Connect with us

Calédosphère

Actualité

Djiido et les milices anti-kanaks : plus c’est gros, mieux ça passe

Malgré l’absence de preuve ou d’un quelconque fait avéré, la radio indépendantiste a choisi de propager une rumeur qui a en ce moment la côte sur certains réseaux sociaux. En effet, selon Radio Djiido, la jeunesse kanake serait la cible des habitants des « quartiers sud de Nouméa » qui se seraient tous organisés pour faire appel à des « milices fascistes » pour « tabasser » puis « noyer » les « jeunes à capuche ». Attention, les débiles sont de sortie !

Chaque année il y a plus de cons sur terre mais cette année j’ai l’impression que les cons de l’année prochaine sont déjà là“. La vieille maxime populaire semble particulièrement appropriée s’agissant de l’attitude de la rédaction de radio Djiido-Kanaky quant à la propagation d’une rumeur dont les fondements semblent tout aussi débiles que dangereux. En effet, depuis plusieurs mois, des indépendantistes très actifs sur les réseaux sociaux propagent l’idée que des milices auraient été constituées afin de « tuer la jeunesse kanake »… Il faut dire que depuis le référendum de novembre 2018, et encore davantage depuis les élections provinciales, les causes derrière certains actes d’incivilités, de délinquances, ou même derrière des fugues de jeunes adolescents sont toutes trouvées pour des militants indépendantistes radicaux et très actifs sur le réseau social Facebook. Ces derniers expliquent sous pseudo que des groupes d’origine fasciste (sic) se sont constitués pour patrouiller dans les rues du Grand Nouméa dans l’objectif de tuer ce qui ressemble de près ou de loin à de jeunes kanaks « en capuche ». Or, jusqu’ici ces rumeurs étaient restées à l’état de fake news – puisque ceux qui les propageaient n’avaient pas le début d’une preuve à apporter aux internautes qui en demandent. Cela étant, la rédaction de la radio indépendantiste (financée par des fonds publics) a choisi de diffuser dans leur journal quotidien la rumeur telle quelle, en expliquant calmement que ces fameuses milices auraient déjà à leur actif « cinq morts » (dont on recherche encore l’identité).

Djiido pète encore un câble

Dans un reportage diffusé sur ses ondes depuis ce mercredi, RDK évoque ainsi « un fait de société » et une actualité « tonitruante, voire dérangeante ». Se faisant et pour prouver ses dires, la radio indépendantiste a donné la parole au vice-président de l’association Mouvement GR-Kanak afin d’évoquer ce « phénomène alarmant » de milices qui commettraient « des exactions dans les rues de Nouméa et qui viseraient directement la jeunesse kanake » :

« Par rapport au fascisme qui se développe là, dans le Pacifique, mais nous ici, avec les milices qu’on a vues ces derniers temps, qui ont été dénoncées (…) ces mecs sont là, on ne les voit pas, ils font comme si de rien n’était, mais les milices existent ici, dans le pays. Je pense qu’il ne faut pas minimiser. On parle du fascisme là-bas, mais chez nous aussi, ça existe, mais c’est tellement bien fait qu’on ne se rend pas compte (Truba Mapéri, 19 juin 2019 ; sources : RDK) »

En effet, ces milices sont tellement fortes que personne ne les a encore vu nulle part et que personne ne se rend compte de leurs ignobles actions. Mais selon Djiido, c’est comme les extraterrestres : elles sont bien là, parmi nous. D’ailleurs, depuis le début de l’année, selon radio Djiido, elles ont déjà tué plein de gens que malheureusement personne ne connait et qu’on n’a pas identifié (et pour cause) :

« Il ne faut pas oublier que cette année 2019, c’est le cinquième mort ici, dans le pays, ben voilà ce qu’ils font aussi, ils arrêtent des jeunes qui marchent avec les capuches sur la route (Truba Mapéri, 19 juin 2019 ; sources : RDK) »

Encore plus fort : tout ça serait très bien organisé et on connait même les coupables car ce seraient en effet les habitants de Nouméa… (qui sont décidément responsables de pleins de trucs en ce moment) L’expert de Radio Djiido expliquant que les nouméens des quartiers sud ont tous reçu dernièrement dans leur boite aux lettres le numéro de téléphone des milices (c’est pratique) afin que ces dernières puissent être appelées lorsqu’un jeune kanak marche dans leur rue… Et que devient alors le porteur de capuche ? Et bien selon l’expert, il serait d’abord encerclé, appréhendé, puis tabassé et enfin noyé puis jeté dans le lagon, le tout en 15-minutes-top-chrono-plus-rapide-que-SOS-Apéro :

