Dans le secret, LE FROID a augmenté ses tarifs !

10%, 25% ou 30% d’augmentation. La société industrielle Le Froid qui fabrique et distribue notamment des boissons sucrés et des sodas a informé ses principaux clients qu’elle avait décidé d’augmenter ses tarifs, pour faire face à une hypothétique « hausse des charges ». Manuel du parfait petit profiteur d’avant la TGC : chapitre 1.

Dans un courrier adressé à ses principaux clients, la société Le Froid a fait savoir qu’afin « de répondre à la hausse successive du coût des charges et des matières premières », elle avait décidé une augmentation de ses tarifs « sur l’ensemble de [ses] produits ». Elle a ainsi fait communiquer un tableau de ces nouveaux prix à ces clients. On y voit que les cannettes de soda (Coca-Cola, Fanta, Orangina,…) vont passer de 150 Fcfp à 180 Fcfp. Les boites Monster de 300 Fcfp à 330 Fcfp et les barres chocolatées de 180 Fcfp à 250 Fcfp… Soit des augmentations comprises entre 10% et 33% ! Et sans aucune justification autre que « une hausse des charges » lesquelles ne sont corroborés par aucune nouvelle réforme structurelle, la mise en place de la TGC n’étant pas applicable avant le 1er juillet 2018…

Il s’avère que cette augmentation a été décidée par Mathieu Caillard, le Président du conseil d’administration de l’entreprise, en plein débat sur la mise en place de la loi dite de compétitivité. A fortiori, il aurait ainsi voulu se prémunir contre une possible baisse de ses marges après la suppression des taxes TGI/TBI et TP qui doivent être remplacées en 2018 par la fameuse TGC. On se rappelle qu’en aout de cette année, le gouvernement de Philippe Germain et les partenaires sociaux (à l’exception du MEDEF) avaient bataillé pour qu’un texte de loi empêche les importateurs et les distributeurs de faire payer aux consommateurs l’augmentation de leurs marges provoquée par la mise en place de la TGC. L’idée étant que les calédoniens récupèrent lors de leurs achats le bénéfice de la suppression des taxes. C’est dans ce contexte que la société Le Froid, sentant le vent tourner, a choisi une envolée de ses prix pour accroitre ses marges quoi qu’il arrive. Ainsi, en 2018, si la TGC permet une baisse du coût de ses produits, celle-ci sera compensée par l’augmentation décidée cette année… Et le consommateur sera comme deux ronds de flan.

Baisse du taux de taxe et augmentation des marges : jackpot !

Le mois dernier, la société Le Froid avait déjà réussi à obtenir une baisse du futur taux de la TGC sur ses boissons sucrées (au titre qu’elle les fabrique localement). Les élus indépendantistes et Républicains du congrès avaient ainsi – comme un seul homme – décidé de ne pas taxer les boissons sucrées ou alcoolisées à 22% comme prévu mais à seulement 3% (ce qui conduira à une perte en recette fiscale estimée à 3 milliards par an pour la Nouvelle-Calédonie). Ces boissons sucrées dont la société Le Froid vient justement d’augmenter le prix de vente. Ainsi, en seulement quelques mois, cette entreprise a évité la taxation de ses principaux produits et a augmenté leur prix. Elle est pas belle la vie ?

De plus, étrangement, alors que la société et les autres grands entreprises locales spécialisées dans l’importation et la distribution ont braillé pendant des mois que les hausses de charges entraineraient systématiquement « des licenciements et des faillites en cascade », comme aime à le répéter le MEDEF, on constate que la seule chose qu’elles savent faire : c’est l’augmentation de leur tarif et ce même sans modification des taxes actuelles. En effet, aucun plan visant à améliorer la productivité n’a été mis en œuvre au sein de l’entreprise qui obtient depuis des années de confortables bénéfices. Il y a une dizaine d’années, l’élu Alain Descombels s’étaient posé la question suivante : « Sommes-nous dans une économie de prédation au service de quelques-uns ? ». Même si, depuis lors, l’homme d’affaire a tourné casaque en devenant en tant que vice-président du syndicat des importateurs un farouche protecteur de ce système, sa question mérite encore d’être posée.