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Pauvre Calédonie, Pauvres Calédoniens
Depuis plusieurs années et avec l’approche de la sortie de l’Accord de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie semble être comme figée dans une vie politique et intellectuelle binaire, bipolarisée, médiocre et même fratricide et autodestructrice.
Elle n’a pour consistance que les agitations guignolesques de tel ou tel homme politique pour exister médiatiquement, les querelles de personnes, les guerres intestines des partis, les affaires et les faits divers peu glorieux dans lesquels ils sont mouillés.
Le fait que certaines personnes soient maintenues dans le Gouvernement est une honte pour l’image de ce pays et aussi pour leurs partis politiques respectifs; leur devise, c‘est visiblement la politique du contre-exemple. Et la dernière mode, les querelles -déjà dépassées mais qu’on va faire durer – sur ce qui est maintenant une donne incontournable dans le jeu politique, le « koalitionisme», … inutile d’expliquer.
Les querelles autour de la formation du Gouvernement ne sont en vérité que des querelles d’égo et aussi un beau « toucher le fond ». Malheureusement, tous ces faits qui occupent le devant de la scène sont sans véritable intérêt pour ce pays, ils ne le font pas avancer, ils ne le nourrissent pas intellectuellement mais font la « vie politique » calédonienne. Celle-ci s’est réduite à être comme on dit « people » et où les culs sales essaient de toujours faire croire que ce sont les autres qui ont le cul le plus sale. Mais si la « vie politique » calédonienne s’est réduite à cela, c’est bien parce que nos politiciens qui en sont les premiers acteurs, le veulent bien. Le veulent ou le valent, c’est du pareil au même.
Et pendant que les citoyens supportent tous ces faits et agitations qui les dégoûtent et les découragent, ladite vie politique de ce pays reste aussi figée, euthanasiée dans un bipolaire pour ou contre l’indépendance. Bipolaire intellectuellement stérile, mais divisant et ô combien utile et rentable pour les carriéristes du système qui n’ont pour se maintenir que le même discours, chacun de leur côté. Et les Calédoniens doivent s’accommoder de cette situation, de cette médiocrité figée et omniprésente; ils n’ont pas le choix quand viennent les élections, que de se positionner entre deux camps qui les séparent.
D’un côté, une droite opposée à l’indépendance et dont le seul discours se limite à des incantations « La France ! La France ! » et nous dire qu’on est bien avec l’argent de la France et que ferait-on sans celui-ci. C’est vrai, mais ceci n’est pas un programme, ceci n’est pas une vision d’avenir pour un pays, ceci n’est pas un motif de fierté pour une population. C’est le maintien dans un statu quo, d’une économie artificielle , d’un assistanat financé par les recettes fiscales dont les fonctionnaires d’Etat sont incontestablement les plus gros pourvoyeurs.
C’est le maintien de ce pays dans son illusion de richesse et donc dans cette capacité pour son gouvernement de continuer à faire artificiellement (c’est électoralement payant) du social avec cette manne financière qui n’est pas la richesse du pays mais de l’argent venu d’ailleurs (Ne disait-on pas il y a quelques années « ce pays est un pays riche » ? Quelle idiotie, quel mensonge). C’est le maintien des Calédoniens de toutes ethnies, de toutes couleurs politiques dans une perception faussée de la réalité économique (et sociale) de ce pays, de leur propre réalité. Ce discours trace le contour et les limites de la vision d’avenir de ce camp pour la Nouvelle-Calédonie.
La droite calédonienne, par ce moyen, n’a que pour seul but de se maintenir et aussi perpétuer le système RPCR. Il y a ceux qui font marcher le système de subventions aux éleveurs pour acheter leur vote. Il y a aussi ceux qui jouent les bons pères du peuple (surtout océanien) en distribuant de l’argent sous forme d’aides sociales pour s‘attirer leurs faveurs électorales en redistribuant lesdites richesses . Les non-indépendantistes, rempart contre la république bananière qu’apporterait l’indépendance, ont déjà su faire preuve d’une gestion/vision à court terme, en dilapidant l’argent des retombées du nickel quand les cours étaient au plus haut. Certains (et certaines, parité oblige) n’ont pour seul but que de se maintenir eux-mêmes et à leur postes grassement payés. Les bébés Lafleur ont tous vite et bien compris tout ce qu’il fallait faire. J’ai presque envie de dire « Vive la peur de l’indépendance ! » Qu’est-ce que la droite calédonienne aurait à gagner si ce pays était économiquement performant, productif, capable de s’autofinancer ? Son discours, son fond de commerce politique s’effondrerait !