« Les milices ont mis des numéros de téléphone dans les boîtes aux lettres de tous les habitants des quartiers Sud de Nouméa et ces personnes, dès qu’ils aperçoivent, par exemple, un jeune avec une capuche, ici, les jeunes qui mettent des capuches, c’est des Kanaks, il ne faut pas l’oublier, eh ben dans les 15 minutes qui suivent, une voiture ou deux voitures arrivent, ils encerclent le jeune, ils attrapent et après, ils l’emmènent tabasser quelque part, ils le font noyer dans l’eau et puis après, une fois qu’il est mort, ben ils vont balancer à Nouville là-bas. Et ça, on ne peut pas accepter ça dans le pays et c’est pour ça qu’il a raison de dire, c’est pas seulement en Papouasie Nouvelle-Guinée, même ici dans le pays (Truba MAPERIi, 19 juin 2019 ; sources : RDK) »

En déficit, Djiido se radicalise !

Pas la peine de longue enquête pour comprendre que ces ramassis d’inepties partagés jusque-là uniquement sur les réseaux sociaux par certains militants indépendantistes en mal de sensations fortes n’auraient jamais dû être évoqués par un média calédonien ayant pignon sur rue, si ce n’est pour rappeler les faits et seulement les faits. Or, la réalité est toute simple : aucun jeune kanak n’a été tué par une « milice » mais le résultat du référendum a accru les clivages entre les communautés vivant en Nouvelle-Calédonie. Suite à la montée du communautarisme – que le référendum a exacerbé – les rumeurs les plus folles (et les plus crétines) courent ainsi sur le net. Or, d’une part, Djiido est confrontée à une situation financière catastrophique (la radio est criblée de dettes que les subventions publiques ne suffisent plus à colmater) et d’autre part à des frictions avec les partis constituant le FLNKS, surtout le Palika, qui juge sa ligne éditoriale opposée au destin commun et donc contre-productive pour le camp indépendantiste, lequel souhaite ardemment améliorer son score lors du futur référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Arc-boutée sur une ligne extrêmement radicale, la rédaction de Djiido chercherait donc à créer un climat propice lui permettant d’obtenir davantage de subventions des collectivités gérées par le FLNKS. N’ayant pas obtenu de l’OPT l’annulation de sa dette à son endroit (Djiido doit plus de 60 millions à l’office des postes et télécommunication au titre du non-paiement de ses frais de diffusion), la radio se radicalise et a décidé de propager désormais des sujets sensationnels – mais ne reposant sur rien – qui pourraient lui permettre d’instiller la peur et l’inquiétude au sein du monde indépendantiste pour mieux faire appel à sa générosité par la suite… Quoi de mieux alors que ces rumeurs sur des « milices fascistes » et leurs prétendues actions « anti-kanak » ?

Reste que la radio qui se voulait à sa création « l’organe de propagande du FLNKS de Jean-Marie Tjibaou »  et un « outil de développement de la culture kanake » se complait désormais dans les bas-fonds de la désinformation. Une affaire qui ne serait pas si grave si ces messages de haine et les journalistes en question qui les diffusent n’étaient pas payés par de l’argent public et donc par les contribuables calédoniens.

Afficher la suite
Hubert B

Hubert B. a rejoint Calédosphère au tout début de l’année 2015. Enfant du pays, il a grandi à Nouméa et a ensuite bourlingué durant près de vingt ans au gré de ses envies et des hasards de la vie. Fils d’une bibliothécaire/documentaliste, il a été tour à tour enseignant, pigiste, formateur mais c’est finalement vers l’écriture qu’il a choisi de revenir. Succinct, précis, parfois laconique, si son style est volontiers direct, ses intérêts sont éclectiques et toujours tournés vers l’actualité. Sa citation favorite : « Le journaliste doit avoir le talent de ne parler que de celui des autres »

0 0 voter
Évaluation de l'article
guest
217 Commentaires
plus récents
plus anciens plus de votes
Inline Feedbacks
View all comments
JFG
JFG
22 septembre 2019 13:04

Quel dommage que LA milice ne soit pas intervenue hier samedi pour faire cesser l opération escargot menée par une bande de crétins sous développés. La au moins, ça aurait eu de la gueule????????.
Allons enfants de la patrie, iiii, e, etc. etc.????

