Ahou Philippe, paye ta Province !

Deux mois après la chute du gouvernement, le R-UMP fait une proposition pour que l’exécutif retrouve toutes ses prérogatives : il demande à Philippe Michel de lui échanger la présidence de la Province Sud contre celle du gouvernement. “Allez Philippe, fais tourner man…”

Harold Martin, Virginie Ruffenach, Simon Loueckhote et Georges Naturel étaient tous réunis ce dimanche autour de Thierry Santa afin d’annoncer la proposition du parti de Pierre Frogier pour « sortir de l’impasse institutionnelle ». La mine sévère, le Secrétaire Général du mouvement a surpris les quelques journalistes présents en déclarant accepter que Calédonie ensemble obtienne la présidence du gouvernement mais à la condition qu’ait lieu une sorte de troc institutionnel :

Nous accepterions donc que Calédonie Ensemble récupère la présidence du Gouvernement à laquelle le parti de Philippe Gomès semble tant attaché. Cependant, dans un esprit de partage des responsabilités, nous estimons légitime que la présidence de la Province Sud revienne au FPU/R-UMP afin de respecter les résultats des dernières élections

Rappelons que les résultats des dernières élections en Province Sud ont vu le parti des députés arriver en tête avec 36.44% des voix quand le RUMP/FPU en totalisait 20%. Le RUMP souhaite donc replacer Cynthia Ligeard à la tête de l’assemblée de la plus peuplée des trois provinces calédoniennes et faire un échange avec le gouvernement.

Le RUMP condamne une « situation anormale »

Peu après la démission des membres Calédonie ensemble du gouvernement, le RUMP/FPU déclarait que l’exécutif pouvait continuer sereinement la gestion des affaires courantes car « tous les budgets avaient été votés » et que le congrès pouvait se réunir normalement :

La Nouvelle-Calédonie peut avancer en l’état, pour une raison simple, c’est que tous les budgets ont été votés, que le 14e gouvernement, dont les membres ont été réélus, le 31 décembre dernier, sont les mêmes, donc, ils peuvent parfaitement travailler sur leurs secteurs respectifs (…) Le Congrès fonctionne, parce que c’est ça le plus important dans cette affaire, c’est que le Congrès fonctionne, on l’a encore vu, hier, toutes les délibérations ont été votées (…) donc, tout fonctionne (Grégoire Bernut le 9 janvier 2015 sur RRB)

Cependant après deux mois de « gestion des affaires courantes », hier, les responsables du parti du sénateur Frogier ont finalement changé d’avis en estimant lors d’une conférence de presse que le territoire se trouvait dans une « impasse institutionnelle » et que malgré ses efforts « pour faire fonctionner au mieux cette institution, c’est pour le Rassemblement-UMP/FPU une situation anormale ». Preuve que le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a aujourd’hui les mains liées et ne peut plus effectuer correctement ses missions ? C’est ce que soutient le RUMP qui déclare se retrouver face une « situation qui place notre territoire, dans une période d’instabilité préjudiciable à l’ensemble de ses habitants »

Yanno resterait, Philippe partirait et Cynthia reviendrait?

Qu’en serait-il de la présidence du congrès ? Gaël Yanno peut se rassurer, le RUMP/FPU déclare ne pas remettre « en cause l’attribution de la présidence du congrès au troisième partenaire, l’UCF ». De même, Thierry Santa estime que l’Etat, par la voix de la ministre des outremers, a « balayé d’un revers de main la possibilité d’un retour aux urnes », une proposition défendue par Calédonie ensemble après la chute du gouvernement afin de rebattre les cartes au travers d’un nouveau scrutin.

Reste que pour de nombreux observateurs de la vie politique calédonienne, cette proposition de troc – si elle apparait pour le moins « rigolote » à certains – ne semble pas à la hauteur des enjeux. Calédonie ensemble ayant obtenu le double du score électoral du RUMP dans le Sud, il n’y a quasiment aucune chance que le parti des députés prenne cette offre au sérieux, ce que les responsables du RUMP doivent d’ailleurs parfaitement bien imaginer. Mais alors, pourquoi émettre une telle proposition ?