De l’autre côté, des leaders indépendantistes dont certains ne sont que des faux-chefs, des guignols-agitateurs qui ne sont pas au service du « peuple kanak » mais à celui de leur ambitions personnelles, des faux-culs qui rêvent secrètement de chasser du Blanc du pays ( peut-être pas que du Blanc, d’ailleurs), qui jouent avec le feu et manipulent dangereusement leurs troupes de manière éhontée, les exemples ne manquent pas. D’autres qui ânonnent « le socialisme » (comme un certain Monsieur S– lors de sa brillante prestation télévisée pour les législatives de 2012) montrant ainsi leur incapacité de penser par eux-mêmes dans leur propre contexte, l’abrutissement et l’illusionnisme dans lesquels est tombé leur petit cerveau recolonisé par une idéologie venue d’ailleurs et en laquelle ils croient encore malgré ses nombreux et douloureux échecs de l’Histoire; le bilan d’Hugo Chavez étant l’exemple le plus récent : son pays aujourd’hui importe 80% de sa consommation de nourriture, les étals des magasins sont vides, le pays est ravagé par le chômage, l’insécurité, le Sida.
L’assistanat socialiste a fait son œuvre, le pays nage dans le bonheur. L’incantation « socialisme » résonne encore plus comme un mensonge sachant que celui-ci ne dure que tant que l’argent des autres existe, et il n’y aura plus d’argent en Kanaky socialiste quand beaucoup d‘Européens auront fui la catastrophe et que la France aura coupé les robinets. Mais le socialisme, c’est pourtant bien ce que défendent des intello-politiciens indépendantistes. Leur discours aussi s’est réduit à des incantations, à la simplicité idéologique, à un vocabulaire et des thèmes dépassés et en déconnection des réalités (« puissance colonisatrice », « décolonisation » , « liberté », « socialisme »). A cela s’ajoute le mythe de la liberté retrouvée, discours rabatteur d‘électeurs oscillant entre vacuité et mensonge mais qui joue bien son rôle de cache-misère de l’absence d’un vrai projet pour un pays et ses habitants. Pauvres kanak, pauvres indépendantistes, pauvre jeunesse kanak qui scande –qui ânonne devrais-je dire pour eux aussi– leur slogan « Kanaky »; si vous saviez la vacuité, la stérilité, le trompe-l’oeil intellectuel que vous gobez et en lequel vous croyez comme on croit en une religion. Par ailleurs, le discours indépendantiste peut déjà se targuer d’avoir un passif d’une promesse déjà non tenue « Kanaky 2014 » ce qui laisse entrevoir ce que vos « leaders », « libérateurs » cachent au fond de leur âme; ça augure mal pour l’avenir. La pauvreté intellectuelle de tout un « peuple » et l‘ignardise de toute une jeunesse, c’est du pain béni en politique; ce pays en est un triste exemple.
Et au milieu de tout cela, le fameux « destin commun », idéal auquel beaucoup d’entre-nous simples citoyens qui avons un vrai travail (et non un emploi aidé comme certain(e)s Baie de la Moselle) s’attachons avec ferveur et conviction, par amour pour ce pays, par humanisme, par acceptation de l’autre, par la volonté d‘aller de l‘avant. Mais le destin commun ne peut s’accommoder de cette bipolarisation stérile, de cet immobilisme divisant –si ce n’est pas destructeur. Il est pris dans cette nasse, dans cette impasse, il reste à l’état de vent politique, à l’état embryonnaire, en attente de son épanouissement, sur le plan économique, social, culturel, … humain. Il faut peut-être aussi dire que nous n’avons pas le choix, il y a des accords politiques majeurs qui structurent la vie du pays, poteau central autour duquel gravitent les ambitions. Il y a de temps en temps des petits séismes politiques qui soulèvent de vraies questions, comme l’affaire récente de la réinscription sur les listes électorales en vue du référendum d‘auto-détermination; mais tout ceci reste de la politique politicienne, divisante et qui sait peut-être entretenue ? Il ne faut pas que cela s’éternise, se renouvelle jusqu’à devenir un « nous n’avons plus le choix », et enfermer notre « avenir » et celui des enfants de ce pays dans ce bourbier, ces impasses politiques et intellectuelles, accords et sorties d‘accord, mécanisme sans fin, sursis et bipolarisation qui s‘éternisent.
Les tenants de la ligne indépendantiste devraient après tout –et ils nous le doivent bien– faire un pas en avant et renoncer à cette idéologie formulée en ces mots « indépendance kanak socialiste », situation devant laquelle n’importe quel homme ayant un minimum d’intelligence et de culture politique et économique s’enfuirait… du pays. Expression qui cache mal son ethnocentrisme revanchard et dépassé qui n’apportera rien de positif aux kanak. Les non-indépendantistes, ce savoureux mélange de politiciens et d’hommes d’affaires, de mafieux et de ripoux, cette caste qui protège ses intérêts et qui n’a pas à craindre pour son avenir financier tant le passé leur a été profitable, devraient faire leur révolution morale entre eux, laver leur linge sale, lever certains verrous et se sortir, sortir le pays tout entier de cet enchaînement dans lequel ils nous tiennent et à cause duquel beaucoup de kanak trouvent la justification de leurs idées indépendantistes.
