Chroniqueurs
TOUT VIENT A POINT
La machine à rêves de l’accord de Nouméa est en train d’exploser. Et ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle.
Les études en cours au gouvernement, transmises aux partenaires sociaux dernièrement, montrent des chiffres qui sonnent comme un requiem. Une sorte de bilan de l’accord, finalement, mais non censuré : la Calédonie a fait exploser sa dépense publique depuis l’accord de Nouméa, littéralement, puisqu’elle a plus que doublé. Nous n’avons jamais eu une croissance économique à la hauteur de cet effort financier, même les bonnes années, même avec le nickel, donc nous dépensons ce que nous n’avons pas depuis le début. Selon les chiffres du gouvernement, si nous continuons simplement sur notre lancée, dans 3 ans il manquera 100 milliards dans les caisses. Franchement ? Ce chiffre est insurmontable.
La dépense publique représente déjà aujourd’hui 54% du produit intérieur brut, ce qui implique que le Trésor public et la CAFAT absorbent plus de la moitié de ce que nous gagnons. Les élus sont en train de réaliser que tous les nouveaux impôts en préparation ne suffiront pas à nous sortir de l’ornière, pas plus que la croissance future, qui paraissait déjà bien incertaine avant même d’être étouffée sous la nouvelle charge fiscale en préparation.
Et pour aider tout le monde à se réveiller, le cours du nickel plonge et saigne le secteur depuis plus de deux ans. Quand on pense que certains « experts » voient dans le nickel le moyen de financer la « souveraineté » ! Comment financer le moindre iota de souveraineté quand les cours sont bas, ce qui s’est toujours produit dans l’histoire ? Et plus on investira dans le nickel, plus ces bas de cycles seront destructeurs pour la Calédonie. Notre stratégie nickel, si elle avait pour but d’assurer un avenir meilleur au pays, devrait s’appuyer sur ces constats. Il s’agirait d’épargner en haut de cycle et de limiter les investissements dans le nickel pour ne pas risquer l’effondrement pendant les bas de cycle. Mais la stratégie qu’on cherche à nous vendre en mode subliminal, ou plutôt la « doctrine » comme l’appellent les souverainistes, n’a pour but que d’apporter un signe visible de réussite : 2018 approche, il faut montrer qu’on assure pour gagner des voix. Et du coup on prend l’exact contrepied du simple bon sens : on investit massivement dans le nickel et on dépense immédiatement tout ce qu’on en retire – quand on en retire quelque chose.
Mais comment avons-nous pu être aussi aveugles, collectivement ? En fait, si on ne veut pas voir, on ne voit pas, tout simplement. Des philosophes aux médecins, cette étrange disposition de notre conscience est amplement étayée. « L’idée claire n’est présente qu’à l’esprit attentif », comme l’écrivait Paul Ricœur. Notre faculté de refuser l’évidence tourne à plein régime depuis l’accord de Nouméa et a atteint son paroxysme récemment avec le souverainisme affiché par certains.
Mais si rien n’est fait d’extraordinairement structurel et profond, le ciel va nous tomber sur la tête avant le référendum. Et nos esprits seront poussés par la force de l’actualité à devenir enfin attentifs. Bon courage alors aux hypnotiseurs de tous bords pour faire avaler à la population que nous pouvons assurer notre souveraineté économique ou l’indépendance.
Parce qu’on va devoir travailler plus pour gagner moins (à cause de la nouvelle fiscalité), fermer les vannes des services publiques, dérembourser des soins, et aller demander l’aumône dans les banques, en Métropole et en Chine pour continuer à dissimuler l’évidence. L’évidence qu’on ne peut pas continuer à faire semblant qu’un territoire grand comme le 15e arrondissement de Paris peut avoir trente-trois communes, trois provinces dont deux subventionnées par une seule, un gouvernement central, une assemblée délibérante, un sénat coutumier, un conseil économique et social, une compagnie aérienne domestique, une compagnie aérienne internationale, une université, un monopole téléphonique légal, des monopoles réglementaires pour les copains des politiques, une caisse de santé, de retraite, de chômage et de protection sociale, une compagnie d’électricité, des usines de nickel délocalisées alimentées par des mines en déficit… et tout payer avec le nickel.
