Ah le crétin !

Il est beau le nouveau leader de la droite rénovée ! Pris la main dans le sac, Laurent Wauquiez cherche désespérément à se dépêtrer du piège dans lequel il est lui seul tombé, à savoir d’atténuer, si c’est possible, l’effet désastreux des déclarations auxquelles il s’est livré devant des étudiants de Lyon. C’est sûr que c’est pas bien malin de s’être laissé allé comme ça, à délivrer une parole tonitruante, pensant benoitement que personne n’en saurait jamais rien. Après avoir mis en charpie Sarkozy, Macron, Darmanin Merkel dans des termes de café du commerce, le nouveau président des Républicains tente une contre-attaque en menaçant de porter plainte. Mais la polémique ne tient pas au fait qu’il ait été enregistré à l’insu de son plein gré, mais bien qu’un responsable politique estimant être en capacité de briguer la fonction suprême, soit capable d’exprimer de cette manière une pensée avec si peu de hauteur de vue et de dignité. En 60 ans, la droite française est passée de de Gaulle à Wauquiez, c’est à pleurer. Il n’est pas certain que l’image de Laurent Wauquiez, assez mal notée d’ailleurs dans les sondages, gagne en crédibilité et en poids. Il faut donc s’interroger sur ce que veut dire le président des Républicains, car, que se cache-t-il derrière ces propos ?

Certains ne s’y sont pas trompé qui ont dénoncé aussitôt la stratégie mise en place par Laurent Wauquiez, qui se veut l’instigateur d’un nouveau style dans la vie politique française. Ainsi Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-Seine, pour qui la stratégie de Wauquiez est : « D’aboyer en permanence, de sauter à la gorge, de démolir l’autre, c’est une stratégie électorale, il ne faut pas s’y tromper (…/…). C’est du Trump, c’est pire que Trump. Certains veulent « trumpiser » la vie politique française ». La stratégie électorale de Laurent Wauquiez, tout le monde la connaît, elle a d’ailleurs conduit un certain nombre de responsables de droite à quitter le mouvement, ainsi Alain Juppé, Valérie Pecresse, Xavier Bertrand, Dominique Bussereau, est d’aller moissonner dans l’électorat du Front National. Avec Wauquiez, la droite n’est plus décomplexée, elle se veut aux limes de l’extrême.

Il ne faut pas s’imaginer que la stratégie poursuivie par Wauquiez soit sans incidence sur nous, territoire où le vote Le Pen à la présidentielle de l’an passé a été pour le moins significatif. Il n’est pas impossible que l’effet Wauquiez marche à fond dans les quartiers Sud, porté par des partis de droite qui, se référant aux Républicains, se sentent pousser des ailes et n’envisagent plus aussi fermement de vouloir nourrir un dialogue approfondi avec les indépendantistes. On sent bien d’ailleurs, à entendre les uns et les autres, que le recroquevillement sur le pré-carré tricolore devient une constante. Evidemment, le fait que Laurent Wauquiez ait dénoncé les agissements de Nicolas Sarkozy alors président de la République, ne vont peut-être pas bien passer chez les Calédoniens pour lesquels, l’ancien Chef de l’État demeure la référence ultime. Certains auront peut-être des maux de tête, mais si c’est le prix à payer pour s’offrir le luxe de revendiquer la victoire au référendum d’octobre dans la perspective des provinciales de l’an prochain, alors qu’importe !

Caton