Il faut être juste: les indépendantistes n’ont à proposer aucun programme économique digne de ce nom dans leur « projet » d‘indépendance, aucun projet de financement solide et crédible des besoins de ce pays et de sa population qui n‘a aujourd’hui rien à envier à personne dans le Pacifique insulaire. Les non-indépendantistes pour leur part n’ont aucun bilan économique à défendre; les productions maraîchères et de viande animale sont insuffisantes, les produits locaux et importés sont hors de prix et ceux qui tiennent les rênes de l’importation et de la grande distribution se gavent de manière éhontée tout en appauvrissant ce pays (fuite des capitaux, évasion fiscale) avec la complicité de ces mêmes petits copains de la droite locale. Heureusement que la peur de l’indépendance (qui n’est pas injustifiée) est là, sinon, qu’auraient-ils à dire, à proposer pour se faire élire ?
Devoir choisir entre d’une part la droite calédonienne qui ne tient que par son fond de commerce politique expliqué ci-dessus, protectrice des monopoles et des copains fortunés , de cette économie irréelle et subventionnée et en-dessous de ce qu’elle devrait être, et d’autre part l’indépendance kanak socialiste dont on devine la régression sociale, économique, humaine qu’elle ne pourra qu’être avec nos deux ou trois Bokassa en herbe, c’est à mon avis devoir choisir entre la peste et le choléra. Certains ne vont pas apprécier de lire cela, mais je le dis comme je le pense et j’en ai ras-le-bol de cette situation. J’ose espérer que beaucoup de Calédoniens partagent cette lassitude et voient au-delà de cette binarité stérile. Pauvre Calédonie, pauvres Calédoniens, un pays, une population en mal d’avenir, embourbée dans un statu quo politico-intellectuel, une situation figée, qui doit supporter une classe politique d’une médiocrité accablante et dont la morale et l’aptitude à diriger ce pays laissent à désirer, ce ne sont pas les preuves qui manquent.
En l’état actuel des choses la Nouvelle-Calédonie n’a aucun avenir. Il y a un abcès à crever: il est temps pour ce pays et ses habitants de passer à autre chose !
Mister Eric
Merci, merci et merci… Et merci aussi.
ça fait tant plaisir de lire un texte sans concession qui renvoie les uns et les autres (et donc moi aussi) à leurs propres contradictions.
11000 lectures en moins d’une semaine, tant mieux, j’espère que ce texte aura été lu par le plus grand nombre et qu’il aura un impact sur les consciences.
Je regrette que la nouvelle version Calédosphère n’affiche plus le nombre de partages Facebook.
On est en train de le remettre 😉
Les vieux z’arrangements, les p’tites magouilles, la vie chère…
On connait tout ça depuis 35 ans ou plus…
Bîn alors quoi d’neuf ???
Une centrale à charbon en plein milieu d’la ville ! Héhé…
[Si les gens acceptent cette enc..ade, alors l’indépendônce, la civisme des gosses, bla bla….
Bof , pourquoi pas ?]
Article tres bien ecris et pense. le probleme c’est que l’on peut en avoir marre sans que cela puisse reellement changer. Tout le monde annone dans ce pays, de tous les cotes, blancs, noir et la pauvrete intellectuelle n’est pas seulement presente que chez les blacks. Cote blanc (internaute) il va falloir choisir car effectivement la france la france la france juste pour son pognon n’est pas un slogan batisseur d’avenir. Ce pays pue le fric et le racisme dans toute les couches de la societe, il n’y a qu’a voir les commentaires reguliers. Personne ne veux bosser pour reellement… Lire la suite »
#2: Comme les Kiwis, signons un « traité » si trois « non » à l’indépendance, je propose, sénateur-signataire Frogier -et d’autres- pourra l’appeler son « 3ème Accord » et tout le monde il sera content, plus de bordel!.
Voir/Lire,SVP mes com dans: “Dossier fiscal : quand la SMSP sort du bois” puisque pertinents à ces 2 articles, merci…
Je le répète ici: Je compte perso, énormement sur l’expérience d’ ALAIN ROUSSEAU pour nous « sortir » de la m****… Mais nous devons nous présenter à lui (et aussi et surtout à PARIS…) comme une entité UNIQUE, une force “UNIE ET RÉUNIE”, les LOYALISTES!