Il n’y-a pas de quoi se réjouir dans tout cela. Mais un processus a débuté qui va faire apparaître l’évidence au grand jour. Alors finalement chacun pourra aller voter en toute connaissance de cause en octobre 2018, parce que « l’éclairage » promis, on va se le recevoir en pleine figure dans les trois prochaines années.
Mais cela va nous réveiller et nous aider à nous recadrer, et on pourra ensuite repartir du bon pied. Parce que ce constat, si pessimiste soit-il, ne doit pas nous faire oublier que la Calédonie est un pays jeune, où les gens entreprennent et savent travailler. Avec un système institutionnel cohérent et une cohésion retrouvée, même dans la douleur d’une période économique difficile, nous saurons avancer.
Magellan
“nous saurons avancer” ? pas avec des pessimistes qui ne peuvent étayer leur affirmation qu’avec des extrapolations digne d’un roman noir. La vérité ? C’est d’admettre que l’on vit dans une société à 2 vitesses avec d’un côté les pessimistes (non pas parce qu’ils ont perdus les élections mais parce que leur raisonnement est fruit d’une extrapolation à la “Alfred Hitchcock”) toujours là pour critiquer et les Réalistes qui font tout pour mettre en place une politique claire, transparente et juste. après des années d’injustices issues du néo-colonialisme… j’en passe et des meilleurs. C’est maintenant qu’on se réveille Magellan ?… Lire la suite »
“Mais comment avons-nous pu être aussi aveugles, collectivement ?”
Beaucoup n’ont pas été aveugle, on ne les a pas écouté tout simplement. La politique de l’autruche est une véritable institution et on n’a pas,toujours pas compris le sens du bulletin de vote. Si nous ne sommes pas d’accord allons voter blanc et non pas contre quelqu’un. Quand le nombre de bulletins blancs augmentera de façon conséquente, peut-être, aurons nous la chance d’être entendu.
La France a peut-être selon certains des responsabilités dans la situation actuelle, mais il ne faut pas se voiler la face, les vrais responsables de la situation quoiqu’on en dise ce sont tous les politiques (de tout bord) qui ont été élus par nous même et qui ont été opportunistes, qui ont profité de ce statut (actuel) qui ont travaillé que pour leur paroisse! Et nous les citoyens, dans la poussière! Et eux ont utilisé le statut “pour eux même” c’est à dire un statut dans dans lequel ils ont et auront les “mains libres”. Et c’est pour cela qu’ils… Lire la suite »
Le salut viendra peut être de la France qui semble sortir du marasme économique, baisse du chômage, prévisions de croissance pour 2015 à 1,5 %, 2016 à 1,8 % et 2017 à 2%.
Mouarffff, mouarffff, la France qui sort de marasme économique…???!!! Baisse du chômage, prévision de croissance pour 2015, 2016 et 2017…!!! Ah ah ah ah ah… J’en ai les larmes aux yeux tellement je rigole… Et en plus venant de toi s’en presque jouissif !!! Non mais sans rire on se moque de qui là…??? Y a pas de basse du chômage mon pauvre amis t’as vu çà ou… Quand à la croissance ce n’est qu’une prévision et quand on connait la réalité des chiffres et de ce qui reste des prévisions on a de quoi avoir de sacrées crise de… Lire la suite »
Question stupide :
Grâce aux ADN, de combien les fortunes locales se sont-elles augmentées en 16 ans ?
(défisc, “optimisation”, prévarication, faillites douteuses, copinage, monop…)
[… et ceci tous partis confondus, évidemment ! ]
Je me souviens qu’aux élections municipales, lors du débat télévisé des candidats aux Iles Loyautés… un des problèmes soulevés était de commencer à faire payer l’eau pour démontrer la volonté des loyaltiens à se prendre en charge et prouver leur capacité à vivre l’indépendance. Peut-être serait-il temps de faire payer les 92% des dépenses de la PI réglés principalement par la France et la PS.
@ChauchatM / Ce serait donc la faute de la France si nous dépensons trop ? Vous me faîtes penser à une personne accusée de parricide et qui demande l’indulgence des jurés parce qu’elle est …. orpheline.