il en est. En effet, l’ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy est attendu la semaine prochaine avec une importante délégation de parlementaires des Républicains (LR). Parmi eux Christian Jacob, président du groupe LR à l’assemblée, l’ancien ministre Hervé Mariton (qui fut dernièrement candidat contre Nicolas Sarkozy à la présidence de l’UMP) ainsi que Philippe Gosselin, le vice-président de la mission d’information sur la Nouvelle-Calédonie.

Tacler Valls sur le dossier calédonien ? Les Républicains hésitent

Ces derniers jours, du côté de la rue de Vaugirard (au siège des Républicains) on a regardé avec un œil pour le moins circonspect les derniers soubresauts de l’actualité calédonienne. Il faut dire que la gestion du conflit par le Haut-commissaire Vincent Bouvier n’aura pas franchement suscité le respect ou l’adhésion. En l’espace de deux semaines, l’économie a ainsi été paralysée et des dizaines de milliers d’habitants ont été pris en otage durant plusieurs jours. Une situation, qu’à droite, on a déjà su par le passé rectifier en changeant immédiatement le représentant de l’Etat. C’est ainsi qu’en 2008, l’ancien ministre de l’outre-mer de Nicolas Sarkozy avait vertement tancé en public le haussaire de l’époque. Celui-ci avait alors démissionné et Yves Dassonville avait été nommé afin de « rétablir l’ordre public » dans le violent conflit opposant l’Etat à l’USTKE. Il apparait donc tentant pour les députés LR de mettre en avant lors de leur venue le thème de la sécurité afin, d’une part, d’être entendu de leur électorat mais aussi, d’autre part, de mettre à mal le Gouvernement de Manuel Valls.

Sentant le coup venir de la part de l’opposition, la ministre des outremers George Paul-Langevin a réagi hier en apportant « son soutien ferme et sans ambiguïté à Vincent Bouvier (…) face à certaines rumeurs concernant son départ éventuel ». Il faut dire que Calédosphère avait dès la semaine dernière évoqué un possible remplacement du représentant de l’Etat par le conseiller du Président de la République en charge de l’outre-mer, Marc Vizy. La ministre a également affirmé que « l’Etat n’avait pas vocation à se mêler de la politique calédonienne en matière de nickel ». Une déclaration qui devrait naturellement faire réagir, sachant que l’Etat est actionnaire à hauteur de 26% du capital de la multinationale ERAMET, elle-même propriétaire à 56% de la SLN et de ses importants gisements miniers… Reste à savoir si les députés Les Républicains franchiront le Rubicon en attaquant le Gouvernement Valls sur l’attitude du haussaire en Calédonie. En effet, depuis plusieurs années, il est d’usage pour les deux grands partis politiques Français de ne pas polémiquer sur le dossier calédonien afin de garantir une sortie plus « apaisée » de l’Accord de Nouméa.