Néaoutyine veut en finir avec la SLN !

C’est la période des fêtes, on prépare Noël et le Nouvel An. La tradition veut que l’on respecte une trêve en ces moments-là, pour permettre à chacun de vivre quand même quelques bons moments en famille et avec les amis. Ça ne sera pas le cas pour les milliers de Calédoniens dont l’avenir dépend de la mine et de la métallurgie. Les indépendantistes, ne respecteront pas la trêve des confiseurs…

Que l’on travaille pour KNS, la SLN ou Vale-NC, l’avenir est particulièrement sombre. D’abord en raison de la situation propre à chacune des trois usines, ensuite en raison de la crise mondiale et enfin parce que la stratégie des indépendantistes va les conduire à la ruine. Et pour commencer, parlons de la SLN…

Mais qui veut la peau de la SLN ?

On le sait, la SLN est en difficulté depuis des années. Un plan de sauvetage a été arrêté et l’on a toujours l’espoir, même s’il s’amenuise, qu’il porte ses fruits. Mais c’est pour face à la situation catastrophique de l’entreprise, qu’une administratrice judiciaire, Hélène Bourbouloux, a été nommée et a reçu mandat de trouver les solutions qui éviteront la faillite, la fermeture et le chômage pour des milliers de Calédoniens. Professionnelle réputée, elle est connue pour être une négociatrice hors pair et par son approche très humaine des mandats qu’elle gère. Hélène Bourbouloux a déjà traité plus de 2.000 dossiers, en France et dans le monde, ce qui lui a permis de sauver des centaines d’emplois et de négocier plusieurs milliards d’euros de dettes dans des affaires extrêmement sensibles. Autant dire que c’est une pointure. Le 9 décembre dernier, Hélène Bourbouloux a adressé un courrier aux acteurs du dossier SLN, dans lequel elle les convie à une visioconférence au cours de laquelle elle leur comptait leur exposer les conditions indispensables à la mise en œuvre du plan de sauvetage de la SLN. Un des destinataires de ce courrier, en l’occurrence Paul Néaoutyine vient de l’envoyer sur les roses ! Au motif qu’il est opposé à ce plan, notamment aux exportations de minerai dont la SLN a pourtant besoin pour faire de la trésorerie, le président de la province nord ne veut plus entendre parler de la SLN.

« La seule nouveauté que je vous concède dans ce plan, lui écrit Paul Néaoutyine, est la proposition de prêt relais, mais pour lequel je vous confirme dès maintenant, mon refus d’impliquer, de quelque manière que ce soit, la collectivité Province Nord. »

Sur le terrain, des militants indépendantistes « incontrôlés », semble-t-il, mènent des actions de blocage des sites miniers SLN et s’attaquent à ses installations, notamment à Kouaoua, et dans le même temps, les institutions gérées par les indépendantistes n’entendent pas lever le petit doigt pour venir au secours de l’entreprise.

« Je vous demanderai de bien vouloir m’indiquer les motivations légales qui obligeraient ma présence à ces visioconférences ainsi que mon adhésion à ce plan de redressement, écrit Paul Néaoutyine à Hélène Bourbouloux. A défaut, je demande que l’on cesse de me solliciter. Naturellement, je ne répondrai pas à votre invitation à la visioconférence prévue ce vendredi 18 décembre 2020. »

Les salariés de la SLN jugeront les risques que fait courir cette position à l’entreprise et donc à leurs emplois.

Glencore désapprouve

Cette attitude est, sinon choquante, tout du moins déconcertante que Paul Néaoutyine et tous les indépendantistes devraient peut-être commencer à y réfléchir à deux fois en termes de stratégie nickel, parce que dans le Nord, ça n’est pas folichon non plus. D’abord, tout le monde le sait, l’Usine du Nord rencontre des problèmes techniques importants qui handicapent sérieusement sa production. A tel point, que certains des ingénieurs qui étaient en place jusqu’à présent ont été remerciés et remplacés par d’autres, Australiens pour la plupart. Ces remplacements ont été imposés par Glencore qui, mine de rien, commence un peu à s’impatienter de voir ses milliards engloutis dans un investissement qui n’est toujours pas rentable. Et Glencore a mis davantage encore la pression sur KNS, Sofinor, la SMSP, en menaçant, purement et simplement, de se retirer si des solutions n’étaient pas trouvées rapidement. C’est aussi la raison pour laquelle, Glencore n’a pas beaucoup apprécié que ses « partenaires » du Nord et les indépendantistes tentent un coup de force dans le Sud, Glencore estimant qu’il était plus important de consolider l’acquis du Nord plutôt que de se lancer, avec l’argent des autres, dans une aventure au Sud. De plus, Glencore, comme Trafigura, est un groupe suisse, et à l’évidence entre Suisses, il y a des choses qui ne se font pas. Glencore n’a donc guère apprécié la manière dont la SMSP, Sofinor et les indépendantistes traitent Trafigura. C’est ce qui explique que le fameux « plan B » qu’a tenté de vendre Ulrich Reber, directeur de projet de la Sofinor, est tombé aux oubliettes aussi rapidement qu’il était apparu. Techniquement et commercialement, l’usine du Nord tourne au fiasco, et Glencore, qui finance tout, n’entend pas faire partie du naufrage. Le groupe suisse a donc lancé un compte à rebours dont les indépendantistes devraient tenir compte plutôt que de jouer les apprentis sorciers avec Vale et la SLN.