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Calédosphère

LES CHRONIQUES DE CATON

Abel dans la Karikate

La capacité d’une société à survivre se mesure à la manière dont elle gère les phénomènes de violence qu’elle engendre. Le meurtre de Daniel Monteiro comme l’agression de la rue Driant désemparent la société calédonienne épargnée jusqu’alors par les faits-divers sordides et sanglants qui font les manchettes quotidiennes des pays développés. Notre société vivait jusqu’alors confiante en le discours officiel du personnel judiciaire qui soulignait à l’envi l’exception calédonienne vis-à-vis de la délinquance la plus violente. Quoi que l’on puisse en penser et s’en désespérer, nous avons changé d’ère.

Nous souffrons d’un mal nouveau auquel nous n’étions pas préparés. Il nous fait entrer dans une modernité dangereuse en ce qu’elle contient les germes d’une révolution avec son champ de terreur et sa barbarie. La société calédonienne vivait jusqu’à ces derniers jours, sur la croyance que ses fondements tenaient toujours bon face aux tempêtes. Or, plus rien n’est solide, car plus rien n’a de réalité… L’école n’inculque plus le respect ni ne définit plus l’autorité, la coutume n’apparait plus ni comme une référence ni comme un repère, la famille et ses formes multiples, défaille et n’offre plus d’exemples… La jeunesse, toute la jeunesse, parle aujourd’hui une autre langue que nous et manie des concepts sur lesquels nous n’avons plus prise. La jeunesse est en lien avec ce monde que nous avions contenu jusqu’à présent aux abords du lagon, mais comme un requin-tigre venu de loin, ce monde a franchi la passe. Cette modernité dont nous ne sommes pas méfiés, ça n’est pas juste celle du Net, de Facebook ou des jeux en ligne. C’est celle qui, ayant démoli tout ce qui pouvait être des remparts face à l’innommable, conduit des mômes bardés d’explosifs à se faire sauter la tronche dans les souks d’Alep. Nous n’en sommes pas encore là, diront certains souhaitant se rassurer sans doute. Il n’empêche, le meurtre de Daniel Monteiro en ce qu’il a d’unique et de sauvage, trace des perspectives inquiétantes.

Car cette jeunesse qui finalement n’a plus guère d’idéaux et ne se conçoit qu’un avenir incertain, n’a plus les repères moraux nécessaires pour craindre les foudres des parents, de l’école, de la coutume, de la religion, de la justice ou de la police. Cette jeunesse ne craint plus rien ni personne, d’autant que la société à laquelle elle fait peur et ne sait plus quoi lui dire, s’empresse de lui trouver prétextes et excuses pour n’avoir pas à lui demander des comptes. Qu’on se le dise : nous n’avons pas les armes pour faire face, parce que l’on ne sait quoi répondre à cette jeunesse dont on ne comprend un traitre mot à ses questionnements.

Mais voilà, il faut nous convaincre que la Nouvelle-Calédonie a changé et que celle d’antan à laquelle nous nous raccrochions encore disparaît peu à peu. Avec un peu de chance, nous parviendrons à limiter les dégâts… Un espoir ? Oui, celui que le meurtre de Daniel Monteiro ici en Nouvelle-Calédonie, tel celui d’Abel, puisse nous conduire à une prise de conscience.

Caton

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CATON

Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"

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apox
apox
5 août 2015 08:51

A tous, ce que dit “lulu” est à méditer!

apox
apox
5 août 2015 08:50

Je ne crois pas que nos responsables politiques soient à la hauteur pour tenter de juguler ce sentiment d’insécurité croissant, surtout après les 2 dernières “affaires” sordides. Les citoyens ont peur, certes, mais eux, les responsables, sont totalement dépassés! Advienne que pourra!

ENI ANA
ENI ANA
4 août 2015 22:27

Il ne faut pas se voilà la face. La jeunesse dont il est question, celle “qui n’a plus les repères moraux nécessaires pour craindre les foudres des parents, de l’école, de la coutume, de la religion, de la justice ou de la police”, il s’agit de la jeunesse kanak, d’une partie de cette jeunesse kanak.

Lidell
Lidell
3 août 2015 18:22

” on ne sait quoi répondre à cette jeunesse dont on ne comprend un traitre mot à ses questionnements ”
Eh bien, pourquoi ne profitez-vous pas de cet espace pour lancer un débat au lieu de hurler avec les loups ? Écrire un article pour simplement dire qu’on ne comprend pas, c’est un peu léger quand on a des prétentions socio-journalistiques. Et puis, soignez votre style aussi, la phrase citée laisse à désirer.

Inforétif
Inforétif
Répondre à   Lidell
4 août 2015 09:03

“Eh bien, pourquoi ne profitez-vous pas de cet espace pour lancer un débat au lieu de hurler avec les loups ? ”
Mais justement Caton lance ce débat, et de manière totalement ouverte, de quoi vous plaignez-vous ?
On vous écoute.

jacques morent
jacques morent
3 août 2015 11:06

La capacité d’une société à survivre se mesure à la manière dont elle gère les phénomènes de violence qu’elle engendre….c’est ce qu’en d’autres termes le président Obama faisait remarquer lors d’une interview récente à la BBC .En soulignant que depuis les attentats du 11 septembre une centaine de civils américains étaient morts dans des attaques “terroristes” , dans le même temps des dizaines de milliers d’américains sont tombés sous les balles de leur propres compatriotes . Lui l’homme, supposément, le plus puissant du monde avouait avoir échoué à empêcher ces tueries . L’incroyable violence qui a entraîné le meurtre épouvantable… Lire la suite »

Lulu
Lulu
3 août 2015 10:59

Nous attendons toujours les déclarations de la ligue des droits de l’homme, les condamnations des coutumiers et des élus kanaks prompts d’habitude à instrumentaliser tout ce qui peut favoriser l’IKS. Je n’ose même pas imaginer ce qui ce serait passé si un blanc avait commis de tels actes de barbaries dont la liste est longue depuis des années, ce serait la guerre! Mettons un nom sur ces actes; c’est du racisme ce n’est pas le fait de “détraqués”, ne mélangeons pas la tragédie du viol et du meurtre d’enfant commis il y a quelques années avec ceux-là, ce sont des… Lire la suite »

X
X
Répondre à   Lulu
3 août 2015 13:04

Excusez-moi, mais je ne trouve pas très malin de mettre tout le monde dans le même sac en montrant du doigt une ethnie: tous les Kanaks, pour dire le mot, ne sont pas des racailles et toutes les racailles ne sont pas kanakes, même si on en trouve beaucoup il est vrai! Pourquoi? “Formation dès le berceau d’une armée” comme vous dites? Mais alors, pourquoi si peu de victimes, vu l’armée formée selon vous, depuis le temps? Non, ces tueurs sont des détraqués, même s’ils ne sont pas reconnus comme tels par un psy. Parce qu’il faut être détraqué pour… Lire la suite »

Rigoberto
Rigoberto
3 août 2015 10:39

“Car cette jeunesse qui finalement n’a plus guère d’idéaux et ne se conçoit qu’un avenir incertain, n’a plus les repères moraux nécessaires pour craindre les foudres des parents, de l’école, de la coutume, de la religion, de la justice ou de la police. ”
Rigo : il y en a qui ne sont plus jeunes depuis longtemps et qui passent leur temps sur ce blog à piétiner et insulter l’autorité (Haussaire, police, justice) tout en se plaignant du manque de respect des jeunes vis à vis de cette même autorité.
Vous êtes tous responsables.

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