Pour Wamytan, retourner aux élections c’est « minable »

Le Grand Chef de St-Louis a déclaré être totalement opposé à de nouvelles élections. Réagissant aux propos de la ministre Pau-Langevin, Roch Wamytan a fustigé l’idée de Philippe Gomès de retourner aux urnes en cas de blocage au gouvernement. Minable ?

Comme souvent désormais, les prises de paroles des parlementaires calédoniens au palais Bourbon font réagir les élus du boulevard Vauban. Hier matin à Paris, répondant au leader de Calédonie ensemble, la ministre des Outre-mer a déclaré devant la représentation nationale que le gouvernement calédonien ne pouvait rester sans président « élu ». Souhaitant que les partis politiques « prennent de la hauteur » et « remettent sur pied un gouvernement avec un président et un vice-président » la ministre a précisé que, dans le cas contraire, l’Etat prendrait ses responsabilités et que « le Gouvernement serait obligé de prendre les initiatives qui s’imposent ». Une information relayée sur les réseaux sociaux qui a fait son petit effet en début de matinée sur la classe politique locale. Celle-ci était hier réunie en pleine séance au congrès et chacun aura compris que les propos de l’Etat évoquaient une éventuelle dissolution du congrès et donc la programmation de nouvelles élections provinciales… Si pour l’heure, l’UCF est restée évasive et si le FPU-RUMP s’est refusé à tout commentaire, du côté de l’Union Calédonienne on s’oppose totalement à un retour aux urnes.

Wamytan veut faire une proposition pour éviter les urnes

Sept mois après que les Calédoniens aient choisi leurs représentants dans les assemblée de province et donc au congrès, tous les mouvements politiques n’ont pas la même approche vis-à-vis d’hypothétiques nouvelles élections. Si l’ensemble des observateurs du milieu politique considèrent que les forces en présence ne devraient pas connaitre de bouleversement particulier, il est clair que du côté de l’Union Calédonienne on ne l’entend pas de la même façon. Malgré l’absence de gouvernement de plein droit, l’ex-président du congrès s’est montré particulièrement virulent dans une intervention remarquée. Très hostile à un retour aux urnes il a ainsi déclaré :

Je dis que l’initiative du député Gomès est complètement minable (Roch Wamytan)

Il faut dire que connaissant les inimitiés entre le Palika et l’Union Calédonienne, il est très peu probable qu’à l’instar des dernières élections, une liste unique indépendantiste puisse voir le jour en cas de nouveau scrutin. L’Union Calédonienne qui avait tiré la liste du Sud par l’entremise de Roch Wamytan et obtenu – comparativement aux autres mouvances indépendantistes – le plus d’élus pourrait, si le congrès était dissout, irrémédiablement perdre des représentants dans cette province. Une hypothèse qui, semble-t-il, ne plait pas le moins du monde au grand chef de St-Louis lequel a ce soir carrément imploré le député Gomès de rentrer à Nouméa afin d’abandonner cette idée. Il a notamment fait part d’une proposition, pour l’heure inconnue, capable de résoudre la crise institutionnelle :

Moi je demande au président Gomes, heu, au député Gomès de revenir ici et que nous puissions en discuter à partir de la proposition que le mouvement indépendantiste va faire dans quelques jours (Roch Wamytan)

Roch Wamytan se prépare-t-il à départager les élus non-indépendantistes au gouvernement en faisant voter pour l’un ou l’autre des prétendants au poste de président ? Il est clair qu’une telle action serait vécue comme une « ingérence » de la part des partis loyalistes et qu’il y a peu de chance qu’elle obtienne leur soutien. Toujours est-il que la sortie de Roch Wamytan démontre que certains élus n’ont pas le moins du monde l’intention d’abandonner leur siège de conseillers provinciaux. La virulence de Roch Wamytan s’explique peut-être aussi parce que certains élus ont peur de ne pas retrouver de mandat si les électeurs venaient à revoter.