ASHLEY VERGER
ASHLEY VERGER
30 août 2019 14:41

Bonjour moi j’ai des amie qui se sont fait attaquer au mont dore plus vers la coulée une voiture c’est arêter a coté deux et leur a demande ou il y aller , il étais 5h00 du matin le chef de bor est sortie avec une batte de besbol et a donner un coup sur la tête de mon amie et ses pa relever c’est une femme qui la trouvais komme elle se trouvais pas très loin environ 50 m plu loin et vous voulez dire que se n’est pas vrai bourez vous maintenant il y a des légionnaire partout… Lire la suite »

Clarkounet.... Gaybeuloïde
Clark
Répondre à   ASHLEY VERGER
23 septembre 2019 10:43

Même écrit avec ses pieds, un mensonge reste un mensonge…

Nogius
Nogius
Répondre à   Clark
23 septembre 2019 16:15

Hein ? Elle a écrit avec ses pieds ! Quel talent !

JFG
JFG
Répondre à   ASHLEY VERGER
23 septembre 2019 14:39

Cherche pas @Ashley, vers La Coulée, c est encore un coup de ces gros branleurs de St Louis!

Nogius
Nogius
30 juillet 2019 20:15

Radio Djiido qui est si bien informée pourrait nous dire que l’individu qui utilisait une hache pour braquer station et bureau de poste est kanak, nous dire si l’abruti qui a violenté une conductrice de bus avec une arme à feu est kanak, et si les nuisibles qui ont mis le feu à la cantine de l’école de Paita sont kanaks ?

.ditou
.ditou
15 juillet 2019 20:18

https://www.lnc.nc/breve/rassemblement-des-femmes-en-colere-devant-le-tribunal
Juste une chose, regardez la photo, au dessus du groupe de femmes, on trouve un sens interdit. Comme c’est dur. L’image parle d’elle même.
Le destin persiste encore, après un non lieu au tribunal.
Petit rassemblement. Pas de quoi inquiété le palais de justice.

pigeon bleu
pigeon bleu
14 juillet 2019 08:27

les seuls milices que l’on a vu c’est à ouvéa…..
si partout les gens faisaient des commandos pour régler les problèmes ça serait invivable …..commandos dans les quartires pour assurer la sécurité…pour les réglements de tous les conflits …sans parler pour écouter les differents partis …ça serait invivable …

Nogius
Nogius
13 juillet 2019 11:49

Où en est le décompte des disparus ? Depuis on a du arriver au moins à 10 là ?

Allô radio mytho ? Des news ?

XXX
XXX
10 juillet 2019 20:06

Dans la répartition des secteurs, il me semble que c’est la première fois que les secteurs en charge de la “jeunesse en mal d’insertion” sont assumés par les indépendantistes :

– La Protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse (enfance en danger et mineurs délinquants) : Didier Poidyaliwane,

– Le Suivi du plan territorial de sécurité et de prévention de a délinquance : Jean Pierre Djaïwe,

– Le Service civique : Valentine Eurisouke.

Qu’en sera-t-il du centre éducatif fermé si cher à l’Avenir en Confiance ?

nominoé celte
nominoé celte
Répondre à   XXX
10 juillet 2019 22:38

@ XXX, Dans la perspective du chancelant “destin commun” cela n’est peut être pas plus mal… Un plan Marshall pour la jeunesse kanak? J’ai relu attentivement ces derniers temps les post(s) et publications de Mister Eric sur ce sujet. Le problème soulevé est fondamentalement la clef le l’avenir de la NC. Le problème est réel, avec ou sans capuches. Je pensais aux “Bezprizorni” ( “coeurs sauvages”) décrits dans les années 1930 dans l’ancienne Union Soviétique : enfants perdus, sans famille, sans repères, sans avenir et enragés. Il est grand temps que les aînés kanaks prennent le taureau par les cornes.… Lire la suite »

Voir plus dans Actualité

Top du moment

Commentaires récents

To Top