Une balle dans la tête ?

Invité du JT de NC1ère, Max Foucher n’a pas fait dans la demi-mesure, en déclarant que ça ne le surprendrait pas que le gouvernement lui « mette une balle dans la tête » ! Une outrance de plus dans un conflit où les dérapages sont de moins en moins contrôlés…

Dans le conflit des rouleurs, on raconte beaucoup de choses et très souvent n’importe quoi. Et malgré tout, l’opinion publique a l’air d’y croire comme le prouve la ruée des voitures sur les stations-service après que la rumeur ait circulé que les rouleurs allaient bloquer les dépôts d’essence ! En définitive, plus les jours passent et plus la manipulation semble avérée.

Le bras armé des mineurs.

Ce jeudi soir au journal télévisé, Max Foucher a admis qu’après cinq heures de discussion au haussariat, des points d’accord avaient été trouvés avec le gouvernement, mais que rien ne pourrait être conclu sans l’avis et l’aval du syndicat des mineurs. Or, la mainmise des petits mineurs sur cette affaire, c’est ce que le président du gouvernement dénonce depuis le déclenchement de cette affaire, lorsqu’il déclare que « les rouleurs sont le bras armé des mineurs ». Les mineurs veulent peser sur la stratégie nickel afin qu’elle ne modifie pas les pratiques en vigueur depuis des années en termes d’exportation de minerai brut. La Chine avec laquelle, rappelons-le, aucun contrat d’achat de minerai n’a encore été passé, n’est qu’un prétexte. D’ailleurs, aux mineurs qui se plaignent de n’avoir pas de visibilité, le gouvernement a répondu en autorisant, par 6 voix pour et 4 abstentions, les petits mineurs qui en avaient fait la demande à exporter vers l’Australie et QNI. Wilfrid Maï et MKM n’ont pas eu d’autorisation puisqu’ils n’en avaient pas demandé ! Le contexte est donc lourd et le gouvernement a beau jeu de dénoncer une manipulation économique, sociale et financière. Le président du gouvernement qui a annoncé la suspension des négociations avec les rouleurs comme avec les mineurs, à la suite d’une série d’incidents entre les rouleurs et les institutions. Pour sortir de cette crise, Philippe Germain émet la condition que l’on sache avec qui négocier : avec les rouleurs ou avec les mineurs. Le président du gouvernement s’il devait reprendre les discussions avec les rouleurs n’entend plus que les mineurs interfèrent dans le débat.

Manipulation politique

La pression mise par certains, l’attitude des rouleurs ont été dénoncées ces dernières heures par un certain nombre d’élus. Ainsi Thierry Santa le président du congrès qui, dans un communiqué :

déplore que ce conflit important soit dans l’impasse et condamne toute forme de violence, en particulier à l’encontre des institutions calédoniennes. La seule solution pour sortir de ce conflit par le haut ne pourra être trouvée qu’à la condition que les différents acteurs se retrouvent à nouveau autour d’une table 

De même, le député Philippe Gomes s’est insurgé contre les violences perpétrées ces derniers jours :

Je condamne les évènements graves intervenus aujourd’hui dans le cadre du conflit qui oppose la profession minière aux institutions du pays. La ligne rouge a été clairement dépassée, alors même que les institutions ont tout fait pour rassurer les rouleurs, et maintenir le dialogue malgré les manœuvres d’intimidation

Quant au sénateur Pierre Frogier, il lance un appel au calme et au dialogue

J’espère qu’il est encore temps de faire en sorte de renouer le dialogue entre les différentes parties parce que cette situation, qui oppose le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie aux mineurs indépendants et aux rouleurs, est alarmante

C’est pourtant dans les rangs des Républicains que l’on trouve les plus forts soutiens au mouvement des rouleurs. On croise Harold Martin très régulièrement sur le camp des rouleurs, le maire de Païta leur a même annoncé « qu’une motion de censure serait prochainement déposée contre Philippe Germain » ! et Cynthia Ligeard très offensive mercredi dernier au congrès pour réclamer l’ouverture des exportations vers la Chine. Ce qui ne manque pas de sel, puisqu’en 2013, Cynthia Ligeard s’était fermement opposée aux exportations vers la Chine que sollicitait la SMSP. Son conseiller mine, Alban Tremblier, l’avait déclaré publiquement au 5ème colloque international sur le nickel :

Il faut réfléchir aujourd’hui, sereinement, mais objectivement, sur les moyens de consolider notre industrie. Aller fournir du minerai à des pays à bas coûts qui, avec leur « pig iron » ont une action très agressive sur les cours du nickel, et mettent donc en péril tous nos opérateurs, est suicidaire (LNC 3 juillet 2013)

Mais tout le monde sait que chez les Républicains, Harold Martin et Cynthia Ligeard animent un courant opposé au rapprochement entre Pierre Frogier et Calédonie Ensemble. Et ils semblent profiter de chaque opportunité pour fragiliser le nouveau dialogue, c’est ce qui était d’ailleurs sous-jacent dans l’affaire des cendres de Prony-Energies où Harold Martin n’a pas ménagé son soutien aux coutumiers de Païta contre Enercal, dont le président est Philippe Gomes.