Coup de théâtre : Ligeard devra payer de sa poche

Sans majorité, Cynthia Ligeard n’a pas réussi à obtenir la protection juridique et financière dans son procès qui l’oppose à Calédosphère. Selon le haussaire, l’affaire serait de la compétence du congrès. Qui c’est-y qui va devoir payer son avocat toute seule avec ses petits soussous ?

Cynthia Ligeard n’avait pas apprécié le fait que Calédosphère diffuse des documents internes au gouvernement prouvant les dépenses faramineuses en frais d’hélicoptère et en achat de « matériel de communication » par l’institution qu’elle présidait l’année dernière (agendas, ballons, médailles, parapluies, etc…) Le 21 janvier, la présidente démissionnaire déclarait ainsi vouloir porter plainte contre le média, sans que l’on sache bien pour quel motif. Depuis, les avocats n’étant pas gratuits, Cynthia Ligeard a déposé à l’ordre du jour d’une séance du gouvernement un projet d’arrêté prévoyant de lui octroyer le soutien financier et humain devant le tribunal. En clair, comme d’autres élus avant elle, l’élue du R-UMP demande à la collectivité de payer ses frais d’avocats pour pouvoir attaquer Calédosphère.

Tyuienon dans la combine

Nos lecteurs assidus se souviennent que le 5 aout de l’année dernière Gilbert Tyuienon avait lui aussi échoué à faire prendre en charge ses frais de justice par le gouvernement. Alors vice-président de l’exécutif, il avait porté plainte contre Calédosphère au sujet de l’affaire Tamai. Le maire de Canala n’ayant pas supporté que le média révèle qu’il avait participé à un repas sur les baies avec des collègues du gouvernement le jour et à l’endroit où Guy Tamai avait été, plus tard dans la soirée, assassiné. Aussi, cette fois-ci, l’élu de l’Union Calédonienne avait prévenu ses collègues de l’exécutif : si Cynthia Ligeard obtenait sa protection judiciaire et financière, il demanderait à nouveau à l’obtenir lui-même ! Gilbert Tyuienon aurait ainsi promis à Cynthia Ligeard le soutien et le vote des trois « ministres » de l’Union Calédonienne sur ce dossier. Cependant, les choses ne se sont pas déroulées comme il l’escomptait…

Quand ça veut pas, ça veut pas

C’est ainsi qu’hier matin, lors de la traditionnelle séance hebdomadaire du gouvernement, Cynthia Ligeard a déposé son projet d’arrêté (E.27 relatif à la protection fonctionnelle de la présidente). Cependant, il lui fallait six voix pour le faire passer. Et si du côté de Calédonie ensemble, de l’UCF et du Palika, les membres du gouvernement se sont abstenus ou ont voté contre comme ils le font toujours en pareil cas, du côté des alliés du Rasssemblement-UMP, ça a coincé. Car aux côtés de Bernard Deladrière et de Cynthia Ligeard (tous les deux membres du FPU-RUMP), seuls Gilbert Tyuienon et Anthony Lecren (UC) ont tenté de faire passer le texte contre Calédosphère. En effet, leur collègue Jean-Louis D’anglebermes a lui décidé de voter contre et c’est ainsi que le texte n’a pas pu être voté car il leur a manqué deux voix ! On murmure depuis que, du côté de la rue de l’Artillerie, Anthony Lecren vouerait une rancune tenace vis-à-vis de son collègue d’Anglebermes. Une rancune pratiquement à la hauteur de celle qu’il éprouve pour Calédosphère depuis qu’avaient été révélées dans ces colonnes certaines des habitudes très éthyliques du sieur Lecren et de son iPad.

Calédosphère devant le congrès ?

Au sein du Vaudeville gouvernemental, il y a eu hier un autre coup de théâtre. Garant de la légalité des actes et membre de droit des séances du gouvernement, le Haut-Commissaire Vincent Bouvier a pris la parole durant la réunion pour faire part de sa vision de l’affaire, notamment du périmètre juridique et de l’octroi de « la protection fonctionnelle » que souhaite obtenir Cynthia Ligeard. Selon le représentant de l’Etat, celle-ci ne pourrait pas légalement être votée par le gouvernement, car celui-ci expédie désormais les affaires courantes. Dépourvu de ses prérogatives, ce serait donc maintenant au congrès de la Nouvelle-Calédonie d’étudier et de voter ce projet d’arrêté. Ainsi, tant que le gouvernement n’a pas de président élu – et si Cynthia Ligeard ne veut pas payer de sa poche et souhaite toujours que ce soit la collectivité qui prenne en charge ses frais de justice pour attaquer Calédosphère – ce sont les élus du congrès qui devront en décider.

Il est donc envisageable que lors d’une prochaine séance du congrès (lesquelles sont retransmises en direct sur internet) les 54 élus du territoire aient à se prononcer sur cette affaire. A charge alors pour Gaël Yanno, le président du congrès, de décider de la date et du déroulement du vote. We can’t Wait !