Quand Maï pose un problème aux rouleurs

Si les rouleurs ont un temps suscité l’empathie des Calédoniens, le mouvement s’est vite effrité. Trois semaines de paralysie de Nouméa et de blocage de la population ont eu raison des efforts de communication du syndicat des rouleurs. Et ce ne sont pas les derniers avatars du groupe Maï qui vont arranger les choses.

Tout le monde a pris pour argent comptant le fait que le vibrionnant Wilfrid Maï ne soit plus le président du syndicat des rouleurs. Certes, il multipliait les casquettes (syndicat des mineurs, syndicat des exportateurs de minerais…), mais le fait qu’il ait été le seul mineur autorisé à exporter en Chine, et ses déboires dans le sud et la manière qu’il a de vouloir les régler, commencent à poser de sérieux problèmes de crédibilité aux rouleurs.

L’aumône à Maï

Au sortir du conflit des rouleurs, le groupe MKM a été le seul mineur à recevoir l’aval du gouvernement pour exporter son minerai vers la Chine et le Japon. Conscient que ce « privilège » le place en porte à faux vis-à-vis de ses collègues et des rouleurs qui s’étaient mobilisés pour lui, Maï tente de faire croire que c’est une aumône qui lui a été accordée et que ça ne règle ses problèmes en rien, mais le message ne passe pas.

Maintenant, c’est sûr et certain que l’opinion publique pourrait croire que c’est parce que monsieur Maï a eu ce qu’il voulait. Monsieur Maï n’a rien eu, il faut le savoir (Max Foucher, RNC, 12 janvier)

Du coup, les rouleurs ont préféré l’écarter de la présidence de leur syndicat lui offrant le strapontin de « président d’honneur » et c’est le moment choisi pour que le groupe MKM se mette « en évidence » sur l’affaire de la baie N’Go.

N’Go le Far West

Intimidations, menaces, insultes, Franck Le Garrec l’aquaculteur de la baie de N’Go a eu droit à tout face à l’armada déployée contre lui par les salariés de la société N’Go Nickel qui veulent le faire partir. Dans le registre, l’un des bras droits de Wilfrid Maï, Victor Némoadjou, vice-président du syndicat des rouleurs et co-gérant de N’Go Nickel, n’a pas fait mystère de ses intentions belliqueuses :

C’est pas un blanc, lui en bas, qui va nous empêcher de travailler (TNC, 15 janvier)

Dans cette affaire, Wilfrid Maï est dans l’illégalité la plus totale : occupation illégale et non-respect de la convention passée avec la province Sud en 2011, en particulier dans la réalisation d’infrastructures de chargement du minerai. La province Sud de l’époque qui sous couvert de la coalition FPU-UC-Parti travailliste et du fait que Maï emploie des gens de Saint-Louis, a laissé faire les choses. Mais aujourd’hui, la province Sud veut remettre les choses en ordre et sauf à un revirement, l’autorisation provinciale pour l’exploitation de la mine Graziella, est suspendue. En tout état de cause et pour peu qu’il ait encore un semblant de crédit auprès de la population, le fait que Maï a des comportements sur lesquels la justice pourrait avoir à se pencher commence à se voir. Ce qui embarrasse les rouleurs qui sont pour la plupart des entrepreneurs inquiets de l’avenir, les mineurs qui trouvent Wilfrid Maï de moins en moins fréquentable, mais également l’UC dont Maï est l’un des soutiens.