Les indépendantistes veulent profiter de la crise pour faire reporter le référendum

Le nombre de décès et de cas se multiplie, la Nouvelle-Calédonie connait les affres et la tragédie de la Covid, épargnée qu’elle avait été de la pandémie pendant de très longs mois. La lutte est engagée grâce à la mobilisation, l’engagement et l’organisation des soignants, pendant que le monde politique bruisse de rumeurs au sujet du référendum.

 « Nous décidons de prendre cette initiative politique, écrivent-ils notamment, pour donner une chance à la Nouvelle-Calédonie de sortir de l’impasse et de l’immobilisme dans laquelle elle s’est installée. » C’est sur ce prétexte que l’UNI et l’UC ont fait chuter le gouvernement le 2 février dernier. Les indépendantistes ne croyaient pas si bien dire, car en matière d’impasse et d’immobilisme la Nouvelle-Calédonie a été servie depuis que Louis Mapou a été élu président que le 8 juillet dernier. Aucun dossier n’avance, et dans cette crise Covid Louis Mapou, Yannick Slamet et les autres semblent totalement démunis et impuissants.

Un report du référendum ?

Depuis le déclenchement du dossier de l’usine du Sud et jusqu’à l’accumulation des morts du Covid, rien ne fonctionne pour les indépendantistes qui sablaient pourtant le champagne lorsqu’ils se sont emparés des rênes du pouvoir au gouvernement puis au congrès. A cette incapacité criante s’ajoute le fait que depuis le 6 septembre dernier, la France se tient de manière permanente et massive aux côtés de la Nouvelle-Calédonie face à la crise Covid, en apportant son soutien sanitaire et en déployant ses dispositifs d’aide économique et financière. Et il est évident à un grand nombre de Calédoniens de toutes ethnies, qu’en étant indépendante, la Nouvelle-Calédonie ne pourrait pas faire face. Voilà pourquoi, certains responsables indépendantistes notamment au gouvernement, estiment que les probabilités d’une victoire du OUI le 12 décembre prochain s’amenuisent de jour en jour. Aussi songent-ils à demander un report du 3^ème et dernier référendum à 2022. « Le report du référendum n’est pas discuté, mais on y songe, a déclaré Roch Wamytan complaisamment interrogé par Nadine Goapana au JT de NC 1^ère du 19 septembre. Il va falloir à un moment donné nous mettre autour de la table pour en discuter. » C’est parce que les indépendantistes ont mis le sujet sur la table que des voix se sont déjà élevées pour rappeler les exigences du moment. Ainsi, interrogé à ce sujet le 13 septembre dernier par RRB, le Haut-Commissaire a été très clair : « aujourd’hui, a déclaré Patrice Faure, il n’y a pas lieu de considérer que ce référendum sera repoussé, reporté ou pas, la priorité des priorités, c’est de tout mettre en œuvre pour enrayer la diffusion de ce virus et faire en sorte que la Calédonie puisse vivre et reprendre une vie à peu près normale rapidement. » En écho aux propos du Haussaire, la présidente de la province Sud a également pris les devants, « j‘entends certaines voix indépendantistes qui disent qu’il faut reporter le référendum, a déclaré Sonia Backes sur Océane FM le 17 septembre. Aujourd’hui, notre objectif est de limiter les dégâts de cette épidémie. On aura le temps de reparler de ça. »

Après la manœuvre pour faire élire Wamytan au gouvernement, l’aide du Rassemblement pour obtenir un report ?

Il est évident aux yeux de tout le monde que la priorité de l’heure est la lutte contre l’épidémie qui provoque douleur et tristesse dans de nombreuses familles. Mais les indépendantistes ne renoncent pas à leur idée de former une requête demandant le report de la consultation. Et voilà qu’ils viennent de recevoir le soutien implicite du Rassemblement ! En effet, invité de Transparence sur RRB ce 17 septembre, Thierry Santa, à son tour, a réclamé un report : « la Calédonie ne peut pas vivre hors du monde, déclare le président du Rassemblement, et la Calédonie ne peut pas vivre seule dans le monde. À partir de ces constats, a-­t-­on besoin d’un 3^ème référendum qui n’apportera pas de réponse aux deux constats que je viens de soulever. A-­t-­on besoin de faire un 3^ème  référendum ? Prenons acte de cette situation, de cette réalité, de ces constats, et ensemble, envisageons l’avenir sur la base de ces deux constats. » Les positions des indépendantistes comme du Rassemblement n’ont en définitive aujourd’hui aucun fondement juridique ou politique. Ce fondement serait-il sanitaire alors ? Trois mois nous séparent du jour du vote et l’on peut estimer qu’à cette date, l’épidémie sera depuis longtemps derrière nous. Alors ? Qu’est-ce qui justifie qu’autour d’une question qui n’a pas lieu d’être posée, se reforme une sorte de coalition à l’instar de celle qui, par la candidature imposée de Virginie Ruffenach a permis l’élection de Wamytan au Congrès ? Dans ce contexte la visite prochaine du ministre des Outremer sera déterminante, « Sébastien Lecornu vient avec l’objectif de continuer à préparer cette consultation, souligne ainsi Sonia Backès, il faut le laisser arriver, et je crois qu’il ne faut pas que les uns et les autres prennent les devants sur un positionnement, ou que les indépendantistes commencent à se servir de cette crise pour demander un report qu’ils avaient déjà demandé. »