ContraKmine : les sous-doués communiquent

Toujours plus loin, toujours plus haut. Le dernier communiqué du syndicat de Wilfrid Maï et de Max Foucher menace Paul Néaoutyine et Philippe Germain (appelé « la hyène ») et déclare qu’il a mis au chômage 40.000 calédoniens et creusé un déficit de 800 milliards. Lisez, c’est rigolo.

On savait que les deux patrons Maï et Foucher avaient toujours en travers de la gorge la signature du protocole de fin de conflit identique à celui qui leur avait été présenté (sans succès) une semaine auparavant. Pour autant, l’absence de consensus lors du GTPS sur l’autorisation des exportations de minerais de basse teneur vers la Chine, le report de la séance du gouvernement et la visite de la ministre des Outremers semblent avoir poussé le Syndicat des Contracteurs Miniers a (encore) élever le ton et le niveau du débat. C’est ainsi que Wilfrid Maï a déclaré hier soir dans un texte mis en ligne sur les réseaux sociaux que le « méprisable », et « tristement célèbre et menteur » Philippe Germain a « bassement » utilisé « une position de hyène dominante et carnassière » pour imposer « un règne sans partage ». Les représentants des mineurs et des rouleurs affirment par ailleurs que Paul Néaoutyine et Philippe Germain sont des « comploteurs malhonnêtes » et que leur refus d’autoriser Wilfrid Maï à exporter du minerai vers la Chine a un seul objectif :

S’accaparer des mines et renflouer le …gouffre de 800.000.000.000 cfp ( oui vous avez bien lu 800 milliards cfp) qu’ils ont creusé en jouant les apprentis mineurs et apprentis sorciers avec l’avenir des calédoniens (Communiqué de ContraKmine du 10/09/15)

Si le syndicat n’explique pas les tenants et les aboutissants de ses propos, il va encore plus loin. Selon Wilfrid Maï et Max Foucher, le protocole d’accord va, ni une ni deux, entrainer le licenciement de près d’un employé calédonien sur deux :

André DANG devenu incontrôlable et associé à GOMES, NEAOUTYINE et “EL BOURIKO” [ils] vont ruiner le pays dans l’année qui suit et faire en une seule année 40.000 chômeurs (Communiqué de ContraKmine du 10/09/15)

Rappelons à toute fin utile que selon les statistiques officielles de l’ISEE-NC, il existe en Nouvelle-Calédonie 91.922 emplois salariés. Par corolaire, pour ContraKmine, si Wilfrid Maï ne réussit pas à fournir du minerai à son partenaire chinois Jinpei (et qu’il doit abandonner son projet), alors ce sont (d’après lui) 43.3% des salariés Calédoniens qui perdront leurs emplois l’année prochaine… Un pronostic qui laisse sans voix tous les économistes du territoire et qui ne manquera pas de créer l’effroi chez tous ceux qui les croiront. On comprend néanmoins qu’avec une telle capacité de projection et de telles méthodes comptables le groupe Maï (MKM) est le seul mineur Calédonien qui ne réussit pas à faire de bénéfices alors que ses concurrents ont, eux, fait plus de 3 milliards de bénéfices rien qu’en 2014.

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S’agissant de son positionnement et de ses responsabilités dans les trois semaines de blocage qu’a connu la Nouvelle-Calédonie, le syndicat des rouleurs estime n’avoir rien à se reprocher :

Nous avons été une fois encore honnêtes et corrects avec ce Gouvernement sans foi ni loi (Communiqué de ContraKmine du 10/09/15)

Et puisque, selon Wilfrid Maï et Max Foucher, le gouvernement veut « mettre à mort le pays », les deux hommes proposent (si les autorisations d’exports vers la Chine ne sont pas acceptées) d’utiliser la force pour virer les responsables démocratiquement élus :

S’ils ne respectent pas leurs engagements le 15 Septembre 2015…… alors, sans camions, sans Goldorak, allons tous ensemble au gouvernement et faisons table rase de ce ramassis de malhonnêtes sanguinaires en les jetant hors de nos institutions (…) nous saurons les jeter dehors comme il se doit (Communiqué de ContraKmine du 10/09/15)

Notons que les notions de démocratie et de légitimité électorale ne semblent pas effleurer le moins du monde les deux patrons du secteur. Reste à savoir s’ils ont hier développé les mêmes arguments lorsque la ministre des Outremers les a invités à la résidence du haussariat pour un déjeuner « cordial et républicain ». Il y a deux semaines en effet, l’un des responsables du syndicat avait prévenu le Haut-Commissaire Vincent Bouvier qu’il pouvait se mettre « son communiqué dans l’cul » lorsque celui-ci leur avait (gentiment) demandé de mettre fin au conflit qui venait justement d’entrainer la mort d’un jeune homme sur la Save Express. Pour l’heure, nous ignorons encore si ce communiqué est arrivé à destination.