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Chroniqueurs

La France se meurt

Tout le monde est content, l’hiver est doux, mais c’est bien le seul signe de joie dans un pays en désespérance. Quand on leur parle de la Nouvelle-Calédonie, le regard des Français s’allume un peu et l’on voit dans leurs yeux passer les images de plages, de soleil et de cocotier, et puis ça s’arrête là. Derrière le voile qui s’abat bientôt sur eux se dessinent le chômage, les attentats, les Arabes, Calais, les migrants, l’insécurité, les musulmans, les licenciements… Ils se moquent du bouquin de Sarkozy, crachent sur l’Europe, se réjouissent du départ de Taubira, trouvent qu’il n’y a rien à attendre de Hollande… Tous constatent le communautarisme dans lequel le pays s’enfonce… Tout le monde manifeste dans une indifférence générale, agriculteurs, taxis, enseignants, tant les manifestations sont quotidiennes et le gouvernement impuissant… Et il convient d’ajouter à cette litanie triste, l’état d’urgence qui fait qu’au moindre doute, des militaires en armes évacuent les magasins et les terminaux d’aéroport… On s’étonne presque à les entendre, et tant la révolte gronde, que Le Pen ne fasse que 40% ! Dans un éditorial du Monde du 15 mars 1968, Pierre Viansson-Ponté écrivait « Quand la France s’ennuie », mais aujourd’hui la France se meurt.

Que ne prenons-nous pas en compte cette réalité, nous qui vivons finalement encore un peu dans des espaces préservés ! La Calédonie qui, malgré tout, répond encore aux canons baudelairiens qui voyait en nous et en d’autres : « une île paresseuse où la nature donne/des arbres singuliers et des fruits savoureux ». Cette image d’Épinal sur laquelle nous misons pour booster le tourisme, vient à nous desservir lorsqu’elle se confronte aux brumes et la mélasse dans lesquelles survivent les Français. Ça n’étonnera personne dès lors, que le Comité des signataires ne fasse l’objet que de quelques lignes dans quelques journaux et encore. La France et les Français ont d’autres chats à fouetter que de s’intéresser au sort institutionnel d’un confetti de l’empire. De toute manière, la Nouvelle-Calédonie personne ne sait où c’est, ni même que c’est la France et pire encore, s’ils savaient le montant des transferts financiers de la France à la Calédonie, même s’ils diminuent, les Français s’étoufferaient !

Nous devrions prendre garde au fossé qui se creuse entre l’idée que l’on entretient, par méconnaissance du pays réel, de la France mère patrie et la situation économique, sociale et sociétale dans laquelle elle se débat. À l’Ouest du nouveau, et le salut ne viendra peut-être pas de là. Assurément, la Nouvelle-Calédonie va devoir se prendre en main, c’est-à-dire ne compter que sur elle-même pour faire face aux difficultés auxquelles elle sera soumise. Les caisses sont vides en France, et le cœur n’y est plus, plus assez en tous cas pour que les Français se mobilisent autour de notre cas. Il ne faudrait donc pas se bercer d’illusions sur le regard, mais aussi les a priori, qu’a désormais la France sur ce que nous devenons. Paris finalement ne souhaite qu’une chose : que la Nouvelle-Calédonie ne devienne pas un problème qui viendrait s’ajouter à la longue liste de toux ceux qui se posent à la France et qu’elle est bien en peine de résoudre.

Captain Cap

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jacques morent
jacques morent
30 janvier 2016 20:49

faut prendre vos cachets mon gars..c’est pas bon d’arrêter son traitement !

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