La Chine vaut-elle le coup ?

L’économie chinoise n’est plus aussi dynamique. Depuis plusieurs mois, les indicateurs attestent d’une baisse générale de l’activité. Et c’est dans ce contexte que se pose la question des exportations du minerai calédonien vers l’Empire du Milieu…

Depuis que les rouleurs ont installé leurs camions sur la baie de la Moselle, la Chine est dans tous les esprits et apparait pour certains comme une sorte d’Eldorado. Mais le miracle chinois, qui a fait que cette nation communiste pure et dure a révolutionné l’économie mondiale en s’ouvrant largement à l’économie de marché, a pris du plomb dans l’aile. Ce 11 aout, le dernier indicateur en date montre une chute de la croissance chinoise de 10% à moins de 7% cette année, soit la plus faible performance de l’économie chinoise depuis 25 ans ! Et ça n’est qu’un indicateur supplémentaire qui montre la fragilité de l’ensemble. Il y a quelques semaines, la principale bourse chinoise, celle de Shanghai, s’est effondrée de 30%, relayant à grande ampleur l’inquiétude des investisseurs sur le fait que depuis le début de l’année, les exportations et les importations chutent. En juillet, les exportations ont baissé de 8,3%, sur le premier trimestre de cette année, les importations ont baissé de 17,6% et, selon les chiffres de mars, la production industrielle continuait à se tasser, ne progressant que de 5,6% sur un an. Pour relancer la machine, le président chinois Xi Jinping compte sur la relance intérieure à la fois en terme de consommation et de réalisation de grands projets d’infrastructure pour lesquels un plan de financement de 164 milliards de dollars va être lancé.

La Chine et le nickel

C’est donc vers une économie forte, mais pas invulnérable, que souhaiteraient se diriger aujourd’hui les mineurs calédoniens. Un souhait économiquement légitime, mais dont on se demande s’il n’intervient pas trop tard ou tout du moins, au mauvais moment. Parce que la Chine s’est constituée des stocks de nickel colossaux, on parle d’un an de stock, elle a une action déterminante sur les prix du marché et ces prix, rappelons-le, sont aujourd’hui extrêmement bas. Et les stocks chinois sont si importants, qu’en tout état de cause, Pékin pourrait se permettre de stopper ses importations de nickel. Ce n’est pas le cas et la Chine continue d’acheter du minerai philippin, moins cher que le Calédonien, notamment en raison du coût du fret. Un problème que soulignait d’ailleurs au colloque international sur le nickel de juillet 2013, Jim Lennon analyste du très réputé cabinet d’experts Macquarie

Selon moi, c’est une bonne chose d’exploiter du minerai de nickel qui n’est pas utilisé actuellement. Ce qui me pose problème, c’est le coût du transport de ce minerai depuis la Calédonie vers la Chine, ce sera assez coûteux d’expédier du minerai à faible teneur sur une distance aussi longue. (LNC 3 juillet 2013)

La conjoncture économique de la Chine, le contexte international du nickel, le coût du minerai calédonien, tout cela fait que si nos mineurs et nos rouleurs comptent beaucoup sur la Chine, la réciproque n’est pas vraie. Pour preuve, le fait qu’aucune négociation n’a encore été réellement engagée ni aucun contrat signé. Et ça ne le sera sans doute pas avant plusieurs mois au minimum.